GP Racing

BEZZECCHI LE SCORPION

Marco Bezzecchi est la révélation du début de saison Moto3. 23e l’an dernier, l’Italien a gagné en Argentine avant de confirmer aux États-Unis et en Espagne. Il pourrait jouer les trouble-fête dans le duel annoncé pour le titre entre Martin et Canet.

- Par Daryl Ramadier. Photos Jean-Aignan Museau.

Si Marco Bezzecchi espérait remporter un Grand Prix en 2018, s’attendaiti­l à le gagner avec une avance de 4,689 secondes ? En effet ce sont presque 5 secondes qui se sont écoulées en Argentine, le 8 avril dernier, entre son passage sous le drapeau à damier et celui d’Aron Canet, deuxième de la course. La pendule affi che 12 h 42 à Termas de Rio Hondo, lorsque la KTM frappée du n° 12 se dresse fi èrement sur la roue arrière. Le public n’est pas avare en applaudiss­ements. L’Italien a pourtant confi squé tout suspense en dominant l’épreuve du premier au dernier tour. « Physiqueme­nt, j’étais debout sur la moto pour saluer le public, raconte le vainqueur, ému. Mais mon esprit, lui, je ne sais pas où il était. Peut- être sur le parking où j’ai débuté la moto, peut- être à la maison en train de faire la fête avec ma famille, à moins que ce ne soit au bar Angelo où j’imagine mes amis fous de joie... » Car c’est bien sur un parking que le jeune Bezzecchi fait, enfant, ses premiers tours de moto. Né à Rimini en novembre 1998, il montre rapidement des aptitudes sur deux roues. Ses premières grilles de départ sont celles des populaires championna­ts juniors de l’Union italienne du sport pour tous ( UISP). La réussite, régionale comme nationale, ne tarde pas à venir. Marco a 13 ans quand il décroche à Zuera, en Espagne, le titre de champion d’Europe 2012 en catégorie Open 50 ( mini- moto). Quelques mois plus tard, il monte pour la première fois sur une 125 cm3 et prend le chemin des « Pré- GP » , désormais un classique pour les pilotes lancés sur la voie royale.

CHAMPION D’ITALIE

Mais c’est en 2014, sur le championna­t d’Italie Moto3, que Bezzecchi va montrer l’étendue de son potentiel. Il s’impose dès la troisième course de la saison à Vallelunga, puis se mêle à la lutte pour la couronne face à des adversaire­s ( Lorenzo Dalla Porta, Fabio di Giannanton­io...) qu’il affronte toujours aujourd’hui. Régulier, celui qui sera bientôt surnommé « Lo Scorpione » marque des points dans chacune des 10 manches et monte quatre fois sur le podium. Au soir de la dernière épreuve, au Mugello, six points lui manquent pour enlever le trophée de champion, soulevé par son compatriot­e Manuel Pagliani. Pour 2015, Bezzechi reste dans le team Minimoto Portomaggi­ore et troque sa Honda pour une Mahindra. Le résultat est au rendez- vous : soit il gagne ( sept fois), soit il ne termine pas la course. Le 11 octobre 2015, il est sacré champion d’Italie pour 3 points, au prix d’une ultime victoire remportée pour 317 millièmes face son dauphin Di Giannanton­io. Le pilote du Nuevo Moto Club Renzo Pasolini traverse ensuite la France pour aller rouler en Espagne. Mais son passage en CEV Moto3 est moins

glorieux. Recruté par le Mahindra Aspar Junior Team, Bezzecchi se bat pour les points et parfois le Top 10. Son meilleur résultat, une 6e place, lui permet de se hisser au 18e rang du classement. Le CIP d’Alain Bronec lui propose alors un contrat pour 2017, et voilà Bezzecchi en championna­t du monde avec l’équipe française.

LA DERNIÈRE PERF’ D’UNE MAHINDRA

Au guidon de la Mahindra MGP3O, le jeune Italien fait ce qu’il peut. Découvrir les circuits, prendre la mesure du Mondial : il lui faut attendre Le Mans, 5e épreuve de la saison, pour marquer son premier point. Dix- neuf autres s’y ajoutent ensuite. Vingt- troisième du championna­t, Bezzecchi n’en est pas moins le deuxième meilleur rookie et deuxième pilote de sa marque derrière l’expériment­é Jakub Kornfeil, qui ne le devance que de six longueurs. Mais c’est surtout son GP du Japon qui marque les esprits. Sous la pluie, Lo Scorpione est l’invité surprise des qualifi cations, dont il termine quatrième. En course, il se retrouve à la bagarre avec les meilleurs pilotes de la catégorie. Alors que personne n’aurait misé sur lui, Bezzecchi fait la différence et troisième, décroche le premier podium de sa carrière. Ce sera aussi le dernier de l’histoire du constructe­ur Mahindra. En coulisses, ses résultats ne surprennen­t guère Florian Prüstel. Sept semaines plus tôt, l’actuel directeur général de l’équipe Redox PrüstelGP s’est déjà assuré les services de Marco pour les saisons 2018 et 2019. Les négociatio­ns ont impliqué le pilote, KTM et la VR46 Riders Academy. « Nous sommes confi ants sur le fait que nous pouvons obtenir de bons résultats l’an prochain » , assurait alors Prüstel. Il ne croyait pas si bien dire. Dès les essais hivernaux, Bezzecchi a montré qu’il serait l’une des pointures de l’année 2018. Troisième du test de Valence, il termine ensuite 7e puis 5e des essais de Jerez de la Frontera. Qualifi é sixième au Qatar, il est en lice pour le podium tout au long de la course, avant de chuter dans le dernier tour. Trois semaines plus tard, Bezzecchi prend sa revanche en remportant de main de maître le GP d’Argentine. Une surprise ? Pour ceux qui se risqueraie­nt à cette hypothèse, l’Italien a confi rmé en enchaînant avec un nouveau podium à Austin, après avoir mené l’épreuve américaine. GP Racing avait prévu de se pencher sur Marco avant le Qatar, mais l’intérêt a pris une nouvelle dimension avec ces résultats. Chef de fi le du clan KTM, leader des ( nombreuses !) troupes italiennes du plateau, il est le leader du championna­t à l’écriture de ces lignes. Compétitif sur tous les circuits, pourrait- il mettre des bâtons dans les roues des candidats au titre – qu’il sera peut- être ? Bezzecchi s’entraîne pour et est bien épaulé : il a ses quartiers au ranch d’un certain Valentino Rossi.

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Bezzecchi, vainqueur en Argentine, sous les yeux du maître.

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