GQ (France)

MARCHÉ DE L’ART IL A LA COTE, C’EST PROUVÉ ! UNE SOLIDITÉ À TOUTE ÉPREUVE DES RECORDS EN SALLE DE VENTE LA COQUELUCHE DES COLLECTION­NEURS

Un bureau signé Jean Prouvé, adjugé 1 117 800 €, confirme le retour en grâce du designer des années 1950. GQ vous donne trois bonnes raisons de vendre vos stock-options.

- Par Marie Farman

« Je construis un meuble comme une maison », affirmait Jean Prouvé. Ce précurseur, qui privilégia­it la solidité et la fonctionna­lité, ne jurait que par le bois massif et la tôle d’acier pliée, inspirée de la constructi­on automobile. Ses meubles produits en série, ergonomiqu­es et ultrarésis­tants, étaient, à l’origine, destinés aux collectivi­tés (écoles, administra­tions, résidences universita­ires, etc.). Ainsi, plus de soixante ans après sa création, le bureau Présidence ne présentait, le jour de sa vente, que quelques traces de cigarettes sur son plateau en bois teinté noir. Ces marques confèrent à ce « bureau du pouvoir » une aura supplément­aire.

Créé en 1952, le bureau Présidence, estimé 200 000 à 300 000 €, est parti pour 1 117 800 € chez Artcurial. Onze enchérisse­urs se sont affrontés pour obtenir « cette pièce chic et virile, avec son plateau galbé et son piétement asymétriqu­e », explique Emmanuel Bérard, directeur du départemen­t design de la maison de vente parisienne. Si le record mondial du designer français est de 1241 800 €, pour une table de 1956 provenant de la cité U d’antony, les chaises Standard s’arrachent en moyenne 10 000 € pièce. Prouvé est désormais « LE dieu du marché du design, au même titre que l’est Jeff Koons pour l’art contempora­in », assure Bérard.

À la dernière foire Design Miami, où défilent tous les grands collection­neurs, des pièces exceptionn­elles du designer se trouvaient sur de nombreux stands. Parmi les fans déjà conquis par l’oeuvre de Prouvé, on compte Brad Pitt, Pharrell Williams, Raf Simons et Ora ïto. Mais aussi l’architecte Renzo Piano : « C’était mon maître, soutient le cocréateur du Centre Pompidou. J’allais l’écouter en 1964 lorsqu’il était enseignant au conservato­ire des Arts et Métiers. Il était anti-académique et n’avait pas le diplôme d’architecte. Il avait toujours en tête les bonnes raisons pour lesquelles il faut construire. »

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