GQ (France)

HONG KONG, L’ÎLE QUI MURMURAIT À L’OREILLE DES PUR- SANG

-

Le respect d’une institutio­n comme le Hong Kong Jockey Club se mesure à son ancienneté. En 1845, en pleine guerre de l’opium avec la Chine, les Anglais exilés à Hong Kong, pour le compte de la très vertueuse reine Victoria, manquent cruellemen­t de distractio­ns. Après avoir asséché un des rares terrains plats de l’île, un marécage infesté par la malaria, ils y construise­nt le premier hippodrome. « Les quarante premières années de courses hippiques à Hong Kong sont le chaos absolu, écrit l’historien Peter G. de Krassel. Des pur- sang arabes courent avec des chevaux de trait australien­s et des poneys de Mongolie. »

Un système inspiré du... PMU

On commence à s’amuser, enfin, dans le port aux parfums. Les Chinois, grands amateurs de jeux d’argent, accrochent tout de suite, même s’ils ne seront autorisés à être membres du Club qu’au XXE siècle. Afin de réguler la frénésie parieuse des habitants de l’île, les Anglais fondent en 1884 le Hong Kong Jockey Club. Il s’agit surtout de diminuer le pouvoir des bookmakers qui, ayant un intérêt à l’issue de la course, peuvent être – très fortement - tentés de l’influencer. La littératur­e européenne de l’époque regorge de ces personnage­s louches et de leurs diverses combines. Le Jockey Club est donc fondé dès l’origine sur une invention française, le pari mutuel ( qui a donné les initiales PMU, Pari Mutuel Urbain). Les paris sont mutualisés dans un pot commun, et comme c’est l’institutio­n qui est garante des paris, elle n’a pas besoin d’influencer les courses puisqu’elle prend une commission sur la somme globale pariée. Contrairem­ent à un accord avec un bookmaker ( un mode de pari toujours très populaire en Angleterre), le taux de paiement du pari ( 10 contre 1, 6 contre 1...) ne peut pas être connu avant que tous les joueurs aient misé. À partir de 1949, l’arrivée au pouvoir des communiste­s en Chine provoque un exode vers Hong Kong. Des foules immenses se pressent à l’hippodrome, et les sommes pariées explosent.

Newspapers in French

Newspapers from France