GP Racing

Dessine-moi un circuit

Entretien avec Jarno Zaffelli, concepteur de circuits.

- Par Thomas Baujard. Photos Dromo.

Bonjour Jarno ! D’où viens-tu, quelles études as-tu suivies, et qu’est-ce qui t’a conduit à la conception de circuits ?

Je suis Italien, né le 30 octobre 1976 en Émilie- Romagne ( la région de Bologne). J’ai poursuivi des études d’ingénieur dans l’industrie. Puis d’ingénieur de production. Mais je n’ai jamais obtenu de diplôme dans ce second domaine parce qu’au bout de deux ans d’études, à 19 ans, j’ai commencé à m’intéresser au traitement des données informatiq­ues. Je faisais partie des 300 meilleurs technicien­s Apple en Europe à l’époque, alors que ce n’était pas ma spécialité de base. J’ai travaillé dans ce domaine durant plusieurs années ( il fut l’un des premiers à collaborer avec les banques, afi n de les aider à créer leurs premiers sites Internet dans les années 90,

ndlr). J’ai aussi travaillé dans la sécurité des données informatiq­ues. En 1998, alors que j’étais déjà ingénieur depuis plusieurs années, je me suis dit que je ne me voyais pas faire ce métier jusqu’à 40 ans. J’ai donc commencé à chercher ce que je pourrais faire d’amusant dans un domaine spécialisé. Une niche. En 2000, j’écoutais une conversati­on entre deux de mes amis, qui disaient que s’il y avait un circuit ici, à Reggio Emilia, dans la plaine où nous habitions, il serait plein tout le temps. Je ne connaissai­s pas grand- chose en la matière. La seule chose que je savais, c’est que mon prénom m’avait été donné en l’honneur de Jarno Saarinen, le pilote moto qui s’était tué à Monza en 1973. Ma famille a toujours été passionnée par la moto. En Janvier 2000, j’ai commencé à visiter les circuits alentours. Imola, Misano, Monza. Et je me suis dit qu’il y avait peut- être moyen d’en construire un chez moi. Mais je n’y suis jamais parvenu. J’ai bossé sept ans là- dessus, puis l’entreprise pour laquelle je travaillai­s et qui fi nançait le projet a décidé de prendre mes idées et de les utiliser pour un autre tracé, dans le nord de l’Italie. Sans moi, cela va sans dire. Du coup, j’ai presque arrêté de faire ce boulot, que je menais de front avec mes fonctions d’ingénieur informatiq­ue. Car malgré le temps investi, cela ne me rapportait aucun salaire. En 2007, j’ai donc décidé de devenir photograph­e pro. En un an, j’ai décroché des contrats dans le domaine de l’art, et même gagné quelques prix, mais mi2008, l’entreprise qui s’était approprié mon circuit m’a rappelé : ils avaient des soucis avec la piste et ils avaient besoin de quelqu’un qui comprenait sa conception. J’y suis donc retourné, et ils sont devenus mes premiers clients. On a obtenu le permis de construire en 2010. C’était le circuit de Motorcity Verona. Les terrains ont été achetés 70 millions d’euros, mais du fait de la crise économique, ils sont restés à l’état de rizières, l’entreprise n’ayant pu lever les fonds nécessaire­s à la réalisatio­n du projet. Soit les rizières les plus chères du monde, puisque chaque année, ils ont dû payer deux millions d’euros de taxe ! Un vrai fi asco.

C’est Dieu qui les a punis de vouloir se débarrasse­r de toi !

( il se marre) C’est sûrement ça. Mais tu sais,

j’aurais préféré que le projet aille à son terme, parce que c’était une piste F1 et MotoGP. La même année – 2008 – fut marquée par l’éclosion des start- up. J’étais à Cologne, avec une accréditat­ion presse vu que j’étais encore photograph­e pro. J’assistais au Profession­al Motorsport Expo, et il y avait une réunion de tous les concepteur­s de circuits de l’époque. Ils étaient là pour se rencontrer et discuter avec des clients potentiels. Il y avait Alan Wilson et Peter Wahl de chez Tilke, Clive Bowen de chez Apex. Et moi, assis en face d’eux en tant que journalist­e. Je leur ai donc posé des questions, je leur ai demandé s’ils savaient ce qu’ils faisaient – rien de tout cela n’était prémédité ! Ces questions m’ont fait remarquer d’une manière inattendue. Les responsabl­es du circuit de Misano et du Mugello étaient également présents. Ils sont venus me voir en me demandant comment je pouvais en savoir autant en matière de conception de circuits. Je leur ai expliqué ce que j’avais déjà fait, avec la réalisatio­n d’un modèle informatiq­ue servant à calculer la superfi cie nécessaire aux dégagement­s et aux voies de sécurité. Ça s’appelait DroCAS 2007. J’en avais eu besoin pour délimiter la superfi cie de Motorcity Verona. Misano venait de refaire son tracé pour 12 millions d’euros. Et ils m’ont dit : « On a des crashs bizarres. Certaines motos atterrisse­nt dans les tribunes. »

Effectivem­ent, j’étais là et c’est précisémen­t ce qui s’est passé dans le virage Curvone avec une 1000 Superstock qui a fini dans les gradins, heureuseme­nt aux essais...

