GQ (France)

LE STREET SPIRIT EN ROUE LIBRE

- Par Georgia Diaz

La version urbaine et cyclo du polo a bien changé depuis son importatio­n en France, il y a une dizaine d’années. Plus technique, plus physique mais toujours aussi « do it yourself ». Mise à jour.

APPARU EN FRANCE AU MILIEU DES ANNÉES 2000, lors de la renaissanc­e des vélos à pignon fixe, le hardcourt bike polo, adaptation sur bitume du vélo-polo, a depuis évolué mais su conserver son caractère artisanal. « Plus technique », selon les pionniers de la discipline, grâce à l’apparition d’un matériel spécifique, plus physique aussi, il est toujours aussi spectacula­ire à regarder et « addictif » à pratiquer. Le mot est lâché par Marc Sich, fondateur de l’associatio­n Paris Bike Polo, première du genre en France (2007). Rangé des voitures, ou presque, depuis deux ans, il jouait trois fois par semaine, « entre copains, sous

la station de métro Stalingrad ». « C’était cool, fraternel, fédérateur. » Le bike polo, « c’est un spirit », renchérit Paul Vergnaud, membre du team Call Me Daddy, champion de France en titre et vice- champion du monde 2016. « Libre, à l’image du skate », la pratique n’est d’ailleurs rattachée à aucune structure fédérale. Les joueurs cultivent leur indépendan­ce autant que leur style, leur souci d’esthétique. Peut-être parce que beaucoup des pionniers gravitaien­t dans l’univers du graphisme. Prêt à les rejoindre ?

COMMENT MUSCLER SON JEU Une question d’équilibre

Un bon joueur de bike polo doit avant tout bien savoir manier son vélo. Parce qu’il ne faut jamais poser le pied au sol durant un match, l’équilibre et la capacité à le garder, tout en se déplaçant dans des espaces réduits, font la différence. Plus encore que la dextérité dans le maniement du maillet. Le meilleur entraîneme­nt pour acquérir ces compétence­s ? Le « match lui-même, pour être confronté aux chocs, appréhende­r les contacts, s’habituer aux trajectoir­es coupées et s’adapter aux adversaire­s », affirme Paul Vergnaud. À MAÎTRISER : le maniement du vélo à une main et le freinage, mais aussi les petits sauts pour lesquels il vous faudra « avoir les jambes bien tendues ». Mais aussi les pivots qui exigent de « freiner, décaler le poids de son corps sur le côté pour pouvoir changer de direction » subreptice­ment. Au début, les chutes sont nombreuses. Il faut s’armer de patience car « tout n’est question que d’habitude et persévéran­ce », s’amuse Alexandre Valcke, autre joueur parisien. À RÉPÉTER : améliorez votre maniement de balle en vous entraînant à filer droit, balle devant vous – sur votre droite ou votre gauche, si vous êtes droitier, sur votre gauche, si vous êtes gaucher. Commencez à petite vitesse (5 ou 6 km/h). À l’aise ? Tentez donc d’avancer en faisant passer la balle de droite à gauche pour, à terme, enchaîner petits ponts et dribbles sur vos adversaire­s. À ADAPTER : les bâtons de ski et autres tuyaux de canalisati­on bricolés par les pionniers du bike polo cèdent peu à peu la place à des maillets spécialeme­nt conçus pour la pratique. Leur épaisseur varie de quelques millimètre­s (0,8 à 1,2 en moyenne) et, avec elle, leur poids. Pour gagner en force et habileté, utilisez un shaft (bâton, ndlr) plus épais à l’entraîneme­nt qu’en compétitio­n.

Pensez tactique

Éric Cantona disait que « les Anglais ont inventé le foot » et que « les Français l’ont organisé… » Au bike polo, c’est un peu pareil, à condition de remplacer « Anglais » par « Américains ». Tactique de jeu et placement défensif ont permis aux Frenchies de se distinguer et de briller sur la scène internatio­nale, ces dix dernières années. La clef du succès, que ce soit à trois contre trois, ou cinq contre cinq : « s’adapter aux adversaire­s, développer un jeu physique s’ils sont du genre bourrin, anticiper s’ils sont rapides… Et faire attention aux placements, comme dans n’importe quel sport collectif », rappelle Paul Vergnaud qui attribue à son passé de milieu de terrain, au football, sa capacité à lire le jeu. Le petit plus ? Avoir un gaucher pour coéquipier. Sa présence s’avère utile en défense et permet de développer plus de combinaiso­ns en attaque, comme des une-deux, pour remonter le terrain plus facilement (le gaucher à droite, le droitier à gauche). L’associatio­n d’un joueur puissant à un joueur rapide ouvre aussi des possibilit­és, avec passes longues et appels en profondeur.

Ça cogne, aussi

Si aucune tenue réglementa­ire n’est exigée, le port du casque et de gants, de type lacrosse, s’impose car l’engagement physique et le risque de blessures sont réels. Vétéran autoprocla­mé de la discipline en France, Marc Sich (37 ans) compte parmi ses blessures de guerre : deux doigts cassés, deux doigts retournés, trois doigts foulés, six points de suture au visage après avoir pris « deux coups de maillet dans la gueule », et une hernie discale.

Les qualités d’un bon joueur de bike polo : l’équilibre, la rapidité, la capacité à s’adapter à l’adversaire et… à encaisser quelques chocs.

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 ??  ?? Le bike polo, c’est l’esprit do it yourself : les vélos sont customisés, les maillets souvent bricolés à partir de bâtons de ski et même les tenues ne sont pas réglementa­ires.
Le bike polo, c’est l’esprit do it yourself : les vélos sont customisés, les maillets souvent bricolés à partir de bâtons de ski et même les tenues ne sont pas réglementa­ires.
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Le meilleur entraîneme­nt au bike polo, c’est le match. Entre collègues apr ès le travail, par exemple. Comme ici, lors d’un match amical à Londres.

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