Oiseau rare
Le parcours de Johann le prouve : l’homme a de la ressource. Quitter sa maison et ses parents à 17 ans pour devenir pilote pro, ou abandonner un contrat de pilote d’usine MotoGP à 1,5 million d’euros au motif qu’il ne se juge pas assez performant, peu de membres du paddock l’auraient fait. Johann Zarco est un oiseau rare : il est le seul pilote MotoGP en activité à avoir roulé sur toutes les marques de moto actuellement présentes, Aprilia excepté. Il n’a pas de manager, pas d’homme de main, et s’entraîne sur une moto de route qu’il entretient lui-même. Tout ceci aussi est assez singulier dans le monde hyper assisté du sport de haut niveau. Et pourtant, ça fonctionne, puisqu’à la force du poignet, il a réussi à reconquérir un guidon d’usine.
La méthode Zarco est la suivante : travailler façon commando avec son préparateur physique Romain Guillot (lire encadré) et son frère Jérôme, chiropracteur, avec qui il se déplace soit à l’entraînement, soit sur les circuits. Même techniquement, Johann approche sa discipline de manière singulière : il ne se focalise ni sur le chrono, ni sur les réglages, et se contente de donner ses sensations à la descente de moto. Afin de ne pas parasiter le travail de l’équipe technique d’une part, et de pouvoir se focaliser à 100 % sur son job de pilote qui consiste à aller le plus vite possible. Musicien (piano, guitare, chant), pince-sans-rire et rêveur, il est doté d’une personnalité atypique, d’une ouverture d’esprit et d’une culture qui le destineraient davantage à l’université qu’au paddock MotoGP. Mais il n’en a cure et trace sa route. J’ai beau le connaître depuis onze ans, je suis persuadé qu’il nous réserve encore de belles surprises.