Chance the Rapper, Dieu lui a donné le groove
Avant, le jeune rappeur de ica o était un vrai bad bo epuis, il a vu la lumi re et livre un album aussi inspiré ue fun ortrait
CHANCE THE RAPPER a 23 ans et il vient de Chicago, comme son mentor Kanye West. Le soir où nous le rencontrons, à Paris, il est l’égérie d’une collaboration entre H& M et Kenzo. S’il apprécie l’audace de la marque japonaise, le jeune homme cultive personnellement un look plutôt nordique : sobre, discret, « plain », comme il le dit lui-même. À côté de lui, Drake aurait presque l’air excentrique. « Avec Kanye et Kendrick Lamar, Drake est mon modèle de style, avoue-t-il à GQ. J’adore les vêtements qui ont l’air presque génériques mais qui tombent parfaitement. » Musicalement, en revanche, Chance ne donne pas du tout dans la retenue. Sur Coloring Book, son troisième projet sorti en autoproduction juste avant l’été, il rappe et chante avec une verve spirituelle qu’on a rarement entendue dans l’histoire du rap. Au long de ces quatorze titres imprégnés de gospel, il y apparaît tantôt en comédien, tantôt en prêcheur, tantôt en garçon qui accède comme il peut à l’âge adulte. « En 2014, j’ai eu une période autodestructrice après ma mixtape Acid Rap. Je vivais à Los Angeles, je sortais, je me défonçais beaucoup. Et puis je me suis remis avec ma copine, je suis revenu à Chicago et nous avons eu un enfant. Tout ça m’a amené à redécouvrir ma foi, et c’est l’inspiration de mon nouveau disque. » Un disque écouté par Barack Obama lui-même – il faut dire que l’ancien sénateur de l’illinois a jadis travaillé avec le père de Chance à Chicago. Avant de filer, le rappeur nous glisse qu’il connaît de près la mythique scène house de sa ville. Plusieurs morceaux de Coloring Book sont d’ailleurs produits par des artistes venus de zones hybrides entre rap et house, comme Kaytranada et Lido. Artiste non signé, chrétien funky, adepte du look casual et fin connaisseur de dance music : Chance achève de nous convaincre que le rap, c’est vraiment mieux maintenant.