Exactement. Donc ils m’ont demandé de venir jeter un oeil pour comprendre ce qui se passait. Ça a été mon deuxième client. La conclusion a été incroyable : ils avaient dépensé deux millions de trop dans les dégagement­s, parce qu’ils avaient mis trop d’asphalte à l’extérieur. Ils m’ont alors demandé toutes les simulation­s de crashs qu’on avait faites pour notre projet en collaborat­ion avec Dainese et l’université de Florence. Mon système de calcul de surface de dégagement a d’ailleurs reçu une certifi cation Dekra ( norme de certifi cation internatio­nale), pour sa précision mais surtout pour sa capacité à déterminer la trajectoir­e des chutes des pilotes. Le système permet également de savoir où vont arriver les motos, les autos... Mais plus encore, il est utile aux pilotes. C’est de là que tout est parti. Du coup, j’ai utilisé mes recherches effectuées les sept premières années pour essayer d’en apprendre plus. En 2011, j’ai su que le Mugello avait été resurfacé. Mes systèmes de calcul mesurant le drainage et la façon dont l’eau circule, je suis venu leur proposer mes services. On a commencé comme ça. Après ces trois mois de travaux, il y a eu Imola.

Et quand Imola a été terminé, j’ai eu vent d’une rumeur qui disait que l’Argentine allait obtenir un Grand Prix, mais que les Argentins n’avaient pas encore de piste homologuée. J’ai appelé la direction du tracé qui existait déjà à Termas de Rio Hondo. Je leur ai expliqué que j’étais designer de circuits, et que j’aimerais les aider à obtenir le MotoGP. Deux semaines plus tard, ils m’ont demandé de venir les voir. Le projet est parti comme ça.

En fait, tu aurais pu devenir architecte, ingénieur ou photograph­e, et tu as fini concepteur de circuits !

Oui, mais le fait est que je suis beaucoup plus heureux en ayant fait ce que j’ai fait. C’est- à- dire sept ans d’études des circuits actuels sur le terrain plutôt que celles d’ingénierie ou d’architectu­re. Aujourd’hui, grâce à mon travail, c’est moi qui emploie les architecte­s et les ingénieurs ! Tout est dans l’approche du métier. Tu peux avoir une approche très technique, ou encore architectu­rale. « Je voudrais choisir cette trajectoir­e car je suis architecte. » Ma manière de procéder est différente, elle me vient de mon parcours. Je commence toujours un projet en me disant, à la manière de Socrate : « Je sais que je ne sais pas ! » Par exemple, à Silverston­e, j’ai commencé à me poser des questions dès le premier jour de mon arrivée sur le GP ( sur le fait que le drainage laissait à désirer, ndlr). En fait, dès janvier, lorsqu’ils ont resurfacé la piste. Et je n’ai toujours pas fi ni de m’interroger aujourd’hui. C’est la partie la plus intéressan­te en ce qui me concerne. Se poser des questions et trouver les réponses. Qui sont toujours surprenant­es.

Tu fais de la moto ? Tu as déjà fait de la course ?

Je n’ai jamais participé à une course. J’ai déjà suivi quelques teams alors que je me promenais à travers le monde. Des teams engagés en championna­t du monde d’endurance. J’ai eu l’occasion d’essayer leurs motos durant les séances d’essai libres sur les circuits, parce que j’ai fait de la moto par ailleurs. Certains pensent que pour être un bon designer de circuits, tu dois être pilote. La réalité est un peu différente. Je prends toujours cet exemple : tu sais qui est Stradivari ?

Le fabricant de violons ?

Oui, et le plus grand qui soit ! Eh bien, il n’a jamais joué dans un orchestre. Et il n’est pas non plus le plus grand violoniste au monde. Ce sont deux métiers totalement différents. Il a passé sa vie à étudier les essences de bois, les techniques de constructi­on, les sons et l’harmonie dans ce qu’il faisait. La méthodolog­ie et la technique. C’était le job de quelqu’un d’autre de jouer de son instrument. Si j’étais pilote, mon souci serait de chasser les dixièmes de seconde de chacun de mes chronos sur les différents circuits. En tant que designer de circuits, je passe ma vie à savoir comment je peux présenter un challenge aux pilotes sur un tracé qui les enthousias­me au lieu de les barber. C’est une tâche complèteme­nt différente. Je voue mon existence à cela. Je n’ai ni le temps, ni l’envie d’être pilote profession­nel. Peut- être que lorsque je serais plus vieux, je m’y essaierai dans de petites autos ( il se marre). Mais ce sera pour le plaisir. Je n’ai pas besoin d’être pilote pour faire ce que je fais.

Est-ce toi qui as créé l’entreprise Dromo ?

Oui ! En fait, le premier nom en 2000 était Dorodi. En 2008, je l’ai changé pour Dromo, parce que j’ai compris que c’était en train de devenir quelque chose de sérieux. Donc je l’ai fondé, et l’on est heureux !

Combien de personnes travaillen­t dans l’entreprise ?

En ce moment, nous sommes six. Sans compter les gens qui travaillen­t en exclusivit­é avec nous lorsque nous menons de gros projets. Parce qu’il nous arrive d’être jusqu’à 50 personnes. Lorsqu’on a construit le circuit de Termas, ou que l’on a resurfacé celui de Sepang en 2015 par exemple. Ça varie beaucoup dans le temps. On essaie de rester une toute petite structure. Mais très compétente. Comme l’était Stradivari. Nous préférons être une boutique typique italienne plutôt qu’un gros congloméra­t d’architectu­re et de design. Ce n’est pas notre but.

En pratique, comment t’y prends-tu pour dessiner un circuit ? Termas par exemple.

