GP Racing

« C’EST UN ACTEUR DE SON DESTIN DEPUIS LE DÉBUT. IL A TOUT CONSTRUIT LUI-MÊME »

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« Louis a souffert pendant trois ans en Moto2 et il a besoin de cette reconnaiss­ance de pilote de vitesse, qui va vite, explique le boss du GMT 94. Il est obnubilé par ça. C’est quelqu’un d’intelligen­t qui a compris beaucoup de choses sur l’endurance mais au fond de lui- même, ce qu’il voulait, c’est être plus rapide que ( Niccolo) Canepa, que ( David) Checa, et se mettre en avant là- dessus. Pour l’instant, il n’est pas prêt pour l’endurance. Ce sera sûrement un très bon pilote de cette discipline dans quelque temps, mais pas aujourd’hui. Il a besoin de montrer à la terre entière que c’est un super pilote. Ce qui est dommage, c’est qu’il est allé très vite durant nos essais hivernaux. » Et puis les énormes attentes qui ont pesé sur les épaules de Louis ne l’ont certaineme­nt pas aidé à se concentrer sur sa course. « C’est quelqu’un qui est acteur de son destin depuis le début, qui a tout construit

Louis Rossi en bref

lui- même avec ses partenaire­s, reprend Guyot. Certains ont été discrets ( Ievent, Trouillet...) et avec d’autres, il avait des engagement­s énormes.

« JE NE PEUX PAS METTRE LE FOCUS SUR UN SEUL PILOTE »

Je lui ai dit qu’il était maintenant pilote offi ciel, qu’il devait se couper de ça pendant une semaine, mais ce n’était pas possible. Pour moi, il n’est pas responsabl­e. Il avait la pression de partenaire­s qui ne l’ont pas laissé faire sa course. Il s’est fait déborder. Ces derniers l’ont aidé depuis longtemps, ils peuvent encore être à ses côtés pour son futur, mais ils se sont dit que les 24 Heures Motos étaient une bonne occasion de gagner en visibilité. Ils ont poussé Louis dans une communicat­ion égocentriq­ue alors qu’en tant que team manager, je ne peux pas mettre le Vainqueur du Challenge de l’Avenir en 2007, Louis Rossi débarque en Grands Prix avec la Honda du team FFM. Une première saison compliquée qui renvoie le Français en championna­t d’Espagne la saison suivante, avec une solide cinquième place à la clé. De quoi retrouver le chemin du championna­t du monde 125 cm3 au guidon d’une Aprilia cette fois. Mais c’est en Moto3, en 2012, qu’il signe son plus beau fait d’armes avec une splendide victoire sur ses terres, au Mans. Le passage au Moto2 va toutefois se révéler plus délicat que prévu et après trois saisons de galère, Louis Rossi s’était lancé dans un nouveau défi en 2016 avec le GMT 94. Un (bref) passage en endurance... focus sur un seul pilote. » Un constat qui le pousse aujourd’hui à penser que l’associatio­n était vouée à l’échec dès le départ. « On savait avant la course que ça ne pouvait pas le faire, témoigne Guyot. On espérait que Louis fasse la même chose que ce qu’a fait Niccolo Canepa : prendre sur lui quand les conditions sont diffi ciles et ne pas se mettre en avant quand ce n’est pas possible. Quand Canepa descendait de la moto et qu’il était à une seconde de ce qu’il sait faire, il était en colère. Mon rôle alors, c’est de lui dire qu’il a fait un super job. Ce que n’a pas su faire Louis. En aucun cas, les chutes n’expliquent le fait qu’on ait arrêté avec lui. J’ai vécu la même chose comme pilote et je sais à quel point c’est dur. Et ses chutes ne sont que la conséquenc­e de ce que j’ai expliqué précédemme­nt. » Pas de quoi pour autant dégoûter le français à vie de l’endurance. « Cette discipline reste pour moi une version de la moto que je trouve vraiment magique. Ça s’est mal passé pour moi en course et l’équipe a décidé de ne pas continuer, ce que je trouve dommage. J’aurais bien aimé avoir une deuxième chance. Ce n’est pas comme si j’avais un défaut de vitesse. » Ce que confi rme son ex- patron. « Je suis prêt à l’aider à rebondir en vitesse et à clamer haut et fort que c’est un pilote qui va vite. Je souhaite qu’il trouve une bonne place pour démontrer à tout le monde qu’il est un top pilote. »

C. GUYOT

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