Moto2, gloire au plus régulier ...
BASTIANINI L’ITALIEN QUE L’ON N’AVAIT PAS VU VENIR Alors que l’on attendait Luca Marini, c’est Enea Bastianini qui a décroché le titre de champion du monde Moto2 cette année. Les deux Italiens se retrouveront l’an prochain en MotoGP au sein du team Ducat
On attendait Marini, c’est Bastianini qui décroche le titre.
Comme en MotoGP et en Moto3, c’est le pilote le plus régulier qui a raflé la mise en Moto2. Sur le podium de la première course de la saison au
Qatar, Enea Bastianini s’est emparé des commandes du championnat en gagnant le Grand Prix de République tchèque après s’être imposé lors de celui d’Andalousie. Deux victoires consécutives qui ont propulsé l’Italien sur le devant de la scène. En difficulté en Autriche après une grosse chute dès le départ de la première course organisée sur le Red
Bull Ring, Bastianini a par la suite enchaîné les places d’honneur en décrochant quatre podiums dont deux victoires. Il lui aura tout de même fallu patienter jusqu’au dernier round organisé au Portugal pour s’assurer du titre. Avec quatorze points d’avance sur Sam Lowes, et dix- huit sur Luca Marini, le pilote du team Iltatrans disposait d’un confortable matelas. Encore ne fallait- il pas trébucher... « Sam et Luca étaient aujourd’hui beaucoup trop rapides, racontait Enea à l’arrivée de ce mémorable Grand Prix du Portugal.
Quand j’ai vu que je perdais le contact, je me suis dit qu’il fallait être intelligent et compter les points. Mon avance me permettait de finir hors du podium. Je me suis donc contenté de la cinquième place. »
Vainqueur à Jerez,
Brno et Misano, Bastianini a su, tout au long de la saison, profiter de ses temps forts, tout en gérant ses temps faibles. « J’ai réalisé cette année ma meilleure saison en Grands Prix, assure celui qui, après Morbidelli et Bagnaia, devient le troisième
Italien champion du monde Moto2. J’ai eu des moments difficiles, comme cette grosse chute au premier tour du Grand
Prix d’Autriche, mais je suis aussi monté à sept reprises sur le podium. Et au final, je
n’ai enregistré qu’un résultat blanc. » Ce que n’ont pas su faire ses adversaires. En grande forme jusqu’au Grand Prix de Catalogne, Luca Marini a été victime d’une vilaine chute aux essais du Grand Prix de France. Une chute qui a malheureusement porté un coup d’arrêt à sa belle série. Avec cinq points marqués en trois courses, le pilote du team Sky VR46 a certainement perdu là ses derniers espoirs de titre. La fin de saison a été tout aussi cruelle pour Sam Lowes. Après avoir enchaîné trois victoires au Mans et lors des deux courses organisées sur le circuit d’Aragon, le pilote Marc VDS a chuté lors de la première épreuve organisée à Valence alors qu’il occupait la deuxième position, et il s’est blessé à la main droite en retombant lourdement aux essais de la seconde épreuve qui s’est tenue sur le circuit Ricardo Tormo. S’il a courageusement serré les dents pour monter sur le podium de Portimao, Sam Lowes n’a pu refaire son retard sur Enea Bastianini. Il termine troisième du championnat à égalité de points avec le deuxième, Luca Marini.
GIOVANNI SANDI,
SON « DEUXIÈME PÈRE »
Champion du monde avec neuf points d’avance sur ses deux dauphins, le protégé de Carlo Pernat concrétise donc là un talent reconnu depuis longtemps mais qui semblait devoir rester lettre morte.
Né à quelques kilomètres du circuit de Misano, Enea Bastianini a été repéré dans les courses de mini- motos par Fabrizio Cecchini, le bras droit de Fausto Gresini. Passé en 2013 par la Red Bull Rookies Cup qu’il termine en quatrième position, le gamin de Rimini déboule sans tarder en Grands Prix. En 2014, avec trois podiums et une neuvième place au classement général, il est sacré meilleur débutant. La saison suivante, il remporte sa première victoire et termine troisième du championnat du monde. À 17 ans, Enea se retrouve courtisé. Emilio Alzamora lui propose de rejoindre son équipe pour remplacer Fabio Quartararo, passé chez Leopard.
Mal conseillé, l’Italien tente de rompre son contrat avec Gresini, mais ce dernier résiste. Contraint et forcé, Bastianini rempile avec la structure qui lui a mis le pied à l’étrier avant de s’engager l’année suivante avec le team Monlau. Ce sera un échec. Deuxième du championnat du monde derrière Brad Binder en 2016, il ne termine que sixième la saison suivante. Cette même année, son chemin croise celui de Carlo Pernat, l’ancien directeur sportif d’Aprilia devenu par la suite manager de Loris Capirossi et d’Andrea Iannone. « Enea était mal entouré, mal conseillé, confie le Génois.
La première chose a été de l’éloigner de l’équipe d’Alzamora où il ne s’était jamais senti soutenu. Je l’ai emmené chez Leopard, ce qui n’était pas forcément non plus un très bon choix, mais il a tout de même terminé la saison en 4e position avec une victoire et six podiums. » C’est finalement en passant en Moto2 en 2019 avec l’équipe Iltatrans que Bastianini va prendre un nouvel essor. Avec Giovanni Sandi, l’ancien chef mécanicien de Max Biaggi, il trouve le complice qu’il attendait. « C’est devenu pour moi un deuxième père, confie le nouveau champion
du monde. J’ai tellement appris de lui... Nous avons une relation incroyable. » Une relation qui a porté ses fruits cette année.