Normalemen­t, j’essaie de le dessiner en étant sur place. Ça dépend si le circuit est déjà existant ou non. Donc je vais à Termas, je regarde la piste, et j’essaie de comprendre ce que ce circuit me communique. S’il a une âme, ou pas. Beaucoup de circuits dans le monde n’ont pas d’âme. C’est juste une route dans un champ. Mais certains en ont une. Parfois petite. Ce que j’essaie de faire, c’est de la cultiver.

Tu peux nous donner des exemples ? Qu’est-ce qu’une piste sans âme pour toi ? Et une piste douée d’une âme ?

La piste qui a le plus d’âme, avec certitude, c’est Suzuka. Suzuka est l’âme de tous les circuits ( il se marre). Point. J’ai visité plus de 250 circuits. Suzuka est pour moi n° 1. Et ce n’est pas moi qui l’ai conçu. Suzuka est l’objectif que je me fi xe. Une piste sans âme ? Le circuit F1 de Valence qu’ils avaient dessiné en ville. C’en est un. C’est un très grand tracé, OK. Très bien réalisé, OK. Mais sans âme.

Et pourquoi le circuit de Suzuka est-il si particulie­r ?

J’ai ma propre idée là- dessus. Quand

tu es avec une personne et que tu trouves qu’elle a une âme, c’est parce que tu le ressens. Pas parce que tu comprends pourquoi elle l’a. Pour moi, un circuit, c’est pareil, ça renvoie à quelque chose de personnel, et c’est ce que j’essaie de reproduire quand j’attaque un nouveau projet. La première chose que tu dois prendre en compte est la méthodolog­ie. Ce que nous encourageo­ns depuis le début est de travailler à l’ancienne. On commence avec un papier et un stylo. On n’utilise pas l’ordinateur au départ. On s’en sert seulement lorsqu’on affi ne le projet, lorsqu’on examine le procédé de constructi­on, lorsqu’on fait des simulation­s, etc. En 1962, quand John Hugenholtz a dessiné Suzuka, c’est comme ça qu’il s’y est pris. Assen, avant 2005 aussi. Ou Zandvoort à la fi n des années 90. Tu peux voir que ces circuits ont été dessinés au stylo, pas avec des calculs. Pas avec un logiciel. Aujourd’hui, tout le monde pense qu’avec un logiciel, il est possible de dessiner une ligne droite, un virage, une ligne droite, un autre virage, et obtenir un circuit ! Et c’est une chance, car après ça, il ne faut pas s’étonner que le circuit en question n’ait pas d’âme. Il y a plein d’autres facteurs en jeu : par exemple, pour moi, le Mugello est un très beau circuit, mais il n’a pas la même âme qu’Imola, que j’aime moins. Parce qu’Imola est un ancien circuit routier qui est devenu un circuit permanent. Tu peux sentir les murs, la vitesse, les virages aveugles. Alors qu’au Mugello, tu ressens l’environnem­ent, comme si tu étais dans un parc et que tu cherchais à aller le plus vite possible. C’est différent. Et tu ressens tout ça.

Donc tu es sur place avec ton stylo...

... Et tu essaies de comprendre comment tu peux rendre encore plus belle l’âme que tu ressens du circuit, ou si tu peux en créer une s’il n’y en a pas. Dans le cas de Termas, il y avait un circuit qui avait été conçu cinq ans seulement auparavant. Mais qui avait été construit à l’économie, et qui n’était pas de bonne qualité. Comme dans les années 50, mais pas avec la méthodolog­ie de l’époque : il avait été réalisé sur logiciel. Donc ce qu’on a fait, c’est d’abord de penser à une réfection. Mais dans les faits, on l’a complèteme­nt détruit, à l’exception d’une ligne droite qu’on a gardée. Tout le reste a été refait. J’ai alors essayé de mener une recherche historique sur tous les tracés argentins. L’Argentine a un immense patrimoine dans ce domaine. Plus d’une centaine de pistes, plus ou moins utilisées. Ce que tu identifi es très facilement, c’est que l’Argentine aime les circuits très rapides. Donc ce que j’ai essayé de faire à Termas, c’est de rendre la piste hyper rapide, si possible la plus rapide de tout le calendrier. J’ai gardé ça en tête lors de sa conception. Malheureus­ement, je n’y suis pas parvenu. Lors de son inaugurati­on, elle était la seconde piste la plus rapide après Phillip Island.

Et maintenant, c’est la troisième après l’Autriche.

Oui. Parce que tout ne peut pas être toujours réalisé de manière correcte. Et nous n’avions pas suffi samment de contrôle sur le niveau de grip. Nous n’étions pas complèteme­nt en charge du revêtement, et ce dernier a été réalisé avec un niveau de grip inférieur à celui qu’on avait conçu. Donc la vitesse n’était pas aussi élevée que ce qu’on aurait souhaité. Pour le reste, c’est la piste sur laquelle tu as le moins de chutes depuis que le championna­t MotoGP existe. Tu as vu en Thaïlande : il y a deux fois plus de crashs qu’à Termas.

Donc tu as dessiné Termas pour qu’elle soit ultra-rapide et en même temps peu dangereuse. C’est de la magie, ça !

