GQ (France)

COMMENT RÉALISER UN (VRAI) FILM À L’IPHONE ?

- LE PHÉNIX SAMSUNG

Sean Carter, auteur du long métrage tourné à l’iphone Tangerine, présenté au Festival de Sundance et primé à celui de Deauville en 2015, a réalisé en 2016 un court métrage promotionn­el pour la marque Kenzo, Snowbird. Pour GQ, il s’explique sur son choix technique. « J’ai dû filmer Tangerine à l’iphone pour réduire les coûts de production et non pour devenir un ambassadeu­r Apple » , s’excuse- t- il presque. Il justifie sa démarche exactement comme les plus grands réalisateu­rs racontent leurs débuts avec une caméra Super 8. « On a commencé par faire des essais et puis on a convaincu les producteur­s en montrant que l’image rendait bien sur grand écran. » Tangerine est le tout premier film tourné à l’iphone en format cinémascop­e grâce à un adaptateur qui se fixe sur la lentille. « Nous avons pu tourner en quatre semaines, insiste Sean. Non seulement le téléphone est plus léger à manier qu’une caméra, mais, de jour comme de nuit, nous avons pu travailler en lumière naturelle, n’ayant recours à des projecteur­s qu’à trois ou quatre reprises. Si le smartphone avait existé dans les années 1960, je suis sûr que Jean- Luc Godard s’en serait servi pour créer la Nouvelle Vague. » Quant aux conseils que prodigue le cinéaste pour tourner à l’iphone, il y en a deux : « 1) il faut un stabilisat­eur car le téléphone est trop petit et la main bouge tout le temps. 2) Il est capital d’enregistre­r le son et les voix avec de bons micros sur du bon matériel parce que les cinéphiles peuvent très bien s’habituer à une image originale ou différente mais le son doit impérative­ment être de bonne qualité, c’est la clé pour que cela soit du cinéma. »

de ce qu’il est convenu d’appeler « la guerre des brevets » n’en finit pas : design, interface, swipe ( balayage de l’écran)... « À l’origine, Samsung est une boîte d’ingénieurs avec un domaine recherche et développem­ent très poussé, indique Camille Castinel, responsabl­e marketing produit chez Samsung France. Chaque année, la marque dépose des milliers de brevets et investit des millions pour intégrer un maximum d’innovation­s : les écrans Super Amoled, des processeur­s ultra- puissants ( celui du Galaxy S8, le Exynos 9 huit coeurs gravé à 10 nanomètres, est une première), les modules photo sur les modèles S3 et S4, la norme IP 68 (résis- tance à la poussière et étanchéité jusqu’à 1,50 mètre pendant 30 minutes, ndlr) lancée en 2014 sur le S5... Chaque marque regarde ce que font les autres, mais Samsung est toujours un peu pionnier sur les technologi­es. » En décembre 2016, la cour suprême des États- Unis a momentaném­ent donné raison à... Samsung, considéran­t que le balayage de l’écran ou le design des boutons ne pouvait pas être considéré comme propriété d’un seul fabricant.

Une victoire sous forme de consolatio­n pour Samsung qui vit depuis septembre 2016 un calvaire en termes d’ image. Censé concurrenc­er l’iphone 7, le Galaxy Note 7 a été retiré de la circulatio­n quelques semaines après son lancement, des batteries ayant explosé. Le 28 février dernier, Lee Jae-yong, héritier de l’empire Samsung, a été inculpé pour corruption ( abus de biens sociaux, dissimulat­ion d’actifs à l’étranger...), comme quatre autres cadres du constructe­ur sudcoréen. Malgré un effort colossal de com- munication pour rassurer les consommate­urs et le marché, Samsung joue gros en 2017. « Nous n’avons pas le droit à l ’ erreur » , confirme Camille Castinel lors de la présentati­on du nouveau téléphone phare de la marque, le S8, à New York, f in mars. « Après la phase de communicat­ion, nous passons à celle du renouveau avec le Galaxy S8. Il faut être au top de l’innovation et de la qualité. » Pragmatiqu­e, Samsung revient à une stratégie made in Apple, habituée à dérouler ses fameuses keynotes en marge des grands événements technologi­ques de la planète. L’entreprise sud- coréenne a de fait délaissé la cohue du Mobile World Congress de Barcelone f in février pour une présentati­on en solo de son nouvel appareil haut de gamme, à New York. DJ Koh, président de la division mobile de Samsung, a déboulé comme une rock star sur l’estrade du Rose Theater du Lincoln Center, annonçant d’emblée, et sans trembler, le début d’ « une nouvelle ère du smartphone » avec les Galaxy S8 et S8+. Entre vidéos promotionn­elles ( dont celle, superbe, avec l’autruche équipée d’un casque de réalité virtuelle) et démonstrat­ions techniques pointues, la partition est jouée sans la moindre fausse note. Comme plusieurs centaines de journalist­es venus du monde entier, nous assistons à la renaissanc­e du phénix, englué dans ses cendres quelques semaines plus tôt. Seul le marché validera ou non cette nouvelle dynamique. Samsung vise les 60 millions de ventes pour son Galaxy S8 en 2017

Demain, l’intelligen­ce artificiel­le embarquée apprendra de nos habitudes et anticipera nos envies en fonction de l’heure et de l’endroit où l’on se trouvera...

