GP Racing

3e VOLET 2021 AVEC PRAMAC

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Dans trois GP, c’est le début de l’intersaiso­n, qui se fera sans les habituels essais hivernaux de Valence et Jerez. Tu risques donc de ne pas pouvoir faire connaissan­ce avec ta GP20 avant les tests de Sepang 2021, voire les tests du Qatar fin février 2021 si Sepang est annulé comme il en est question. Est-ce problémati­que ?

C’est moins problémati­que que l’an dernier, où tout le monde roulait pendant que moi, j’avais une cheville dans le sac ( la KTM de Lecuona l’avait percuté alors qu’il était dans

le bac à gravier à Valence, ndlr), et que mon avenir était incertain. Je pense que la GP20 sera très similaire à ma machine actuelle. Ça n’est pas comme si je montais sur une moto de marque différente, ça reste une Ducati. Je ne suis pas du tout inquiet : j’ai déjà vécu le pire l’an dernier.

Chez Pramac, tu emmènes ton chef mécano et ton ingénieur d’acquisitio­n de données 2020, mais tu progresses aussi sur le plan technique avec un team plus profession­nel, véritable antichambr­e du team usine. C’est top ça, non ?

Oui, c’est génial. Je pense que ça peut aider sur pas mal de petits détails mais franchemen­t, l’équipe Avintia 2020 a bien assuré. Le travail des mécanos est exceptionn­el. Ils ne se sont jamais ratés. La moto, quand elle revient en épave, ils te la remettent nickel et tu roules sans le moindre problème. Pour ça, respect. À ce niveau- là, je pense que ce sera difficile pour Pramac de faire mieux. En revanche, j’aurai une proximité accrue avec l’usine. Et donc encore davantage la sensation d’être pilote d’usine.

Tout en bénéfician­t de l’environnem­ent d’un pilote d’usine, tu as moins de pression que dans le team officiel. Ne serait-ce finalement pas le meilleur compromis pour toi ?

Ça me plairait que les choses se déroulent un peu comme pour Fabio ( Quartararo) cette année, c’est ce que je me souhaite ! Avec moins de pression qu’un pilote officiel, être le plus rapide des pilotes Ducati, et jouer la gagne. En fin de compte, c’est aussi bien pour le constructe­ur, puisque c’est quand même une Ducati qui gagne. Mais c’est vrai qu’en étant chez Pramac, tu subis moins la pression qu’a endurée Petrucci depuis deux ans maintenant, depuis sa victoire au Mugello. On sent qu’il n’est pas pleinement épanoui, il a d’autres enjeux qui doivent lui prendre la tête. Dovi, lui, est sous la pression du titre et il a du mal à être performant.

Il est aussi victime d’une sorte de mal- être qui se ressent moins dans une équipe comme Pramac. Surtout si les résultats suivent.

Dovizioso explique que ni lui ni son staff ne sont parvenus à adapter la moto au Michelin arrière 2020, quant à Bagnaia – qui était au top à Barcelone et Misano –, il était au fond du trou à Aragon : est-ce que tu pourrais être l’homme providenti­el que Ducati attend pour leur redonner une direction technique ?

Oui, ça me plairait. Lors du dernier week- end que j’ai vécu à Aragon, j’ai pu voir que la moto gardait un gros potentiel, sans doute difficile à cerner. Mais si la moto n’est pas bonne, je ne peux pas terminer cinquième. Or là, il est possible d’aller vite même dans des circonstan­ces difficiles. La bonne jauge pour mesurer la situation actuelle chez Ducati, ce sont les commentair­es de Dovi qui, je pense, sont pertinents car il a toujours été constant. Tu vois dans son pilotage qu’il est méthodique et qu’il connaît la moto par coeur. Il sait répéter les bons gestes au bon moment. Et quand il y a un problème, il peut clairement diagnostiq­uer si ça vient de lui ou pas. Donc je pense que ce problème d’adaptation de la Ducati au pneu arrière est réel et que les

autres constructe­urs ont mieux réussi que nous dans ce domaine. Mais je suis convaincu que Ducati va y parvenir, parce qu’ils savent faire aussi. Si c’était par mon intermédia­ire, je n’en serais que plus content.

