GQ (France)

JACQUES AUDIARD « JE RÊVE D’UNE COMÉDIE MUSICALE SUR LES G0-FAST »

Film social, politique, documentai­re ? Dheepan, Palme d’or au dernier Festival de Cannes, joue avec les genres, tout comme son réalisateu­r multiprimé. Rencontre sans étiquette.

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À la sortie de la projection cannoise de Dheepan, les réactions allaient du meilleur (« un chef-d’oeuvre ») au pire (« une apologie de la karchérisa­tion des banlieues »). Que le septième film de Jacques Audiard soit finalement reparti avec la Palme d’or n’a pas suffi à mettre tout le monde d’accord. Et ce n’est pas nouveau. Déjà, ses films précédents, De battre mon coeur s’est arrêté, Un prophète ou De rouille et d’os avaient irrité une partie de la critique qui leur reprochait leur efficacité « à l’américaine » alliée à un fond social. Rebelote avec Dheepan, qui raconte l’arrivée dans une cité de banlieue parisienne de trois réfugiés tamouls. Parti de l’envie de faire un remake des Chiens de paille, le revenge movie réalisé en

DHEEPAN, avec Antonythas­an Jesuthasan et Kalieaswar­i Srinivasan, en salle le 26 août.

« Très tôt dans le projet, il y avait l’idée qu’on suivrait le parcours de trois personnage­s qui allaient devenir une famille et, qu’à mesure que leurs rapports évolueraie­nt, le film aussi allait changer de forme, passer d’un genre à l’autre. Ça commence comme un grand film réaliste, un film de guerre, puis ça devient un documentai­re sur les immigrés et l’intégratio­n, puis un film de cité et enfin un vigilante movie (film d’autodéfens­e à la Charles Bronson, ndlr). Le monde contempora­in a énormément de défauts mais il a une qualité extraordin­aire, c’est qu’il est très multiple, et j’aime l’idée que le cinéma cherche des formes pour rendre « Je voulais donner une visibilité à des gens qu’on ne voit pas. Vous êtes à une table, il y a des roses qui arrivent, vous regardez le type, il insiste et puis vous le virez. Mais il vient d’où ? Moi, je trouve que ces gens sont des héros et je veux leur donner une image en scope. Antony, je ne parle pas salangue, il ne parle pas la mienne, ou très mal. Sur le plateau, la seule indication que je lui donnais, c’était de se redresser. “Sois plus droit Antony, tu es un héros.” Il le comprenait très bien. En France, quand on réfléchit à un casting, on a vite fait le tour. J’aime travailler avec des acteurs inconnus, ça m’exalte. Ça nécessite un type d’attention très soutenu. Kalie est comédienne de théâtre, mais Antony, lui, est écrivain. Au début, il pensait que le personnage c’était lui. Mais je l’ai vu changer de posture. Il a appris, avec beaucoup d’abnégation. Et puis il est beau. Il irradie. Le film était compliqué, mais tous les matins quand j’allais au travail, je savais que j’allais les retrouver. » on a une lecture épidermiqu­e de ces sujets, on les voit sous l’angle du fait de société. Quand je tourne un film de prison, la prison, c’est un décor. Ici, la cité est un décor. On peut avoir une lecture politique de Dheepan, mais c’est d’abord une fiction.»

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