Honda, victoire aux 24 H ....
Dominateur en MotoGP, Honda était quasi transparent en Mondial d’endurance depuis de trop nombreuses années. Jusqu’à la nouvelle association victorieuse entre deux légendes de la discipline : F.C.C. TSR et Honda France.
Retour sur l’association F. C. C. TSR / Honda France.
« L’ESPRIT DU TEAM EST FAMILIAL. J’Y AI TROUVÉ UNE COMPLICITÉ QU’IL N’Y A PAS AILLEURS » F. FORAY
Dimanche 22 avril 2018, 15 heures. Sous un soleil de plomb qui assomme la foule massée sur le circuit Bugatti, Masakazu Fujii et Fabrice Recoque se tombent dans les bras. Les deux hommes viennent de réussir un pari fou. Faire triompher pour la première fois une équipe japonaise sur une course de 24 heures et reprendre la glorieuse histoire de Honda France en endurance. Une association atypique entre l’emblématique team japonais, triple vainqueur des 8 Heures de Suzuka ( 2006, 2011, 2012), et la fi liale française de Honda, dominatrice dans les années 1980. Une idée qui s’est concrétisée l’été dernier, peu avant le Bol d’Or. « Il y a eu un concours de circonstances avec d’un côté un team japonais, F. C. C. TSR, qui vivait ses débuts en championnat du monde d’endurance, et Honda France qui représentait l’histoire de l’endurance chez Honda, explique Fabrice Recoque, boss de Honda France. Comment mixer les deux ? Le président japonais de l’Europe a réussi à organiser une rencontre qui nous a permis de poursuivre les oeuvres du passé. On part avec un défi cit de représentation en endurance ( seulement 5 Honda aux dernières 24 Heures Motos, ndlr) et il fallait que l’on revienne sérieusement. Et puis cette association crée un lien avec Suzuka et donne ce petit côté nippon à l’endurance. » Le patron du team F. C. C. TSR le reconnaît volontiers : il a dû s’inspirer de la culture européenne pour parvenir à être performant sur les exigeantes courses de 24 heures. « Au Japon, nous avons de grands fabricants avec une grande histoire, souligne Masakazu Fujii. Honda, Showa, Bridgestone, Nissin... Mais nous nous sommes associés à Bruno Performance et Honda France car nous avons besoin de cette culture européenne pour être performants ici, en France, sur les courses de 24 heures. Nous ne parlons pas bien la langue et nous sommes parfois un peu perdus quand nous arrivons ici. Nous avons besoin de nous imprégner de la culture française, du style et de l’état d’esprit européens. »
« NOUS NE SOMMES PAS DES FOURNISSEURS DE STICKERS »
Il est vrai que les débuts entre la structure nipponne et Freddy Foray ont parfois été compliqués. « La façon de travailler et de communiquer des Japonais est totalement différente de la nôtre, témoigne le pilote français. Quand tu parles à un Japonais, il va toujours te dire OK. Mais cela ne veut pas dire qu’il a compris, cela signifi e simplement qu’il t’a entendu. Et au début, je ne saisissais pas pourquoi lorsque je demandais des modifi cations, mon technicien me répondait OK, mais ne changeait rien ! » Une entente rapidement optimisée et qui a permis à Freddy de décrocher la victoire au Mans en plus de se découvrir une nouvelle famille. « L’esprit du team est très familial. J’ai travaillé avec pas mal de team managers et j’ai trouvé chez Fujii et toute l’équipe une complicité qu’il n’y a pas ailleurs. Tu as besoin de faire tes preuves, mais une fois que c’est fait, ils ont une confi ance en toi
qui te permet de te sentir vraiment à l’aise. » Même son de cloche pour les membres de Honda France qui craignaient de ne pas voir la greffe prendre. « Le team japonais est très ouvert, se réjouit Fabrice Recoque. Nous ne sommes pas de simples fournisseurs de stickers. Nous participons à la vie du team avec cinq personnes de Honda France qui en font partie, dont des mécaniciens. Nous avons créé un esprit de famille. Masakazu Fujii vit d’ailleurs aujourd’hui à Barcelone et affi rme qu’il va mourir en Europe ! » Il faut dire aussi que la relation entre le team manager japonais et Honda ne date pas d’hier. « Nous entretenons des relations professionnelles mais surtout familiales avec Honda, raconte Fujii. Le HRC est notre client et nous faisons énormément de pièces pour eux. Que ce soit en MotoGP, Moto3 ou même pour les motos de route. Il faut savoir qu’avant de s’appeler HRC, le département course de Honda se nommait RSC ( jusqu’en 1982, ndlr) et a été créé par mon père. Notre usine était à l’intérieur du circuit de Suzuka et aujourd’hui encore, nous sommes juste à côté. En fait, l’histoire de Honda et celle de F. C. C. sont liées depuis 72 ans. Le fondateur de Honda, Soichiro Honda, avait demandé à mon père de remporter des courses en championnat japonais. À l’époque, il y avait 500 fabricants de motos au Japon et Honda ne comptait que 12 personnes ! » De quoi entretenir des relations privilégiées avec le HRC, comme a pu le constater Freddy Foray en passant de la Fireblade n° 111 à la n° 5. « Quand j’étais sur la Honda Racing et qu’on avait des problèmes de pièces, on n’arrêtait pas de me dire que c’était aux Japonais de décider. Et depuis que je suis là, je me rends compte que le travail n’a rien à voir.
« SUZUKA, J’ATTENDS D’Y ÊTRE POUR Y CROIRE »
Ce sont deux planètes différentes. La Honda Racing travaille avec le team BSB et Ten Kate en Mondial Superbike. Et ils ont de temps en temps des informations des Japonais. Mais la F. C. C. travaille directement avec le HRC. À Suzuka, par exemple, des techniciens du HRC viennent chaque année prêter main- forte aux teams Musashi RT Harc- Pro et F. C. C. TSR. » Une course que le Francilien rêve bien sûr de disputer pour le compte du prestigieux département course Honda. « En tant que pilote français ou européen, monter sur une moto offi cielle au Japon, c’est le rêve. J’attends d’y être pour y croire. » Il peut en tout cas avoir confi ance en son patron pour porter les Français au plus haut. « J’ai rejoint Honda France pour écrire une nouvelle page de l’histoire de l’endurance, rappelle Masakazu Fujii. Et j’espère avoir à l’avenir de jeunes pilotes tricolores dans notre équipe. Je veux que les Français retrouvent de nouveaux grands pilotes et je me sens concerné par cette tâche. »