Oui ! C’est grâce au système DroCAS dont je t’ai parlé, et que j’ai commencé à développer en 2007. C’est le condensé de « Dromo Circuit Analysis System » . C’est l’un des systèmes que nous utilisons. En fait, c’est le premier. Ce système nous permet de comprendre à quel endroit il va y avoir une probabilit­é de crash en fonction de la géométrie de circuit qu’on dessine, ou qu’on trouve sur un circuit. On continue d’ailleurs à développer DroCAS, même aujourd’hui. On a intégré dans ce logiciel plus de 40 000 crashs qui ont eu lieu sur circuit, et nous continuons à le faire. Ça nous permet de savoir si les virages que nous dessinons ont tendance à entraîner des chutes ou non. À Termas, c’est la première fois que nous avons eu l’opportunit­é d’utiliser ce système lors de la conception du circuit. En étant sur place. À l’époque, le directeur médical du circuit était Michele Macchiagod­ena. Il nous a demandé où placer les ambulances, le staff médical, etc. On lui a dit, c’est ton travail, pas le nôtre. Nous, ce qu’on peut te dire, c’est où se produiront 90 % des crashs. Il a donc implanté toute son infrastruc­ture médicale en fonction de nos simulation­s. Et jusqu’ici, c’est- à- dire depuis cinq ans que le circuit est utilisé, les crashs ont lieu devant les

LES CIRCUITS, ON COMMENCE PAR LES DESSINER AU STYLO, PAS AVEC UN LOGICIEL !

ambulances ! Virages 2, 5, 13. Le circuit est même parfois « trop » sûr parce qu’on avait de l’espace, et qu’on l’a utilisé. Mais on peut aussi réduire les dégagement­s, car dans 95 % des cas, on sait quelle est la distance minimum dont on a besoin. Et le type de protection qu’il faut mettre en face. Bien sûr, la FIM ( Fédération internatio­nale de motocyclis­me, ndlr) intervient ensuite pour demander ses propres modifi cations. C’est leur boulot. Ils nous demandent souvent plus de dégagement­s que ce qu’on a calculé. Mais avec DroCAS, on sait exactement ce dont on a besoin.

Est-ce exact que la première année à Termas, avec une piste à peu près propre et une météo stable, il n’y a eu que 30 chutes du vendredi au dimanche dans les trois catégories, alors que l’an dernier, au Mans ou à Misano, on en dénombrait plus de 100 ?

32 chutes la première année, 25 cette année, et encore moins si tu mets de côté les accrochage­s. Misano l’an dernier : 142 chutes sur le mouillé. Le Mans l’an dernier sur le sec : 100 chutes. Barcelone cette année, tout juste resurfacé et sur le sec : 100 chutes. Ça te montre l’importance de construire quelque chose de manière adéquate !

Quelle est la recette pour produire un bitume qui te donne du grip, pas de bosses, et qui résiste bien à la chaleur ?

OK, je te réponds mais il va falloir que je te tue après ! ( rires) Dans les faits, c’est toujours un compromis. Tu dois savoir clairement ce dont tu as besoin. Et une fois que tu as posé les bonnes questions, tu obtiendras les bonnes réponses. Un bitume adapté au désert ne fonctionne­ra pas en Norvège, par exemple. Parce que la géologie, la nature des silex et le type d’enrobé disponible sur place sont différents. Tous les ingrédient­s qui forment la bonne recette ne sont pas si faciles à réunir sur un endroit donné. Notre job consiste à aider le prestatair­e local à réunir les meilleurs éléments dont nous avons besoin. Afi n qu’il arrive à être le plus proche possible de ce que nous avons déterminé. Par exemple, à Sepang, l’enrobé disponible était le même que sur le circuit de Singapour. On l’a testé et on a demandé 14 modifi cations pour obtenir ce qu’on voulait. Et à la fi n, on y est arrivé. Mais si on avait utilisé l’enrobé dans sa première version, ils auraient dû à nouveau resurfacer la piste quelques mois plus tard, comme ça s’est passé en 2007. Ils avaient refait la piste en mai, et en octobre, pour le MotoGP, le tracé avait été refait à 50 %. Parce que le bitume s’arrachait. À Sepang, la piste a été utilisée cinq jours après qu’on a fi ni nos travaux de réfection. Et ça n’a pas bougé.

On a vu avec Silverston­e que le drainage n’était pas une chose simple à obtenir. Comment s’y prend-on ?

Il y a deux choses importante­s à savoir. 1 : l’eau n’a pas d’os ! C’est- à- dire qu’elle s’infi ltre partout. Et la seconde, c’est que l’eau s’écoule toujours du haut vers le bas ( il se marre). Avec ces deux postulats en tête, tu dois avoir recours à de nombreux outils informatiq­ues qui te permettent de calculer par où l’eau va s’écouler. Il faut examiner le type de texture de l’asphalte. La vitesse à laquelle l’eau s’écoule en fonction de l’inclinaiso­n de la piste. La façon dont les bosses affectent ces éléments. On essaie d’installer des zones de drainage là où il y en a besoin. Pas partout. Sur une piste de F1 moderne, tu as plus de 10 km de canaux de drainage. À Termas, on n’en avait pas plus d’ 1,2 km. Alors que tu peux aussi y courir avec des F1.

En dehors de Termas, quels sont les tracés que tu aimes en MotoGP, et pourquoi ?

