Romain Guillot, préparateur physique de Johann
Romain, quelles sont, en 2020, les qualités athlétiques de Johann ? Pas facile de travailler dans le cadre d’une saison 2020 perturbée par le Covid-19. Même si le confinement qui a repoussé le 1er GP de mars à juillet nous a permis de rattraper les pépins qu’il a eus en fin de saison (cheville àValence 2019,ndlr) et pendant la préparation hivernale (blessure au dos suite à une chute en dirt-track en janvier). Sur la saison 2020, je dirais qu’on a pu retrouver un niveau de performance physique et athlétique supérieur à 2019. Et comme la tête a bien suivi, le potentiel a été accru.
À 30 ans, Johann est obligé de se battre contre des petits jeunes de 21 ans, comme Quartararo. Le déficit cardio est-il surmontable ? Note qu’un petit vieux comme Rossi
(41 ans) ne s’en sort pas trop mal ! (Rires) Je ne pense pas que le rythme cardiaque soit le facteur limitant en MotoGP. Avoir une bonne fréquence cardiaque maîtrisée à l’effort ne suffit pas. Sur la moto, la vitesse et le stress créent une grosse sécrétion d’adrénaline et de différents neurotransmetteurs qui font monter la fréquence cardiaque. Que tu sois jeune ou vieux, de toute façon, ton coeur va monter très haut. Ce qu’on sait maintenant par analyse depuis le Moto2 avec Johann, c’est que plus tu es en harmonie avec ta machine et moins tu la subis, moins ta fréquence cardiaque va être élevée, et plus tu es à l’aise sur la durée de la course. La marge de fréquence que tu gagnes à l’entraînement, c’est celle qui va te permettre de te battre devant plutôt que derrière. Le facteur âge n’est donc pas déterminant. Au contraire : les athlètes sont plus performants en MotoGP lorsqu’ils ont de l’expérience, à condition, bien sûr, qu’ils aient suffisamment travaillé leur endurance.
Dans quel domaine athlétique Johann est-il le plus fort, et qu’est-ce qui lui reste à travailler ? Dur de répondre parce que Johann est assez homogène. En gymnastique et en force pure, il peut encore aller chercher quelques trucs, tout comme sur l’endurance globale, sur le vélo ou en course à pied. Sa plus grande force, c’est de ne jamais lâcher son effort, même dans la difficulté.