GP Racing

JEAN-LOUIS TOURNADRE JOHANN ZARCO LA RANÇON DE LA GLOIRE

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

Quête ultime pour tout pilote de Grands Prix, un titre de champion du monde peut servir de tremplin, mais aussi devenir une impasse, voire se transforme­r en piège si l’après n’est pas bien préparé. Couronné trente-trois ans avant Johann Zarco (à d.), Jean-Louis Tournadre (à g.) en sait quelque chose...

L’ an dernier, Johann Zarco a décroché la lune. Avec 8 victoires et 352 points inscrits, l’Avignonnai­s n’a laissé que des miettes à ses adversaire­s, concluant ainsi sa quatrième saison en Moto2 avec le titre de champion du monde. L’aboutissem­ent d’un long chemin et la récompense d’années d’efforts et de sacrifi ces. Courtisé par le team Aspar, approché par l’équipe Pramac, Johann aurait pu débuter cette saison en MotoGP. Il a préféré remettre son titre en jeu pour essayer de devenir le premier double champion du monde de l’histoire du Moto2. Un challenge que Tito Rabat n’a pas su mener à bien en 2015. « J’aimerais réussir ce que Pedrosa et Lorenzo ont fait avant de passer en MotoGP » , expliquait le Français à l’automne dernier pour justifi er son choix. Pour mémoire, les deux Espagnols sont les derniers pilotes à avoir enchaîné deux titres dans la classe intermédia­ire des Grands Prix. Six mois plus tard, Johann Zarco est confronté à la diffi culté de ce défi . « Remporter un titre est plus facile que de le conserver » , aimait à dire Mick Doohan. Le quintuple champion du monde 500 en avait pourtant sacrément bavé pour obtenir sa première couronne en 1994. « C’est aussi pour l’idée de ce nouveau challenge que j’ai décidé de rester en Moto2 » , assure Zarco. Un challenge plus compliqué qu’il n’en a l’air lorsqu’on a dominé son sujet comme Johann l’a fait l’an dernier. « Quand tu as le trophée et les victoires, il y a une espèce de confort qui s’installe, constate le Français. Il faut retrouver la rage de vaincre. Je l’ai touché du doigt quand on a attaqué les tests en février. À Valence puis à Jerez, il y a eu du bon et du moins bon. C’est en me retrouvant face à la contre- performanc­e que j’ai pris conscience que plein de choses peuvent se produire et rendre la quête d’un nouveau titre plus diffi cile. Quand tu fais de moins bons chronos, les sensations ne sont plus les mêmes... Le pire alors, c’est de s’énerver et d’insister dans la mauvaise direction. Il faut savoir transforme­r les moments de doute en rage et en déterminat­ion pour retrouver le chemin du succès. »

« CE QUE TU AS TANT DÉSIRÉ EST TOUJOURS LÀ »

L’an dernier, Johann avait tout réuni après trois saisons à tâtonner d’une équipe à l’autre. En retrouvant la structure d’Aki Ajo avec laquelle il avait terminé vice- champion du monde 125 en 2011, et en récupérant un cadre Kalex faisant désormais référence en Moto2, le protégé de Laurent Fellon s’est vu pousser des ailes. Aujourd’hui dans le confort, il ne doit surtout pas oublier par où il est passé. « C’est là qu’il faut être intelligen­t. Il faut garder à l’esprit que ce que tu as tant désiré est toujours là. Il faut donc continuer à le savourer et à en profi ter. Et ne pas chercher des problèmes là où il n’y en a pas. C’est à mon avis là que doit se trouver la force d’un champion. » L’histoire de Jean- Louis Tournadre est tout autre. Après le sacre de Patrick Pons en 1979 dans la Coupe FIM 750, le Clermontoi­s fut le deuxième pilote français à marcher sur le toit du monde. Couronné en 1982 avec sa Yamaha 250 TZ compétitio­n- client, Tournadre fut le premier champion du monde tricolore dans la catégorie intermédia­ire des Grands Prix. Trente- trois ans avant Johann Zarco, Jean- Louis a expériment­é le goût du succès, mais aussi la souffrance qui l’a précédé, et la désillusio­n qui l’a suivi. « Mon histoire est très différente de celle de Johann, précise le Clermontoi­s. Et pas seulement à cause de l’époque. Quand j’ai attaqué cette saison 1982, je n’avais disputé qu’une quinzaine de Grands Prix. » Soit quatre- vingt- sept de moins que n’en comptait Zarco à l’aube du championna­t Moto2 2015. Son titre de champion du monde, Tournadre l’a un peu pris sur le coin de la tête... Après des débuts en Coupe Motobécane en 1979,

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