GP Racing

Les rookies en MotoGP.....

- Par Daryl Ramadier. Photos Jean-Aignan Museau.

Là aussi, Zarco est sur les traces des plus grands.

Johann Zarco a déjà marqué de son empreinte la saison 2017. Glanant la pole position aux Pays-Bas, il s’est hissé un peu plus haut dans la hiérarchie des meilleurs rookies. À mi-championna­t, le Français est à la hauteur de l’histoire de la catégorie reine.

Voilà quinze ans que les 4- temps ont été instaurés en MotoGP. Une soixantain­e de rookies – 63 si nos comptes sont exacts – se sont depuis hissés en catégorie reine. Parmi eux, Johann Zarco fait office de petit prodige. Ses débuts chez les « grands » , en tant que pilote privé, sont salués de tous, au point de ne plus surprendre le public, habitué à le voir aux avant- postes. Mais ce parcours est- il inédit dans l’histoire du MotoGP ? L’ascension fulgurante du Français est- elle unique en son genre ?

SUR DE (TRÈS) BONNES BASES

Au sommet du classement des meilleurs rookies de l’histoire trône Marc Marquez. À peine arrivé dans la catégorie, l’Espagnol défiait ( déjà) les tablettes. Il est à ce jour le seul à avoir décroché le titre suprême dès sa première saison. À moins de gagner toutes les courses restantes, Zarco ne sera donc pas le meilleur débutant de tous les temps – c’est d’ores et déjà impossible en termes de points. Il lui sera également difficile de passer devant le deuxième ( Dani Pedrosa, 215 points), voire le troisième ( Jorge Lorenzo, 190 points). En revanche, chez les pilotes satellites, c’est autre chose. À mi- championna­t, le Cannois est pour l’instant dans les bases du record, détenu par Ben Spies qui terminait la saison 2010 avec 176 unités. Signe du destin, l’Américain roulait aussi pour Tech3. Johann, qui a mené les débats au Qatar, en France ou encore aux Pays- Bas, fait vibrer un public espérant le voir triomphate­ur d’ici au soir de Valence. S’il y parvient, il rejoindrai­t un cercle extrêmemen­t fermé et ô combien prestigieu­x. À ce jour, seuls trois débutants ont gagné dès leur première année : l’infernal trio espagnol MarquezPed­rosa- Lorenzo, encore lui. En attendant, le pilote Yamaha est monté sur le podium au Mans ; il est le treizième rookie à y parvenir, suivi six semaines plus tard par Jonas Folger. L’Allemand ne compte en revanche aucune pole, à l’inverse de son coéquipier. Une performanc­e d’autant plus notable que les « nouveaux » partis en tête sur la grille sont plutôt rares ( huit avec lui, le premier ayant été Daijiro Kato en 2002). Plus grand nombre de titres, de victoires, de podiums, de pole, de meilleurs tours et même de points : Zarco est déjà le meilleur pilote français de tous les temps. Quel destin l’attend désormais, alors qu’il vient à peine d’intégrer la catégorie MotoGP ? Sur ce point, et même si la comparaiso­n n’est pas une science exacte, la carrière des hommes qu’il a rejoints dans les tableaux des rookies est pour le moins inspirante. Aux listes où s’est ajouté le nom de Zarco apparaisse­nt Marquez, en lice pour un sixième titre mondial ; Pedrosa, qui dispute cette année sa 12e saison en MotoGP ; Dovizioso, luttant pour le titre royal après tant de tentatives ; Hayden, champion en 2006 ; Stoner, parvenu à glaner deux couronnes.

PARCOURS TYPE ?

À l’heure où sont écrites ces lignes, la prochaine grille du championna­t MotoGP n’est pas encore complète, mais une bonne partie est déjà connue. Parmi les rookies 2018 figurera Franco Morbidelli, tout droit venu de la catégorie Moto2. Son arrivée corrobore les statistiqu­es : depuis 2002, près de 60 % des pilotes arrivés en MotoGP venaient de la classe intermédia­ire – et ce sont généraleme­nt eux qui reçoivent les meilleures machines. Un peu plus d’un cinquième proviennen­t des pistes du Mondial Superbike, et environ 15 % de divers championna­ts nationaux – une tendance à la baisse. Sortir du Moto2 présente indubitabl­ement de nombreux avantages : on baigne dans le paddock depuis des années, on y connaît tout le monde ou presque, on n’a pas à découvrir les circuits... Il n’empêche, force est de constater qu’il y a parfois, sinon un peu d’injustice, en tout cas des occasions manquées. Ce fut le cas pour Jonathan Rea : vice- champion de Grande- Bretagne de Superbike, vice- champion du monde Supersport, vainqueur des 8 Heures

de Suzuka, continuell­ement parmi les cadors du Superbike depuis 2009 ( et en route pour devenir triple champion), le Nord- Irlandais aurait sans doute mérité mieux. Il a eu l’occasion d’assurer deux piges en 2012 pour remplacer Casey Stoner, à Misano et en Aragon. Et quelles piges ! Qualifié neuvième et septième, arrivé huitième et septième. La catégorie Superbike, si elle produit bien sûr des déceptions, a aussi engendré quelques succès ( Hayden, Crutchlow, ndlr). Dans le même temps, la classe Moto2 n’est pas non plus exempte d’échecs – citons Esteve Rabat, le dernier en date. Quant à l’âge idéal, peut- on ( et doit- on ?) en déterminer un ? Si l’on assiste effectivem­ent à une sorte de « course à la jeunesse » ( un pilote arrive en Grands Prix à 16 ans, passe en Moto2 avant la vingtaine et grimpe en MotoGP dans la foulée), la moyenne s’élève à 24,22 ans. Les performanc­es de Valentino Rossi, qui continuent à défier et battre les nouveaux venus – il a 15 ans de plus que le benjamin de la grille –, permettent d’être optimiste à ce sujet. Son incessante réussite brise le tabou de l’âge, tabou que d’autres pilotes n’hésitent plus à enfoncer. À bientôt 32 ans, Dani Pedrosa engrange les podiums. Face à lui, Andrea Dovizioso, qui vient de fêter ses 31 ans, est en pleine forme. Autant dire que Johann Zarco – 27 ans cet été, et sportif accompli à la condition physique optimale – a encore le temps de bien faire.

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