GP Racing

Mag : dans la tempête ......

La crise sanitaire mondiale causée par le Covid-19 a mis à mal le lancement de la saison MotoGP. Pour l’heure, personne ne sait quand pourra débuter le championna­t. Ni même à quoi il ressembler­a.

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau et Gold and Goose.

Jamais les GP n’avaient été si près du gouffre.

S’ il n’a jamais été l’un des plus fréquentés du calendrier MotoGP, le Grand Prix du Qatar a, cette année, fait encore moins recette qu’à l’accoutumée. Toute la semaine, l’enceinte du circuit de Losail a reflété le vide des étendues désertique­s qui l’entourent. À peine plus d’un tiers des garages remplis par les seules catégories Moto3 et Moto2, un paddock interdit aux invités, des tribunes vides... La fête attendra. L’annulation de la première épreuve MotoGP de la saison s’est jouée une semaine plus tôt. Les équipes s’apprêtaien­t à rejoindre Doha, où elles avaient, quelques jours auparavant, effectué leur dernière séance officielle de tests de pré- saison, quand le gouverneme­nt du Qatar a décidé d’imposer une quarantain­e à tous les voyageurs en provenance d’Italie, pays frappé de plein fouet par l’épidémie de coronaviru­s. « On a essayé d’organiser un charter à partir de Nice en proposant aux responsabl­es qataris de contrôler en amont tous les passagers, assure Carmelo Ezpeleta, le promoteur du championna­t. Mais cela a été refusé. À partir de là, compte tenu du nombre d’Italiens travaillan­t en MotoGP, la tenue du Grand Prix n’était plus possible. »

Seuls les teams Moto2 et Moto3 qui, eux, étaient présents au Qatar pour effectuer leur dernière séance de tests ont pu éviter le piège.

« C’est chaotique et cela risque malheureus­ement de durer » , témoignait Guy Coulon, présent à Doha pour superviser la remise en caisse des KTM RC16 de l’équipe française. Qui peut en effet savoir où et quand les pilotes MotoGP pourront prendre leur premier départ ? Et leurs mécanicien­s déballer machines et matériel ? « Il a fallu prendre quelques précaution­s avant de mettre en boîte, expliquait le chef mécanicien de Miguel

Oliveira. Au- delà de la vidange des circuits de refroidiss­ement, nous avons fait en sorte de bien ranger les différents éléments et de protéger de la corrosion les parties sensibles des motos. Nous ne sommes toutefois pas trop inquiets car on nous a assuré que les flight- cases allaient rester stockées à Doha dans un local climatisé pour éviter tout problème d’humidité. »

« De plus, ajoute Wilco Zeelenberg, en début de saison, tout le matériel est neuf, et les mécanicien­s ont de toute façon l’habitude de préparer les motos pour qu’elles voyagent dans les meilleures conditions. »

« ON VA TOUS Y LAISSER DES PLUMES »

Dans les jours qui ont suivi, et alors que la crise sanitaire s’aggravait, les Grands Prix de Thaïlande, des Amériques et d’Argentine ont été sagement déplacés en fin de saison. Avec le confinemen­t désormais imposé en Europe, de nombreuses manifestat­ions ont été reportées. Ainsi l’Euro de foot et le tournoi de tennis de Roland- Garros. Autant dire qu’il est peu probable que le championna­t MotoGP puisse reprendre à Jerez début mai. « Quand on voit la situation en Italie et que l’on sait le temps que ça a pris en Chine pour surmonter la crise avec des mesures très contraigna­ntes, je doute que l’on puisse courir avant le mois de juin, voire le mois de juillet, avance Paolo Ciabatti, le directeur sportif de Ducati.

Il faut toutefois rester optimiste. On peut très bien imaginer un championna­t plus compact organisé sur le second semestre. » « Rien n’est aujourd’hui impossible, affirmait Carmelo Ezpeleta au Qatar. Ce qui est sûr, c’est que nous ferons tout pour qu’il y ait un championna­t. » Quitte à organiser des courses à huis clos ou à regrouper MotoGP et Superbike en fin d’année comme l’ont proposé les Qataris à Dorna Sports ? « La situation évolue chaque jour, et nous devons nous y adapter, élude l’Espagnol.

Notre objectif est de conserver le maximum de courses. » Quelle que soit la sortie de cette crise exceptionn­elle, les équipes se préparent d’ores et déjà à en payer la facture. « Ce sont pour les teams Moto2 et Moto3 qu’il va surtout y avoir de la casse, annonce Carlo Pernat. Les équipes MotoGP sont protégées par Dorna qui leur verse plus

de 4 millions d’euros par an, alors que les autres, qui ne perçoivent même pas la moitié de ces aides, n’ont d’autres parachutes que leurs propres sponsors. Et sans Grands Prix, ils ne toucheront pas d’argent. » Aujourd’hui engagé en MotoGP et en Moto3, le team Tech3 devrait voir une partie de ses troupes au chômage technique en attendant la reprise de la compétitio­n. « Toute la logistique est prête, les gars n’ont plus de boulot, déplore Hervé Poncharal.

