ROBOT POUR ÊTRE VRAI ?
Star de la saga Terminator, Arnold Schwarzenegger est devenu un mythe de la pop culture ainsi qu’un animal politique et, contre toute attente, un sujet d’étude questionnant notre rapport à la machine. Ce mois-ci, GQ est allé voir qui se cache derrière la
Je reviens, donc je suis ! » Telle pourrait être la devise assumée d’arnold Schwarzenegger tant il semble organiser, à travers la sortie du cinquième volet de Terminator et à l’âge canonique de 67 ans, son éternel retour hollywoodien. Comme une pulsion vitale, une implacable stratégie de survie, cette certitude en titane d’être invincible. En VO cela donnerait « I’ll be back, therefore I am. » Je reviens, donc je suis. Je suis, donc je reviens. Soyez sûr que je reviendrai toujours. Ce mantra secret se présenterait, vous l’aurez compris, comme une improbable collision entre la plus célèbre réplique de Terminator (avec « Hasta la vista, baby ») et le non moins fameux cogito cartésien. Schwarzy l’a-t-il soigneusement gravé au creux de la bague à tête de mort gothique-bling qu’il arbore sur la couverture de ce nouveau numéro ? Hum. Même si nous l’avons longuement rencontré à Los Angeles, personne ne s’est risqué à lui chatouiller l’intérieur du doigt pour vérifier sur pièce. Schwarzy is back, un point, c’est tout. Et c’est déjà énorme tant l’ancien culturiste autrichien huileux, la prodigieuse machine musculaire née avec le titre de Mr Universe puis avec Conan le Barbare (« Connard le barbant », disaient les mauvaises langues à l’époque) n’était pas exactement programmé pour devenir l’immense mythe de la pop culture que l’on connaît aujourd’hui. Encore moins la machine charismatique qu’il a construite en exerçant le mandat de gouverneur de Californie. Ou encore, tout récemment, en devenant l’un des plus inattendus et ardents défenseurs de Charlie Hebdo aux États-unis, s’abonnant juste après les attentats pour manifester concrètement son soutien, comme il le raconte sincèrement à notre journaliste Jacques Braunstein (p. 74). Si décrypter la « machine » Schwarzy nous intéresse tant, à GQ, c’est qu’elle synthétise au fond une quantité incroyable de données de l’époque. À travers son personnage de Terminator, bien sûr, mais aussi l’homme lui-même.
Lorsque James Cameron a inauguré la saga avec lui, il y a plus de trente ans, se doutait-il qu’un géant comme Google émergerait et serait parfois assimilé à « Skynet », la superintelligence totalitaire du film? Imaginait-il que des images de Terminator seraient utilisées dans une conférence de L’ONU pour illustrer les risques liés aux drones et aux « robots tueurs » ? Qu’un laboratoire de l’université de Cambridge, le CSER (Center of Study of Existential Risk), fut baptisé « Terminator Center » lors de son ouverture en 2012 ? Enfin, on trouve même sur le Net des « Terminator studies », comme il y a des « cultural studies » ou des « gender studies » aux États-unis, qui recensent toutes les questions éthiques et philosophiques générées par les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle ou la multiplication des androïdes. Qui de l’homme ou de la machine a pris possession de Schwarzy, comme une parabole de notre condition au XXIE siècle ? La réponse, c’est ici et maintenant, dans GQ.
Terminator fait désormais figure de parabole de notre
condition au XXIE siècle.