Qatar : le tracé n’est pas mal, même s’il ne fait pas partie de mes préférés. Ensuite, Termas, Austin : trop compliqués, beaucoup trop compliqués. C’est sympa quand c’est compliqué, mais pas avec autant de virages. Jerez : beau tracé. Facile, rapide, bien réalisé. L’une de ces pistes dotées d’une âme dont je te parlais tout à l’heure. Utilisée par la F1 et le MotoGP. Le Mans : je préfère le circuit des 24 H auto. Mugello : l’un de mes préférés. Pas parce que j’y travaille, mais juste à cause du tracé. Barcelone : très bien. Assen : je préfère la version de 2004 ( avec le Northern Loop qui a

hélas été éradiqué depuis, ndlr). Sachsenrin­g : je n’aime pas. Le seul virage que j’apprécie, c’est celui que tout le monde déteste : le droite rapide n° 11 en descente. Le problème au Sachsenrin­g, ce n’est pas ce virage surnommé La Cascade ( The Waterfall, comme disait

Nicky Hayden), c’est la météo ! Il y fait souvent trop frais et tu as huit virages qui vont dans la même direction. Du coup, quand il fait froid, tout le monde se plaint du n° 11 à cause des chutes. Cette année, avec 10 ° C de plus, aucune plainte. Parce que les pneus restaient à températur­e malgré la succession de gauches, et qu’ils ne perdaient plus l’avant dans le droite rapide juste après. Donc je pose la question : est- ce bien la forme du virage qui est problémati­que ? ( il se marre). J’essaie toujours de concevoir des pistes qui soient bien équilibrée­s. En prenant en compte l’usure des pneus. Et la fatigue physique que ça engendre pour les pilotes. Donc je n’aime pas ce tracé qui ne tourne quasiment qu’à gauche. OK, c’est différent : c’est petit, étroit, physiqueme­nt exigeant. Mais ce n’est pas parce que je ne l’aime pas que le tracé est mauvais. De plus, cet endroit a défi nitivement une âme. Brno : bien et facile. Red Bull Ring ? Bien aussi ! Parce qu’il est très rapide. Trop d’accélérati­ons et de freinages pour moi, mais réellement différent des autres. Silverston­e : c’est un ancien aéroport. Comme Monza en F1. Un immense circuit, avec un héritage historique important, mais le tracé ne m’inspire rien de spécial. Aragon est un grand circuit. J’aime bien le Corkscrew ( virage “tire- bouchon”, ndlr) en descente, ou les virages qu’il y a en haut de la montagne juste avant, mais le reste ressemble à Silverston­e. Misano, je n’aime pas. Je préférais l’ancien qui tournait dans l’autre sens. Aujourd’hui, le circuit est très compact avec, là aussi, trop d’accélérati­ons et de freinages. Motegi : je n’aime pas non plus. Parce que les virages sont trop à angle droit. Trop simple. On dirait un design conçu par logiciel. Phillip Island : très bien. Et Sepang ? L’un des meilleurs.

Aimerais-tu dessiner d’autres circuits pour le championna­t du monde MotoGP ?

On est en train de le faire, donc oui ! Mais pas seulement. On a agi en tant que consultant pour la première partie du resurfaçag­e à Silverston­e ( que demande la Dorna pour que le GP puisse retourner là- bas, ndlr). On vient de fi nir quelques améliorati­ons pour Misano. On a aussi des projets en Malaisie : pour une rénovation du circuit de Johor. On travaille à Singapour sur le tracé de F1. Nous nous occupons aussi de dessiner les modifi cations qui vont avoir lieu ces prochaines années à Imola. De beaucoup de choses en fait. Et j’en suis très heureux. On aime dessiner des circuits, que ce soit pour la F1, le MotoGP, le Superbike ou l’endurance. Ou pour des motards qui viennent y rouler à la journée. C’est ce que j’expliquais à ma femme hier. Ce que j’aime dans mon boulot, ce n’est pas de savoir qui va l’aimer une fois qu’il sera fait. C’est tout le processus et les challenges que pose la constructi­on de la piste jusqu’à son achèvement qui est passionnan­t. Une fois que le circuit est terminé, c’est terminé pour moi aussi. Lorsque je suis allé en Argentine pour le premier MotoGP, j’ai été interviewé et l’on me demandait si j’étais ému de voir cette course inaugurale sur “mon” circuit. J’ai répondu que j’avais été vraiment impression­né par le niveau de performanc­e des pilotes, et je me rappelle encore

du dernier virage ( Marquez 1er, Pedrosa 2e, Lorenzo 3e en 2014, ndlr). Mais en fi n de compte, j’avais été davantage ému lors de ma précédente visite, quand j’ai constaté que le circuit avait été réalisé exactement comme on l’avait conçu.

Et les autres projets sur lesquels vous bossez actuelleme­nt sont-ils secrets ?

Oui, car il y a plein de gens qui disent qu’ils ont un circuit, et que le MotoGP va venir chez eux ( circuit of Wales, Kymiring, circuit de Java en Indonésie, etc., ndlr). Puis les choses prennent du retard, voire ne se font jamais. On a actuelleme­nt plusieurs clients qui nous demandent de construire des tracés pouvant accueillir la F1 et le MotoGP. Mais tant que le projet n’est pas suffi samment avancé, nous n’en parlons pas.

Ce n’est pas trop compliqué de dessiner des circuits pour le MotoGP et la F1 ?

Non, parce qu’avec les systèmes informatiq­ues dont je t’ai parlé, on arrive naturellem­ent à remplir les conditions de sécurité dont on a besoin pour les deux discipline­s. Notre boulot, c’est de pousser le design pour qu’il soit à la frontière de l’acceptable par nos clients. Parce qu’en fi n de compte, même si un circuit n’accueille que le MotoGP et pas la F1, il sera quand même utilisé par des voitures et des motos qui viennent tourner à la journée. Donc on ne peut pas penser qu’à l’un des deux mondes. D’ailleurs, nous sommes actuelleme­nt les seuls, avec les Allemands ( Tilke, ndlr), à construire des pistes qui accueillen­t Formule 1 et MotoGP.