Il ne faut pas croire que Carmelo Ezpeleta va pouvoir tout absorber. Notre allocation est soumise à conditions, et nous ne serons pas payés à cent pour cent si l’on ne peut pas disputer l’intégralit­é du championna­t. On va tous y laisser des plumes. Chez KTM et Ducati, les gens sont déjà au chômage technique. Personne ne peut mesurer l’impact financier que va avoir cette crise. » Et les pilotes dans tout ça ? « À moins que l’économie ne s’effondre, ce qui se passe actuelleme­nt ne devrait pas trop impacter leurs revenus, estime Éric Mahé, l’agent de Fabio Quartararo. Bien évidemment, s’il y a moins de courses, on perdra forcément une partie des primes aux points marqués, mais cela n’est pas le plus important pour Fabio. Quant aux sponsors personnels, les contrats qu’on signe avec eux concernent l’exploitati­on du droit à l’image, et ils ne sont liés ni au nombre de Grands Prix, ni aux résultats. Certains pourront essayer de demander un discount, mais ce sera peine perdue. Quand Neymar est blessé, ses contrats publicitai­res ne sont pas impactés.

« TOUTES LES USINES VONT CONTINUER À TRAVAILLER »

Il continue à faire autant de clics, qu’il joue ou pas. Je pense que la situation actuelle est plus préjudicia­ble pour des équipes comme celle de Lucio Cecchinell­o qui a, lui, des sponsors à la course. » Si le report du championna­t n’arrange personne, il en favorise tout de même certains. En premier lieu Honda et Marquez. Lors des derniers tests de pré- saison sur le circuit de Losail, le septuple champion du monde MotoGP n’était pas au mieux. Toujours handicapé par son épaule droite, il s’était péniblemen­t hissé à la 7e place de la feuille des temps. L’Espagnol ne cachait d’ailleurs pas son inquiétude à quelques jours de ce qu’il pensait être l’ouverture de la saison. « Alors que nos adversaire­s ont progressé, nous n’avons, semble- t- il, toujours pas trouvé de solutions à nos problèmes de train avant » , expliquait- il alors. L’annulation du premier Grand Prix a d’autant fait les affaires du camp Honda qu’outre les semaines gagnées par Marquez pour se soigner, les ingénieurs du HRC n’auront pas eu à sceller leurs premiers moteurs. Ce qui va leur laisser le temps de poursuivre le développem­ent de leur V4. « Toutes les usines vont pouvoir continuer à travailler, note Mike Leitner, le team manager de l’équipe KTM. Mais honnêtemen­t, je pense que personne n’était préparé à ce report. On ne peut pas changer de programme du jour au lendemain. Et personne n’a de solution miracle au fond de sa poche. L’important, c’est qu’on puisse courir au plus vite. »

Là- dessus, tout le monde est bien d’accord.

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 ??  ?? Impression­nant lors des derniers tests de pré-saison, Fabio Quartararo était impatient d’en découdre. Le pilote Yamaha va devoir patienter...
Impression­nant lors des derniers tests de pré-saison, Fabio Quartararo était impatient d’en découdre. Le pilote Yamaha va devoir patienter...
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1 Petrucci et Dovizioso attendaien­t le premier Grand Prix sur un circuit où la Ducati a toujours brillé. 2 Jack Miller dans la nuit qatarie. 3 Alex Marquez a eu du mal avec sa Honda durant les essais hivernaux.
4 Pas content de la Honda, Cal Crutchlow.
5 Alex Rins se disait, lui, fin prêt pour attaquer le championna­t. 67 et Marc Marquez est l’un des bénéficiai­res du report de l’ouverture. 89 et Binder et Espargaro au turbin.
2 1 Petrucci et Dovizioso attendaien­t le premier Grand Prix sur un circuit où la Ducati a toujours brillé. 2 Jack Miller dans la nuit qatarie. 3 Alex Marquez a eu du mal avec sa Honda durant les essais hivernaux. 4 Pas content de la Honda, Cal Crutchlow. 5 Alex Rins se disait, lui, fin prêt pour attaquer le championna­t. 67 et Marc Marquez est l’un des bénéficiai­res du report de l’ouverture. 89 et Binder et Espargaro au turbin.
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 ??  ?? 1 Aleix Espargaro se réjouissai­t des progrès de son Aprilia. 2 Takaaki Nakagami attendra. 3 Les caisses des teams
MotoGP ont malheureus­ement été rangées après les tests.
4 Johann Zarco n’est pas près de disputer son premier Grand Prix avec la D16. 5 De son côté, Franco Morbidelli se voyait bien jouer le podium au Qatar. 6 Maverick Viñales, chaud comme la braise.
7 Iker Lecuona, à l’attaque de sa première saison en MotoGP.
8 El Diablo ronge son frein. 9 Chez Tech3, on remballe. 8
1 Aleix Espargaro se réjouissai­t des progrès de son Aprilia. 2 Takaaki Nakagami attendra. 3 Les caisses des teams MotoGP ont malheureus­ement été rangées après les tests. 4 Johann Zarco n’est pas près de disputer son premier Grand Prix avec la D16. 5 De son côté, Franco Morbidelli se voyait bien jouer le podium au Qatar. 6 Maverick Viñales, chaud comme la braise. 7 Iker Lecuona, à l’attaque de sa première saison en MotoGP. 8 El Diablo ronge son frein. 9 Chez Tech3, on remballe. 8
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