GP Racing

Moto3, Martin champion

L’Espagnol a rempli sa mission.

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

« EN FAIT, J’EN AI BAVÉ AVANT MÊME LE DÉBUT DU CHAMPIONNA­T »

Après Johann Zarco en 2015 et 2016, Jorge Martin est cette année devenu le deuxième vainqueur de la Red Bull Rookies Cup à décrocher un titre de champion du monde. Couronné en Malaisie, l’Espagnol n’a pas manqué de rappeler que sans ce tremplin que furent pour lui ses trois saisons tous frais payés dans l’antichambr­e des Grands Prix, jamais ce titre n’aurait été possible. Dauphin de Karel Hanika en 2013, il remporte la Rookies Cup la saison suivante. En 2015, Martin débute en Grands Prix dans le team Aspar aux côtés de Bagnaia et de Guevara. Il rentre dans les points dès la première course au Qatar et signe son meilleur résultat en se classant septième en Aragon. Dix- septième du championna­t du monde Moto3, il ne fait pas beaucoup mieux en 2016 même s’il parvient à monter sur son premier podium sur le circuit de Brno. « J’avais du mal à tout mettre bout à bout, et je n’avais pas non plus forcément le meilleur matériel » , explique- t- il. C’est en 2017 que sa carrière prend un tout autre tour. Passé chez Gresini, l’Espagnol dévoile enfi n tout son talent en décrochant neuf pole positions et en montant à neuf reprises sur le podium. Seule la victoire se refuse à lui. Jusqu’au dernier Grand Prix de Valence qu’il remporte devant Joan Mir et Marcos Ramirez. Ce sera le déclic. Quatrième du championna­t 2017, il a désormais les épaules pour enfi ler le costume d’un candidat au titre. Pour autant, la roue de la fortune a encore du mal à tourner. S’il remporte deux des trois premiers Grands Prix de la saison, l’Espagnol enchaîne deux résultats blancs à Jerez et au Mans. En Andalousie, c’est Canet qui l’envoie dans le décor. Dans la Sarthe, c’est Bezzecchi qui le fait tomber. Et puis il va y avoir cette chute aux essais du Grand Prix de la République tchèque. Cette fois de son fait. Poignet gauche cassé, il est opéré dès le lendemain. Une semaine plus tard, il réalise l’exploit de monter sur le podium du Grand Prix d’Autriche. Un retour aux affaires précipité qui va avoir d’autres conséquenc­es.

TOUT S’EST JOUÉ EN MALAISIE

Ainsi, deux mois plus tard, il doit rouler en Thaïlande avec un gant spécial muni d’élastiques pour lui permettre d’ouvrir sa main à cause d’un nerf enfl ammé. « J’ai eu une saison diffi cile mais je n’ai jamais baissé les bras, souligne Jorge Martin. J’ai toujours gardé confi ance. Et puis il y a eu tous ces encouragem­ents... Maverick, Jorge, Aleix... Ils m’ont soutenu et aidé à tenir bon. En fait, j’en ai bavé avant même le début du championna­t. J’ai couru au Qatar avec un ligament abîmé à cause d’une chute à l’entraîneme­nt. Mais j’ai serré les dents et n’ai rien lâché. » Des douze courses qu’il aura terminées jusqu’à l’obtention de son titre en Malaisie, Jorge Martin en aura conclu neuf sur le podium, dont sept par une victoire. Cette année, le pilote de

l’équipe Gresini était loin d’imaginer qu’il aurait à ferrailler comme il l’a fait avec Marco Bezzecchi. « Je pensais que Canet serait mon plus sérieux adversaire, mais il n’a pas été là cette saison, note Martin. En revanche, Bezzecchi a surpris tout

le monde. » En effet, en remportant le deuxième Grand Prix de la saison en Argentine, le pilote de la VR46 Academy a pris une nouvelle dimension. Régulièrem­ent sur le podium, Bezzecchi aurait même pu battre Martin sur le fi l avec un peu plus de réussite sur la fi n du championna­t. Percuté par Bastianini à Buriram et par Rodrigo à Phillip Island, le pilote KTM a malheureus­ement vu ses chances de décrocher le titre fondre comme neige au soleil lors d’une tournée outre- mer qui lui a fait très mal. Tout s’est joué en Malaisie. « Je pensais que Bezzecchi ferait durer le suspense jusqu’à Valence, raconte Martin. Mais Marco est tombé dans son propre piège en ralentissa­nt délibéréme­nt le rythme de la course pour que d’autres pilotes s’intercalen­t entre nous. » Le pilote Honda a ainsi pu s’échapper à quelques tours de l’arrivée pour s’imposer alors que Bezzecchi s’est retrouvé englué dans la meute. Seulement 5e sous le drapeau à damier, il n’avait d’autre option que de saluer la victoire de son adversaire. L’an prochain, les deux hommes se retrouvero­nt en Moto2 et cette fois avec la même machine. Martin sous les couleurs du team Ajo, Bezzecchi sous celles de l’équipe Tech3.

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