GP Racing

NATHALIE HELBERT LA GUIDE MICHELIN

- Par Marc Seriau.

Nathalie Helbert est une fille très discrète, bien que présente sur la majorité des Grands Prix et dans tous les box. Ce très rare privilège trouve son explicatio­n dans la chemise bleue à liseré jaune qu’elle porte en permanence : Nathalie est « Compound Designer » pour Michelin, le fournisseu­r unique des pneumatiqu­es des MotoGP.

Si nous avons l’habitude de converser avec Nicolas Goubert, directeur adjoint et directeur technique de la compétitio­n chez Michelin, et Piero Taramasso, manager de Michelin Motorsport deux- roues, le rôle de Nathalie Helbert, « Compound Designer » , ne nous est apparu que bien plus tard. Et pourtant, celui- ci est tout simplement capital puisque son métier consiste à déterminer la qualité des gommes que le manufactur­ier clermontoi­s propose à tous les pilotes sur chaque Grand Prix. Une énorme responsabi­lité pour une technicien­ne de l’ombre, dont le secret est aussi une composante de son métier, mais qui, exceptionn­ellement, a été autorisée à s’entretenir avec nous.

Nathalie, pouvez-vous vous présenter et nous décrire le parcours qui vous a conduit en MotoGP ? À la base, je n’avais aucune passion pour les sports mécaniques en général...

Donc, enfant, vous ne jouiez donc pas aux petites voitures mais bien à la poupée ?! ( rires) Non, pas forcément. Je jouais plutôt aux billes.

Ah ! C’était quand même un signe précurseur : quelque chose de rond et qui roule... ( rires) Peut- être... J’ai suivi un parcours scientifi que puis un DUT Mesures physiques et physico- chimie. J’ai rapidement intégré Michelin au sein du départemen­t Innovation et Recherche sur les matières premières qui font la compositio­n du matériau aujourd’hui. Être « Compound Designer » , c’est assembler ces matériaux pour avoir les bandes de roulement les plus performant­es possibles, et qui répondent au cahier des charges que l’on a fi xé.

Les différente­s communicat­ions Michelin nous ont appris qu’en 2016, il y avait eu sept ou huit sortes de gommes différente­s. Vous, vous déterminez ces gommes. Combien y a-t-il de composants pour chacune d’entre elles ? Grosso modo, il y a une bonne dizaine de composants pour faire une gomme.

C’est donc une sorte d’alchimie dans laquelle vous ajoutez un peu plus de « ci » ou un peu plus de « ça » en fonction des températur­es, des circuits, de leur abrasion et de leur adhérence. Peut-on citer quelques-uns de ces composants ? Le composant principal de la bande de roulement, c’est bien sûr l’élastomère. Le second ingrédient indispensa­ble, c’est le noir de carbone, qui va jouer le rôle de renfort physico- chimique de l’élastomère. Et puis, il y a tous ces agents de cuisson qui vont apporter le caractère viscoélast­ique du produit fi ni.

Après sept ans d’absence, Michelin a fait son retour en 2016 sur les Grands Prix. Forcément, il y a eu des points très positifs et d’autres qui le sont un peu moins. Mais malheureus­ement, fréquemmen­t, les pilotes, qui en veulent toujours plus, ne parlent souvent de vos produits que pour se plaindre. Quand tout va bien, personne ne le souligne. Vous faites donc un métier vraiment stressant, non ? Oui ( rires). C’est stressant à chaque Grand prix et ce, jusqu’au dernier virage de la dernière moto ( rires). Le stress démarre avant les premières séances d’essais libres et se termine partiellem­ent à la fi n de la course... car il faut déjà préparer la suivante. On doit se remettre sans arrêt en question en compilant les informatio­ns de tous les pilotes. Être manufactur­ier unique en 2016, c’était satisfaire 21 pilotes avec deux spécifi cations de gommes arrière différente­s. C’était quelque chose de très compliqué.

Justement, comment satisfaire tout le monde, avec des motos et des styles de pilotage très différents ? On choisit d’abord les pneus en fonction

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