Quid

de Spa-Francorcha­mps ?

J’y suis allé. Je sais qu’ils voudraient recevoir le MotoGP, et qu’ils conduisent des travaux en ce sens, mais je ne sais pas s’ils recevront l’homologati­on. Des virages comme le double gauche de Blanchimon­t demandent encore du travail au niveau des dégagement­s. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, les pilotes sont parfois trop exigeants en Commission de sécurité. Je pense qu’il devrait y avoir une limite à ces revendicat­ions établie par la FIM. La Fédé devrait être en mesure de dire : « Stop, concentrez- vous sur la course, nous, on gère la sécurité. » À ce titre, le cas du Sachsenrin­g est parlant : jusqu’en 2018, les pilotes trouvaient que la courbe n° 11 était la plus dangereuse de la saison. Et cette année, pas une seule plainte. J’aimerais donc que l’arbitrage en la matière soit plus objectif.

Quand tu vas sur un terrain où tu projettes de construire un circuit, est-ce que les autres tracés sont une source d’inspiratio­n, ou tu pars d’une feuille blanche ?

Toujours d’une feuille blanche. Les circuits existants sont très bien pour comprendre ce qui est bon et ce qui est mauvais. Mais pas pour les reproduire. Car mon but est de construire du sur- mesure pour chaque emplacemen­t. En fonction de ses caractéris­tiques, afi n d’obtenir une âme différente. C’est très important de savoir ce qui a déjà été fait. De savoir si une erreur a été commise et de comprendre pourquoi. Ça t’apprend à faire les bons choix pour que ton circuit fonctionne. Donc non, à Termas de Rio Hondo, je n’ai copié aucun virage existant. Mais si tu regardes El Villicum ( nouveau circuit argentin de Superbike, ndlr), ils ont reproduit mon dernier virage à Termas, le n° 14, car ils ont compris que dans cette direction, ça fonctionna­it mieux pour connecter la voie des stands. Copier est très simple. Mais si tu ne comprends pas pourquoi ça a été fait sur tel circuit, à un autre endroit, il est possible que ça ne fonctionne pas.

La topographi­e est-elle une source d’inspiratio­n ?

Oui. Mais aussi le vent, la position du soleil, la direction d’où vient la pluie en général. La façon dont l’eau s’écoule. La culture du pays. Juste pour te donner un exemple : les pilotes italiens sont toujours bons sur les circuits rapides. Alors que les Espagnols le sont sur les circuits lents. Pourquoi ? Parce que les Espagnols s’entraînent sur des pistes sinueuses, moins rapides que les pistes italiennes. Donc quand je vais dans un pays, je dois comprendre quel est son héritage culturel s’il y en a un. Et s’il n’y en a pas, cela me donne l’opportunit­é de le créer. C’est un choix et une responsabi­lité.

Quels sont le temps et le budget nécessaire­s à la constructi­on d’un circuit de MotoGP ?

En ce moment, ça coûte entre 50 et 100 millions de dollars ( soit entre 44 et 88 millions d’euros, ndlr). Le temps pour le construire : de deux à quatre ans, ou plus. En incluant la conception. Le politique a un rôle déterminan­t dans le processus d’autorisati­on. Si tu es soutenu par les politiques et que tu n’as pas à t’occuper des autorisati­ons, tout peut être fait en deux ans. Si tu es en Norvège par exemple et que les autorisati­ons te demandent quatre ans, tu ne peux pas faire moins.

Si ton budget était illimité, à quoi ressembler­ait ton circuit idéal ?

Je ne fais jamais de compromis de budget pour un tracé. C’est plutôt au niveau des infrastruc­tures, comme les tribunes ou les stands, qu’on peut opter pour différents niveaux d’équipement. Si l’on me donnait un champ et que c’est mon budget, je préférerai­s réaliser une piste comme Brands Hatch et ne pas avoir de stands. Ou Cadwell Park. Ça, ce sont les circuits tels que je les vois. Le problème avec les tracés de F1 ou de MotoGP, c’est le coût des infrastruc­tures autour de la piste. Voilà pourquoi une piste de F1 nécessite plus de 80 millions de dollars ( 70,4 millions d’euros). Un bâtiment de stands coûte en général entre 10 et 20 millions de dollars ( 8,8 à 17,2 millions d’euros). Rien que ça ! Et puis après, tu dois acheter le terrain. Et les rails de sécurité ! Si tu veux une piste de 6 km, tu as besoin de 12 km de rails. Plus 12 km de grillage. Plus 12 autres un peu plus loin ( pour éviter que des pneus ne volent dans le public en cas de crash). Ce sont tous ces coûts cachés qui font monter l’addition.

Tu parles aux pilotes avant d’entamer un projet ?

Toujours ! Par exemple, pour les modifi cations de Sepang

( resurfaçag­e + dévers dans le dernier virage et modifi cation de profi l et de cambrure dans les virages n° 5 et 6, ndlr), je suis allé voir plusieurs pilotes, plusieurs teams, ainsi que plusieurs team managers. J’ai collecté toutes les infos sur ce qu’ils pensaient du tracé de l’époque. Même chose avant la constructi­on de Termas pour connaître les souhaits des pilotes. Mais en fi n de compte, c’est nous qui prenons les décisions. Parce que le boulot des pilotes, c’est de piloter. C’est moi qui construis, c’est à moi de prendre mes responsabi­lités.

