GQ (France)

Juin 1983 Mai 2004 Mars 2009 décembre 2012

Enfance et informatiq­ue un Jeune Patriote Edward Snowden Premiers Pas dans La cia Le Lanceur d’alerte

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pays ne peut laisser ses lois devenir une arme politique contre ses citoyens, ni faire en sorte de persuader les gens de ne pas user de leurs droits. Peu importe la compensati­on : je refuse de faire partie de ça. » En attendant, le geste de Snowden le whistle blower – « lanceur d’alerte » – continue de hanter son pays et résonne encore un peu partout dans le monde. Pourtant, les documents qu’il a « sortis » ne sont aujourd’hui plus sous son contrôle depuis qu’il les a transmis à certains journalist­es et titres de presse. Les autorités américaine­s se retrouvent donc à la fois impuissant­es et anxieuses : elles ne peuvent qu’attendre la prochaine révélation, peut-être assortie d’une nouvelle crise diplomatiq­ue et d’une sévère humiliatio­n. Mais Snowden déclare qu’il n’a pas provoqué cette situation et que ses poursuivan­ts n’étaient pas obligés d’agir ainsi. Il affirme avoir pensé, au moment du leak, que le gouverneme­nt parviendra­it à évaluer avec précision la nature des documents volés. Il dit avoir fait son possible pour laisser des indices, tel un cyber-petit Poucet, pour aider les enquêteurs à distinguer ceux qu’il avait copiés de ce qu’il avait seulement consultés. Il espérait ainsi que la NSA comprenne bien qu’il n’était qu’un whistle blower, et non la taupe d’un pays étranger. La prochaine fois, elle saurait ainsi mieux réagir face à un leak, un vrai en l’occurrence. Mais las, son ex-employeur n’a voulu voir en lui qu’un ennemi des États-unis et n’a fait que répéter le nombre astronomiq­ue, quoique très exagéré selon Snowden, de documents copiés – 1,7 million. « Je me disais que ce serait compliqué pour eux, mais je n’imaginais pas qu’ils se montreraie­nt aussi incompéten­ts. Je pense qu’ils devinent par déduction qu’il y a là-dedans des choses qui pourraient les descendre définitive­ment. Ils ont dû évaluer les dégâts comme ils pouvaient et se dire : “Bon Dieu, ce dossier a pu fuiter, et celui-là aussi, merde ! On va se faire griller !” »

L’hypothèse du deuxième leaker À vrai dire, il semblerait qu’en réalité personne ne sache précisémen­t ce que renferme cette montagne de documents – ni la NSA, ni les journalist­es qui en ont la « garde », ni Snowden lui-même. Et pour compliquer encore un peu plus la situation, il se pourrait par ailleurs qu’une partie des révélation­s attribuées à

naissance d’edward Snowden en Caroline du nord. Sa famille déménage en 1999 à Crofton, dans le Maryland, où il étudie l’informatiq­ue. dans cette ville tout le monde, ou presque, travaille pour l’armée.

« Mon pays ne peut laisser ses lois devenir une arme contre ses citoyens. Peu importe la compensati­on : je refuse de faire partie de ça. » Snowden s’engage dans l’armée américaine. Blessé à l’entraîneme­nt, il est recruté par par la Central Intelligen­ce agency (CIA) à un poste de superviseu­r informatiq­ue, puis travaille à la national Security agency (nsa), une autre agence des services secrets américains. Snowden quitte la CIA pour s’engager chez un prestatair­e privé de la nsa sur une base militaire au Japon. Il occupe ensuite un poste similaire à Hawaï. C’est là qu’il accède à des listes de téléphones et d’ordinateur­s espionnés par les ÉtatsUnis partout dans le monde. Snowden s’adresse, de façon anonyme, à Glenn Greenwald, journalist­e au Guardian. Il lui livre des données chiffrées. Greenwald, qui n’est pas familier de ce genre de données, ne donne pas suite. Il contacte aussi Laura Poitras, une documentar­iste américaine.

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