Mais qui a peur de laurent alexandre ? l’homme qui veut nous rendre immortels l
Il en est persuadé, « l’homme qui vivra mille ans est déjà né ». Laurent Alexandre, 55 ans, est le chantre du transhumanisme en France. Cette doctrine futuriste qui mise sur l’intelligence artificielle pour abolir la maladie et la mort représente un busin
aurent Alexandre s’ennuie. Au bar d’un hôtel cinq étoiles à Paris, visage sec et impassible, dans l'éternel uniforme bourgeois-cool ( jean foncé, chemise rayée, mocassins noirs), il mitraille sa réponse. Se tait. Attend la question suivante. « Je n’aime pas parler de moi », se justifie-t-il en vous fixant. On a l’impression qu’il a passé notre cervelle au laser et l’a jugée peu digne de son cortex de visionnaire. Sans doute un accès paranoïaque de notre part. Car au second rendez-vous, Laurent Alexandre revit. Il est dans « son » monde. À Charleroi, en Belgique, dans les locaux de son entreprise Dnavision. Un des leaders en Europe du séquençage D’ADN, cette radiographie de nos cellules qui permet d’identifier les maladies tapies dans notre génome. Laurent Alexandre nous désigne un bloc de plastique gris pâle de 1 m3. C’est un séquenceur, un lecteur de gènes qui décrypte à la vitesse supersonique de 15 milliards de « bases » D’ADN par jour. Il suffit d’un cheveu, d’un peu de sang ou de salive, de quelques opérations préparatoires, et la machine vous déchiffre. Sous nos yeux, elle passe au crible un morceau de tumeur pour le compte d’un hôpital. L’opération prendra une semaine. « Dans trois ans, une demi-journée suffira, jubile Laurent Alexandre. Les thérapies contre le cancer seront de plus en plus personnalisées. » Si le progrès fascine ce fan de 2001 : l’odyssée de l’espace, Laurent Alexandre a aussi compris qu’un gigantesque marché est en train de s’ouvrir. Connaître en une poignée d’heures et pour quelques centaines d’euros les menaces contre votre organisme : pourquoi résister ? Des spécialistes prédisent que dans dix ans – si la loi l’autorise – 90 % des Français pourront s’offrir ce scanner génétique. « La technologie ne coûte plus rien, s’exclame-t-il. Depuis 2003, le coût d’un séquençage intégral a chuté de 2,7 millions de dollars à environ 1 000 dollars. » Et le prix