Moto2 au Qatar................
Promue plat de résistance du Grand Prix du Qatar, la catégorie Moto2 a tenu ses promesses en offrant du spectacle. Mais aussi quelques surprises... Assurément, l’ouverture du championnat n’a pas été celle que l’on aurait pu imaginer.
Un Américain en pole, un Japonais vainqueur...
UN AMÉRICAIN EN POLE POSITION, UN JAPONAIS SUR LA PLUS HAUTE MARCHE DU PODIUM... UN SCÉNARIO IMPROBABLE
Un Américain en pole position, un Japonais sur la plus haute marche du podium... Qui aurait misé sur un tel scénario à la veille de la première épreuve de la saison ? « C’est certain, pas plus Roberts que Nagashima n’étaient comptés parmi les favoris, note Joan Olivé, le team manager de l’équipe VDS. Mais n’oublions pas que les premières courses ne reflètent que rarement ce que sera la suite de la saison. Même si le passage en MotoGP d’Alex Marquez et Brad Binder a forcément changé la donne par rapport à l’an dernier, on risque de retrouver des pilotes un peu plus expérimentés aux avant- postes dès que le championnat pourra reprendre son cours. »
Bien sûr, Joan Olivé espère voir parmi eux Augusto Fernandez, le pilote débauché du team Pons en novembre dernier pour succéder au champion du monde en titre parti rejoindre son frère en MotoGP. Un scénario qui, là encore, n’était pas prévu au départ. « D’un côté, nous étions contents pour Alex car il méritait de trouver une place en MotoGP, souligne le team manager de l’équipe VDS. Mais c’est vrai que tout ça s’est fait lors de la dernière course et nous a mis en difficulté. Heureusement, nous avons pu trouver un accord avec Augusto. Nous parlions ensemble depuis un moment car notre équipe l’intéressait, mais l’idée était que cela se fasse plus tard. Il a fallu bousculer quelques contrats. Avec deux nouveaux pilotes, Lowes ayant de son côté remplacé Vierge, nous sommes en phase de reconstruction. Cela dit, l’équipe technique est la même et il y a chez nous des gens de grande expérience. » Au Qatar, le team tenant du titre est totalement passé à côté. Blessé à l’entraînement en février, Lowes a dû jeter l’éponge au soir de la première séance d’essais, et Fernandez est tombé en début de course. L’Espagnol n’a pas été la seule tête d’affiche à rater son entrée. Jorge Martin s’est classé vingtième, Fabio Di Giannantonio treizième, Thomas Lüthi dixième... Seuls Lorenzo Baldassari et Enea Bastianini se sont montrés à leur avantage en se hissant sur le podium.
« EN ÉTAT DE GRÂCE »
Cela ne les a pas empêchés de se faire voler la vedette par Tetsuta Nagashima après s’être fait moucher aux essais par Joe Roberts. Quatorzième sur la grille de départ, le Japonais dit avoir toujours cru en ses chances de monter sur le podium. « Depuis les tests de la semaine dernière,
j’étais vraiment très bien sur la moto, confiait- il à l’arrivée. J’avais un super rythme en pneus usés et je savais que ça serait la clef. Pas mal de pilotes étaient en difficulté avec le pneu avant, ça n’était pas
mon cas. » Le pilote du team Ajo a donc fait preuve de patience. Douzième à la fin du premier tour, septième à mi- course, il pointait en troisième position à trois tours de l’arrivée. Il ne lui restait plus alors qu’à se défaire d’Enea Bastianini et de Lorenzo Baldassari. Ce qu’il a fait proprement pour passer la ligne avec plus d’une seconde d’avance sur les deux Italiens. « Dans les trois derniers tours, j’étais en état de grâce. J’avais l’impression que ça n’était plus moi qui pilotais. Mes freinages, ma position... Tout était parfait. Je n’avais jamais ressenti cela depuis mes débuts en Grands Prix. »
Forcément, en passant la ligne d’arrivée, Tetsuta a eu une pensée pour son ami Shoya Tomizawa, mort le 5 septembre 2010 après une chute sur le circuit de Misano. Cette année- là, le Japonais avait, lui aussi, remporté son premier Grand Prix sur le circuit de Losail. Nagashima était alors étudiant. « Shoya était mon ami mais aussi mon héros, celui dont je m’inspirais, confie Tetsuta. Nous nous sommes connus enfants, il avait trois ans de plus que moi. Il m’a aidé, soutenu, encouragé...
Je lui dois énormément. » Contrairement à Tomizawa, Nagashima a mis du temps avant de s’installer en Grands Prix même s’il y fut engagé pour la première fois en 2013, en tant que wild card et à Motegi, au guidon d’une TSR. L’année suivante, il a disputé une bonne partie de la saison avec le team JiR en remplacement de Kohta Nozane. Sans grand résultat, il a ensuite couru en championnat d’Espagne Moto2. Il s’y est classé deuxième en 2016, retrouvant alors un guidon à temps plein en Grands Prix avec l’équipe SAG. Intégré en 2018 au sein de l’équipe Idemitsu Honda Team Asia, il a signé sa meilleure performance en se classant huitième en Thaïlande. Revenu dans le giron SAG en 2019, il a alors passé un cap. Une pole en Autriche, deux 5e places... Recruté cette année par Aki Ajo, le Japonais ne pouvait pas mieux démarrer la saison 2020. Ce père de trois enfants peut- il pour autant être considéré comme un candidat au titre ? « L’avenir le dira, répond son team manager. L’an dernier, Lorenzo Baldassari avait remporté les trois premières courses de la saison avant de disparaître des écrans radars. On ne peut jamais vraiment tirer de leçons d’une première course. »