Comment se fait-il qu’un bon circuit produise un beau spectacle en piste, et qu’un mauvais circuit des courses horribles ?

Ha ha ! Une mauvaise conception, c’est quand le circuit est terne, facile, parfait. Une piste parfaite, ça ne fonctionne pas. Une piste a besoin d’être imparfaite. Car ce sont ses défauts qui permettent de faire la différence entre les pilotes. Il faut donc sublimer ces défauts pour en faire quelque chose de beau. Voici l’exemple que je prends toujours : pense à 20 superbes femmes. Tu prends le meilleur de chacune d’entre elles, et tu les réunis en une seule et même femme. Le résultat sera monstrueux ! Alors que chacune sera individuel­lement plus belle que la synthèse que tu viens de créer. Parce qu’elle possède des différence­s subtiles que tu ne peux pas recréer. C’est pourquoi je reprends l’exemple de Suzuka. Ce n’est pas une piste parfaite, mais son âme est incomparab­le.

Tous les pilotes qui ont couru à Suzuka ont été marqués par l’endroit...

Oui. Je n’ai été là- bas qu’une fois. Je m’y étais préparé des semaines à l’avance en jouant sur la Playstatio­n ® . Mais une fois sur place, même en connaissan­t chaque centimètre de piste, le feeling était totalement différent. C’est comme lorsque tu regardes le Mugello à la télé : oui, la piste est belle, rapide. Mais une fois que tu y es pour de vrai, ça n’a plus rien à voir. C’est pareil pour Zandvoort – autre création de John Hugenholtz –, qui est construit dans les dunes. Ce circuit est un bijou. La piste est au milieu des dunes, qui constituen­t d’ailleurs les dégagement­s. C’est un autre Suzuka que nous avons en Europe. Comme Rijeka en Croatie, où se déroule le championna­t du monde de side- car. Une piste magnifi que et qui pourtant, n’est pas parfaite.

Peux-tu améliorer une piste où les courses sont mauvaises pour qu’elles deviennent bonnes, ou est-ce trop de travail ?

C’est possible, on l’a démontré par exemple à Sepang, où ils avaient de gros problèmes de dépassemen­t en F1. Et on a prouvé qu’avec des petites modifs dans les virages 5 et 6, Max Verstappen a pu se positionne­r à l’exter’ de Dani Ricciardo et y rester pendant trois virages. La plupart du temps, il est facile d’améliorer les circuits. Peut- être pas suffi samment, mais un petit peu. Le problème, c’est ton état d’esprit. Tout dépend si tu veux aller sur un circuit et dire « je l’ai fait ! » , ou si tu y vas humblement, que tu essaies de comprendre ce que tu as sous les yeux. Et que tu tentes de régler un problème technique.

Y a-t-il de nouvelles technologi­es qui arrivent et qui vont changer la façon dont tu travailles aujourd’hui ?

J’espère que non. Parce qu’en tant qu’entreprise, nous aimons la technologi­e, mais nous apprécions aussi notre fonctionne­ment « à l’ancienne » . Pour autant, à chaque fois que nous avons un besoin, nous essayons de développer l’outil qui va nous permettre d’y répondre. Drainage, bosses, sondages, fabricatio­n de l’asphalte, bruit... Nous avons été subvention­nés par L’Union européenne car nous avons développé un appareil de mesure de bruit qui prédit de manière précise quel sera le bruit à l’intérieur du circuit. Qu’il émane d’une voiture ou d’une moto. Misano nous a demandé de développer DroCAS pour le MotoGP, Mugello de développer un outil de drainage spécifi que qu’on a appelé Whatson. Et qui est un outil d’analyse de la piste. Imola a voulu que nous améliorion­s le scan laser de Whatson, on l’a fait. Javier Alonso, de la Dorna, était venu me voir en 2013 et m’avait dit : « Jarno, on a un problème. À chaque fois qu’un pilote vient nous voir et nous dit qu’il y a une bosse, nous ne pouvons pas la voir. Peux- tu nous aider ? » Je lui ai répondu : « Oui, il y a un outil que nous avons breveté : Whatson. Il nous permet de dessiner le profi l des bosses sur le circuit. De la même manière que d’autres outils qu’on a développés prédisent où l’eau va stagner en cas de pluie. Je peux te dire combien de litres par minute un mètre carré d’asphalte drainera à tel endroit, ou non. Je peux aussi te dire combien de temps va durer le grip de ton asphalte. » C’est pour ça que chez Dromo, nous n’avons pas que des ingénieurs et des architecte­s. On a aussi des physiciens et des géologues. C’est une approche scientifi que et multidisci­plinaire. Mais c’est ce que nous aimons. C’est notre façon de faire.

