VIRAGE 3 JEREZ LE BRISEUR DE CARRIÈRE ?
Mick Doohan y a terminé sa carrière de pilote en 1999, Marc Marquez y a ruiné sa saison 2020, le troisième virage du circuit de Jerez est beaucoup plus vicieux qu’il n’y paraît.
Vendredi 7 mai 1999. La première séance d’essais du Grand Prix d’Espagne, troisième de la saison, bascule dans sa seconde moitié. Mick Doohan, le quadruple champion du monde 500, occupe la deuxième place du classement provisoire derrière Kenny Roberts Junior, vainqueur en Malaisie et au Japon. L’Australien se dit confi ant, ayant reçu des évolutions sur sa 500 NSR. En cette fraîche matinée andalouse, la piste porte encore quelques traces d’humidité liées aux pluies nocturnes. Après avoir franchi la ligne d’arrivée, l’Australien place sa Honda dans le premier virage du circuit de Jerez. C’est un droit au rayon constant dont le freinage se fait en montée, avant d’accélérer jusqu’au très sec deuxième virage, un
180° en descente. Le changement d’angle suivant, pour plonger dans le 3, est très vif. La roue arrière de la Honda décroche et Doohan se retrouve catapulté dans un violent high- side. Il rebondit dans le bac à gravier jusqu’à arrêter violemment sa course dans une barrière de pneus. L’image de l’accident de Wayne Rainey en 1993 à Misano, et qui avait laissé le pilote américain paraplégique, est dans toutes les mémoires. Le bilan est lourd : clavicule, poignet, mais surtout fracture du plateau tibial de la jambe droite, celle qui avait été détruite dans l’accident d’Assen 1992. Opéré deux jours plus tard aux USA, il ne reprendra jamais plus le guidon en compétition.
Dimanche 19 juillet 2020. Premier Grand Prix de la saison de MotoGP. Comme depuis l’an dernier, Marc Marquez, six titres de champion du monde dans la catégorie, ne supporte pas d’avoir Fabio Quartararo devant lui. Dominé aux essais, Marc cravache et prend la tête de la course au troisième tour. Il pousse la cadence pour prendre de la marge. Trop. Après une incroyable cabriole déclenchée au freinage du virage n° 3, il réussit à rattraper la RCV n° 93 totalement à la dérive dans le bac à gravier. Revenu en piste à la
16e place, Marquez, complètement survolté, avale ses adversaires un à un. Au terme du 23e tour, il est troisième. Seules les Yamaha de Viñales et de Quartararo sont devant. Marquez pousse encore et oublie qu’entre le dernier virage à gauche, qui est l’ultime du circuit et le virage 3, il y a 1 012 mètres avant que le fl anc gauche des pneus ne fl irte avec l’asphalte. Largement de quoi refroidir et amplement de provoquer une énorme cabriole pour Marquez. Et contrairement à des dizaines de chutes précédentes, cette fois, le Catalan ne se relève pas indemne, l’humérus droit broyé. Cinq jours plus tard, une plaque et douze vis dans le bras, il reprend le guidon pour le Grand Prix de Catalogne. En vain, la douleur est trop forte. Il renonce à la course. Deux jours plus tard circulent des images d’une radio de son bras où l’on voit la plaque cassée net et plusieurs vis arrachées. Son entourage annonce deux mois de convalescence. Finalement, on ne devrait pas le revoir de la saison. À moins que, à l’instar de Doohan qui comptait revenir avant la fi n de la saison 93, on ne le revoie jamais...