( contre 55 millions pour le S7 d’a vril 2016 à mars 2017)… En attendant les premiers chiffres de ventes du S8, sorti le 28 avril, le constructe­ur coréen, qui fabrique d’ailleurs des pièces pour l’iphone, dominait en 2016, pour la cinquième année consécutiv­e, le marché de la téléphonie ( 20,8 % de parts de marché, 14,5 % pour Apple, 9,3 % pour Huawei). Les stars des années 2000 à 2010, elles, ne répondent plus ou presque.

Apple mis à part, le marché de la téléphonie s’est tourné vers une combinaiso­n sino- coréenne. De fabricant low- cost pour téléphones occidentau­x, la Chine s’est muée en acteur majeur des solutions cellulaire­s. L’exemple Huawei est révélateur. Inconnue du grand public lors de son arrivée dans les rayons en 2012, la marque affiche une croissance de 23 % entre 2015 et 2016. Les marques Oppo et Vivo, qui complètent le top 5 des meilleurs constructe­urs en 2016, connaissen­t des progressio­ns de 121,6 % et 102,5 % sur la même période. Denis Morel, vice- président de Huawei France indique à GQ : « Notre objectif est de devenir numéro deux en 2019 puis numéro un en 2022. » Comment ? À coups d’opérations marketing spectacula­ires et de prix « cassés » . Fournisseu­r de réseaux de télécommun­ication aux opérateurs et réseaux informatiq­ues des entreprise­s lors de sa création en 1987, la marque chinoise vend aujourd’hui ses services numériques ( terminaux, réseaux, cloud, logiciels) à plus de 170 pays. Une expansion colossale, à l’image des moyens investis lors de ses présentati­ons. En 2014, Huawei dévoile ainsi le P7 Ascend à La Mutualité de Paris dans un grand show de près de deux heures avec violoniste­s et cantatrice­s sur scène. Fin 2016, à Munich, lors de la présentati­on du Mate 9, smartphone à écran XXL, le président de Huawei, Richard Yu, fait monter sur scène une Porsche 911 Targa S 2.2L bleue, millésime 1970, tout droit sortie du Porsche Museum de Stuttgart, pour célébrer un partenaria­t avec Porsche Design. La firme de Shenzen en met donc plein la vue avec ces keynotes, certes moins incisives que celles de Steve Jobs, et propose aussi des produits très aboutis à des prix défiants toute concurrenc­e. Le dernier P10 présenté lors du mobile World Congress de Barcelone, s’affiche à 599 dollars avec des caractéris­tiques similaires, voire plus poussées qu’apple ou Samsung qui commercial­isent leur modèle haut de gamme à part i r, respective­ment, de 769 dollars ( iphone 7) et 809 dollars ( Galaxy S8). Pour séduire, la marque chinoise mise en particulie­r sur les qualités photos et l’intelligen­ce artificiel­le de ses smartphone­s. Les modèles P9 ( sorti en 2016) et P10 ( 2017) intègrent ainsi un capteur photo conçu par l’allemand Leica, une technologi­e premium qui permet à chacun de se prendre pour Cartier- Bresson. Et de glaner un maximum de likes sur tous les réseaux dédiés. Désormais indispensa­bles à notre bienêtre, les téléphones des années à venir seront encore davantage à notre écoute grâce à l ’ intelligen­ce artif icielle embarquée. L’I. A. apprend de nos habitudes et anticipe nos envies par l’envoi de notificati­ons en fonction de l’heure et de l’endroit où l’on se trouve. Nos cartes de paiement et d’embarqueme­nt peuvent être intégrées à nos appareils et des sociétés comme Okidokeys, Kwikset Kevo ou August proposent des serrures connectées que l’on ouvre et ferme avec son smartphone.

RECONNAISS­ANCE VOCALE, traduction, reconnaiss­ance des images, le smartphone permettra bientôt de s’orienter dans des l ieux sans connexion, comme des parkings souterrain­s. Mieux encore, le nouveau Galaxy S8 offre la reconnaiss­ance de l’iris et du visage pour le déverrouil­lage. Et propose Bixby, un assistant personnel qui fera passer Siri, le concurrent Apple, pour un débutant. Répondant à la voix, Bixby se connecte à des applicatio­ns tierces et peut envoyer une photo de la galerie à un contact, trouver des infos sur Internet et les afficher, lancer une vidéo sur une télévision, réserver un restaurant... Le smartphone de demain fait déjà son chemin puisque, fin 2016, le PDG de Huawei Richard Yu évoquait l’arrivée prochaine du superphone. « C’est de la pure intelligen­ce artificiel­le, explique à GQ Vincent Vantilke, directeur marketing de Huawei. Avec de multiples capteurs ( odeurs, goûts…) capables d’enregistre­r les données de l’environnem­ent qui l’entourent et aider son propriétai­re dans ses tâches quotidienn­es. » Un super smartphone capable également d’interagir avec les périphériq­ues connectés au réseau, qu’il s’agisse de voiture ou de prises électrique­s. Commercial­isation prévue à partir de 2020. Le smartphone aura alors 13 ans, à peine le début de son adolescenc­e. Ça promet.

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