SI NOUS AVONS BESOIN D’OUTILS POUR MESURER LES DÉGAGEMENT­S OU VOIR LES BOSSES, NOUS LES CRÉONS

 ??  ?? Jarno Zaffelli inspecte le tracé de Misano, qu’il a resurfacé avec sa société Dromo. Il a aussi réaménagé les dégagement­s afin de réduire la gravité des crashs. La déco de ces dégagement­s est l’oeuvre du talentueux Aldo Drudi, designer des casques de Valentino Rossi.
Jarno Zaffelli inspecte le tracé de Misano, qu’il a resurfacé avec sa société Dromo. Il a aussi réaménagé les dégagement­s afin de réduire la gravité des crashs. La déco de ces dégagement­s est l’oeuvre du talentueux Aldo Drudi, designer des casques de Valentino Rossi.
 ??  ?? Jarno Zaffelli (gilet orange), en plein boulot de réfection de Sepang avec le staff du circuit. À sa gauche, Franco Uncini, ancien champion du monde 500, qui en 2015 était responsabl­e de la sécurité pour la FIM (Fédération internatio­nale de motocyclis­me).
Jarno Zaffelli (gilet orange), en plein boulot de réfection de Sepang avec le staff du circuit. À sa gauche, Franco Uncini, ancien champion du monde 500, qui en 2015 était responsabl­e de la sécurité pour la FIM (Fédération internatio­nale de motocyclis­me).
 ??  ?? 1 Analyse de la piste au laser à Imola, en Italie. Le cahier des charges Dromo intègre également les besoins de la F1 dans son travail de conception et/ou de réfection des circuits. 2 Jarno et un échantillo­n du bitume utilisé pour la réfection du circuit de Sepang. Grip, drainage, résistance à l’abrasion, à la déformatio­n : le cahier des charges est complexe. 3 Le circuit de Rijeka en Croatie. Une oeuvre d’art dédiée à la vitesse, elle aussi resurfacée par Dromo. À droite, il y a même une piste d’atterrissa­ge pour votre jet privé. Que demande le peuple ? 3
1 Analyse de la piste au laser à Imola, en Italie. Le cahier des charges Dromo intègre également les besoins de la F1 dans son travail de conception et/ou de réfection des circuits. 2 Jarno et un échantillo­n du bitume utilisé pour la réfection du circuit de Sepang. Grip, drainage, résistance à l’abrasion, à la déformatio­n : le cahier des charges est complexe. 3 Le circuit de Rijeka en Croatie. Une oeuvre d’art dédiée à la vitesse, elle aussi resurfacée par Dromo. À droite, il y a même une piste d’atterrissa­ge pour votre jet privé. Que demande le peuple ? 3
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 ??  ?? 1 Simulation de la propagatio­n du bruit sur et autour du circuit du Mugello en Toscane. Un logiciel mis au point par Jarno Zaffelli et son équipe. 2 Étude de l’efficacité du drainage d’une portion de circuit. Vitesse de la circulatio­n de l’eau, nombre de litres écoulés par minute, zone de formation des flaques. Des données cruciales, comme on a pu le vérifier à Silverston­e où le mauvais drainage avait entraîné l’annulation du GP en 2018. Un cas de figure rarissime : la précédente annulation remonte au GP d’Autriche 1980... pour cause de neige !
1 Simulation de la propagatio­n du bruit sur et autour du circuit du Mugello en Toscane. Un logiciel mis au point par Jarno Zaffelli et son équipe. 2 Étude de l’efficacité du drainage d’une portion de circuit. Vitesse de la circulatio­n de l’eau, nombre de litres écoulés par minute, zone de formation des flaques. Des données cruciales, comme on a pu le vérifier à Silverston­e où le mauvais drainage avait entraîné l’annulation du GP en 2018. Un cas de figure rarissime : la précédente annulation remonte au GP d’Autriche 1980... pour cause de neige !
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 ??  ?? Gros plan d’une bande de bitume d’un centimètre de long. La surface inégale de cet enrobé « gros grains » assure son adhérence. Plus le bitume est lisse, moins il procure de grip et moins il draine.
Gros plan d’une bande de bitume d’un centimètre de long. La surface inégale de cet enrobé « gros grains » assure son adhérence. Plus le bitume est lisse, moins il procure de grip et moins il draine.
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 ??  ?? Le circuit de Rijeka, dont la couleur sombre tranche avec le coloris gris clair de la piste d’atterrissa­ge à gauche. C’est la caractéris­tique de tout bitume neuf. Les rayons du soleil vont progressiv­ement l’éclaircir, rendant plus facile le repérage des zones humides.
Le circuit de Rijeka, dont la couleur sombre tranche avec le coloris gris clair de la piste d’atterrissa­ge à gauche. C’est la caractéris­tique de tout bitume neuf. Les rayons du soleil vont progressiv­ement l’éclaircir, rendant plus facile le repérage des zones humides.
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 ??  ?? Jarno Zaffelli (à d.) avec ses collègues de Dromo à Sepang.
Jarno Zaffelli (à d.) avec ses collègues de Dromo à Sepang.
 ??  ?? 1 Rijeka au coucher du soleil. « Les circuits qui ont une âme se servent souvent judicieuse­ment de leur topographi­e » , explique Jarno. 2 À Misano, suite à des chutes répétées, l’équipe de Zaffelli s’est aperçue qu’il y avait trop de dégagement­s bitumés à l’extérieur, provoquant des chutes à répétition. En les réduisant, les problèmes ont disparu. 3 Dromo travaille aussi sur les pistes de kart, comme ici à Mooresvill­e, en Caroline du Nord.
1 Rijeka au coucher du soleil. « Les circuits qui ont une âme se servent souvent judicieuse­ment de leur topographi­e » , explique Jarno. 2 À Misano, suite à des chutes répétées, l’équipe de Zaffelli s’est aperçue qu’il y avait trop de dégagement­s bitumés à l’extérieur, provoquant des chutes à répétition. En les réduisant, les problèmes ont disparu. 3 Dromo travaille aussi sur les pistes de kart, comme ici à Mooresvill­e, en Caroline du Nord.
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