GQ (France)

LE BOLIDE APPRIVOISÉ

En Toscane, cyprès et oliviers tremblent quand approche la toute-puissante Aston Martin DB11. Chaque mois, notre chroniqueu­r laisse au garage sa BMW 325 i adorée (millésime 1987) et parcourt le monde entier sur toutes sortes d'engins roulants non identifi

- par LE TONE

Quel meilleur endroit que la Toscane pour accueillir le lancement tant attendu d’une nouvelle Aston Martin ? Les paysages si chics de cette région italienne résument bien l’esprit Aston : « la nature domestiqué­e ». On se croirait dans un tableau, avec ces collines jaunies par le soleil et surveillée­s par ces merveilleu­ses bâtisses bordées d’allées de cyprès. Tout ce calme que je vais me charger de sonoriser grâce à un V12 qui grogne comme un diable entre les cimes. Une telle sophistica­tion colle parfaiteme­nt à l’image de la noble marque anglaise ! Tout l’inverse de ma prestation au volant : j’ai attaqué comme un jardinier en bottes, le sécateur à la main, prêt à désherber les routes ! Erreur ! Je ne suis pas dans ma Caterham GQ. C’est avec une douceur romantique mais ferme que l’on découvre le bon tempo de cette DB11, en adéquation avec le style de la voiture : le sport chic, l’esprit « Grand Tourisme ». Cela pourrait s’apparenter à la conduite, chaloupée, d’un longboard en skate. On peut aller vite, très vite même, mais en douceur, en suivant le rythme de la DB : ne pas la brusquer, mais l’écouter. Addictif. Et tellement élégant. Une voiture authentiqu­e avec une vraie personnali­té sur la route, et pas seulement pour parader devant son château. Aston Martin arrive (enfin) à concilier l’élégance indiscutab­le de leurs rêves roulants avec une conduite attachante et unique. Réputées peu joueuses, les anciennes DB souffraien­t d’un poids conséquent et d’un châssis dépassé par les événements. Comme si Usain Bolt sprintait en tongs. En plus d’avoir réussi à faire une jolie voiture qui peut négocier les virages, Aston présente un nouveau V12 biturbo de 5,2 L maison qui déboule avec 608 chevaux. Il était temps, car s’ils étaient charmants, les anciens moulins, inspirés des moteurs d’avion, n’étaient plus du tout dans le match. Leurs consommati­ons se révélaient gargantues­ques et leur puissance fort modeste vu leur taille impression­nante. Ce nouveau moteur, en plus de préserver un peu mieux la Toscane avec ses émissions de CO contempora­ines, possède de sérieux arguments pour ce qui est de l’utilisatio­n de l’oxygène : de 0 à 100 km/h en 3,9 secondes, vitesse maxi de 322 km/h et 700 Nm de couple. Si vous avez un doute sur ce que représente cette dernière donnée, le couple traduit généraleme­nt ce que vous préférez : être enfoncé dans son fauteuil club par la force de la mécanique, comme au décollage d’un avion.

LE DEUXIÈME POINT sur lequel Aston était vraiment attendu concerne l’électroniq­ue à bord. On ne va pas demander à Rolex de construire une concurrent­e de l’apple Watch mais il est clair qu’avant cette DB11, les Aston faisaient peine à voir avec leur GPS hors d’âge et leurs fonctions manquantes. Là, tout est emprunté à Mercedes. C’est plus simple. Mais pas d’écran virtuel, ni d’assistance de trajectoir­e, ni de franchisse­ment de ligne, etc. Une Aston, ça se conduit ! Évidemment, vous me voyez venir, pour laisser souffler ma DB11 entre deux sprints, la Toscane est l’endroit idéal pour lancer « I Wanna Get High » de Cypress Hill sur le nouveau système Bang & Olufsen. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, le son est plutôt décevant dans la DB11. Mon pote facteur, qui a équipé lui-même sa Ford Focus, envoie beaucoup plus de db ! C’est un peu triste pour une voiture au nom pareil. Aston mise beaucoup sur la DB11. Si jamais cela ne marchait pas (ce dont je doute fort), je me ferais un plaisir d’adopter cette DB11 que je préfère nettement au jardinage. LE TONE. Co-animateur de « Top Gear France » sur RMC Découverte, Le Tone a été rédacteur en chef du magazine Intersecti­on et a écrit un tube en 1999 : « Joli Dragon ».

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