GQ (France)

L’ACTU SERIAL KILLER HIER, TRANS AUJOURD’HUI

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un brin forcée du tueur contrarié, l’acteur confie pourtant ne pas exclure son retour, même s’il voit mal « sous quelle forme il se ferait ». Si on soupçonne la réappariti­on du psychopath­e en chemisette d’être soumise au succès de la reconversi­on de son interprète, le personnage pourrait aussi tout simplement lui manquer : « Il y a forcément un sentiment de vide après tant de temps passé dans la peau d’un personnage. Cela vient du fait que vous vous êtes aménagé un espace à l’intérieur de vous-même pour l’héberger et il faut combler cet espace une fois que c’est fini. C’est un sentiment assez difficile à définir », estime-t-il, évasif. Mais n’allez pas voir dans cette hésitation un égarement.

Aux côtés de deux icônes du cool À 43 ans, l’acteur revient de loin. À savoir d’un cancer, médiatisé par son apparition aux Golden Globes le crâne glabre en 2010 : « Je ne crois pas que la maladie m’ait changé. Je fais sans doute plus attention à ce que je mange. Je réfléchis avant d’accepter une cigarette que l’on m’offre. Et je suis plus platement conscient que la vie est précieuse. » Cette posture modérée est confirmée quand il dresse en quelques mots son autoportra­it : « Je suis une combinaiso­n de sérieux et de drôlerie. J’aime m’amuser, mais j’ai besoin de calme. Je lis, je fais de l’exercice, je promène mon chien » Si on a bien compris, sa vie serait celle d’un Dexter sans la pulsion meurtrière. La fantaisie, Hall la réserve à ses personnage­s, comme Hedwig, la rock star transsexue­lle qu’il joue actuelleme­nt à Broadway. Ou Richard, le père de famille au look mémorable de Cold in July. Dans une bourgade perdue du Texas, cet homme sans histoires voit sa vie bouleversé­e quand il tue un cambrioleu­r à son domicile. Filet de moustache d’une laideur innommable et mullet au diapason, l’acteur est méconnaiss­able : « Je n’ai pas eu le temps de me laisser pousser une moustache fournie, explique Michael C. Hall. Mais ce n’était pas un problème. Cold in July est un film à propos d’un mec qui essaie de se faire pousser une moustache. C’est le truc le plus excitant qu’il ait entrepris dans sa vie avant l’accident du cambriolag­e. C’était important qu’il n’ait pas l’air stylé jusqu’à ce qu’il rencontre ces deux mecs joués par Sam et Don, qui sont chacun des icônes du cool à leur manière. » C’est de fait en croisant sur sa route un duo de vétérans (mention spéciale au cow-boy Don Johnson), que Richard se révèle à lui-même. Et le film avec. Si Cold in July débute comme un thriller classique, il bifurque vite vers une destinatio­n insoupçonn­ée, entre vendetta cartoonesq­ue à la Tarantino et personnage­s gratinés façon frères Coen. Un carrefour où Michael C. Hall peut laisser libre cours à une violence mal contenue, sous l’apparence de l’américain ordinaire. L’incarnatio­n fun d’une nation malade, dont Dexter était le visage familier et addictif.

DEXTER

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