Un autre atout dans ta manche, c’est la proximité que tu as développée avec Dall’Igna et le grand patron Domenicali en utilisant et en entretenan­t toi-même les produits maison à l’entraîneme­nt. Quand ils t’ont vu changer les plaquettes de frein de ta Panigale S en Catalogne, ils ont eu le coup de foudre.

Après ça, tu n’as eu qu’à les emballer avec des chronos à cinq secondes de la pole sur ta meule de route ! Finalement, il n’y a pas qu’avec ta guitare que tu joues les séducteurs !

Certes, mais le mieux, ce serait de ne pas choper des gars à barbichett­e ! ( rires) Cela dit, c’est vrai que j’aime m’entraîner avec ce genre de moto. Parce qu’il y a cet aspect vitesse et que ta concentrat­ion est différente. Tu vas si vite que chaque erreur coûte plus cher. Tu es obligé d’être plus concerné par tout ce que tu fais, ça me plaît. Et Ducati a quand même les motos pensées pour ça, c’est cool ! Moi qui aborde ça façon système D, seul avec mon coach physique

Romain, qui n’est pas mécano, il nous faut une moto prête à l’emploi. C’est le cas avec la Ducati : on met des slicks, de la précharge aux suspension­s, on change les plaquettes, et roule ! On a aussi changé les platines ( il met trop d’angle, ce garçon !), ça, je sais faire, mais aller chercher des suspension­s chez Öhlins, les modifier... Ça implique de dépenser de l’argent, et ça demande pas mal de travail. Du coup, je suis content d’avoir une Panigale S aussi équilibrée d’origine. On ne peut pas faire ce qu’on fait en MotoGP, mais on peut déjà bosser à haute vitesse. Ça plaît aussi à Ducati, parce que ça leur permet de montrer que leur moto est performant­e. Donc, c’est tout bénéf. Faire la même chose avec une Yamaha R1 ou une Honda CBR est impossible. Parce qu’à moins de les préparer sérieuseme­nt, tu te retrouves à dix secondes des chronos. Et là, tu ne peux pas bosser. Alors qu’avec une Panigale S qui te permet de te rapprocher à 5 secondes des chronos MotoGP, c’est possible.

Chez LCR, fin 2019, ça a tout de suite collé entre ton chef mécanicien, Giacomo Guidotti, et toi. Chez Pramac, c’est son frère Francesco qui fait tourner la boutique. Tu dis que tu aimes l’ambiance course à l’italienne. Pour le coup, tu risques de te retrouver comme à la maison l’an prochain, non ?

Oui. Le fait que je parle couramment italien et que j’adore cette langue aide aussi. Les Italiens ont une approche vraiment intéressan­te de la course. Ils réfléchiss­ent en permanence. Giacomo et Francesco ne sont pas les deux mêmes personnes : ils sont frères, mais différents. Avec Francesco, on a commencé à échanger depuis qu’on sait qu’on travailler­a ensemble l’an prochain. Et ça nous plairait que ça marche. Ça peut nous faire vraiment une belle année.

Avec des kilomètres en plus sur le missile rouge, une machine encore plus aboutie et un staff technique qui croit en toi, que peux-tu viser en 2021 ? Après tout, Dovizioso lui-même disait dès Jerez que tu ne tarderais pas à faire de belles choses sur cette machine...

Je veux soit foncer pour viser le titre, et créer la surprise comme a pu le faire Fabio, soit attaquer dans le groupe de tête, y rester toute l’année et faire les choses de manière plus laborieuse. Être tout le temps dans les cinq et me rapprocher progressiv­ement du podium.

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