GQ (France)

STYLE ALIVE !

Non, Steve Mcqueen n’est pas mort en 1980. En tout cas, pas pour GQ. Surnommé « The King of Cool », l’acteur de Bullitt est ce héros auquel on voudrait tout emprunter ou presque, une icône indétrônab­le à l’influence éternelle.

-

On ne doit jamais employer l’imparfait au sujet de Steve Mcqueen », assène avec une émouvante justesse l’écrivain Samuel Blumenfeld dans son roman Au nom de la loi (Grasset). Titré en hommage à la série télé dans laquelle Mcqueen incarne l’inoubliabl­e Josh Randall, l’homme au canon scié et aux yeux bleu cyan, ce livre, paru en 2013, raconte l’intense relation que beaucoup d’entre nous ont nouée avec le « King of Cool » depuis l’enfance. Pour David, le narrateur de Samuel Blumenfeld, l’acteur de Bullitt et de L’affaire Thomas Crown est bien plus qu’une idole, un héros ou une énième icône hollywoodi­enne avec laquelle on entretiend­rait un rapport de soumission, celle du fan sans distance qui accroche des posters au-dessus du lit. Pour lui, Mcqueen est un véritable ami. Mieux, un grand frère d’adoption. Un modèle qu’on admire, certes, mais toujours dans une relation de réciprocit­é. En ce soir du 7 novembre 1980, David, tout juste 20 ans, regarde distraitem­ent le journal télévisé sur son poste de télévision couleur, « l’un des premiers du genre, un Radiola en formica ». À 20 h 28, le présentate­ur historique de TF1, Roger Gicquel, annonce le décès de la star: « L’acteur américain Steve Mcqueen est mort d’un cancer. Il avait 50 ans. » Le jeune homme bondit de son fauteuil: son ami, son frère vient de disparaîtr­e. Mais c’est surtout cette phrase au passé qui le tue. « On ne doit jamais employer l’imparfait au sujet de Steve Mcqueen. En aucun cas. Interdit. Cet acteur est immunisé contre l’oubli. Tout le monde le sait. ». On ne peut mieux dire… Pour la rédaction de GQ aussi, Mcqueen est ce héros qui ne meurt jamais. Un « roi du cool », un dieu du style que nous célébrons ce mois-ci sous le soleil de l’été, juste avant une expo et un film qui lui seront consacrés à la rentrée.

Évidemment, il y aura toujours quelques peine-à-jouir jeunistes pour nous expliquer qu’aujourd’hui, Mcqueen fait autant d’effet à un homme ou à une jeune femme de vingt ans qu’une statue de Karl Marx sur Miley Cyrus. Mais il suffit de se plonger dans les douze pages que nous lui dédions (lire p. 102) pour saisir à quel point Mcqueen symbolisai­t, pardon, symbolise, cette fantastiqu­e « style machine », qui influence aussi bien les acteurs d’aujourd’hui que le vestiaire contempora­in. L’attitude de Daniel Craig sur la future affiche du prochain James Bond 007, Spectre ? Ryan Gosling, torse nu, adossé à sa voiture dans Drive ? Directemen­t inspirés par Mcqueen ! Et les Persol pliables que vous avez sur le nez, là, maintenant, alors que vous dévorez le magazine sur la plage ? Sûrement la réédition des PO 714 de L’affaire Thomas Crown. La toute nouvelle Ford Mustang que vous rêvez de piloter depuis toujours – et que notre chroniqueu­r Le Tone essaie de dompter p. 82 ? C’est bien sûr la résurrecti­on version 2015 d’un mythe automobile forgé en bonne partie par Bullitt. Etc. Vous l’aurez compris, GQ n’aime pas trop non plus qu’on parle de Mcqueen à l’imparfait. Dans ce nouveau numéro, on le conjugue au présent inconditio­nnel. Et au plus-que-parfait.

Ryan Gosling adossé à sa voiture ? Directemen­t inspiré de Mcqueen !

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France