Trois penseurs à citer lors d’une discussion 3.0.
C’est bien d’avoir un smartphone dernier cri, c’est encore mieux de connaître les théories des philosophes qui analysent ces évolutions…
Alors que la technologie et ses progrès alimentent toutes les conversations, celles- ci restent le plus souvent embourbées au stade de dialogue du café du commerce. GQ vous livre quelques références non exhaustives qui pourraient alimenter vos techno- bavardages. DONNA HARAWAY Cette philosophe et anthropologue, auteur du
Cyborg Manifesto, milite pour une appréhension de la technique comme outil de désindexation des identités. Construction mythique, le « Cyborg » devient pour elle un outil conceptuel dont l’hybridité vise à contester les assignations binaires : homme/femme, humain/non- humain… En creusant un peu, on verrait presque se dessiner sous cette invitation à la libération une forme voilée d’animisme technologique.
Commentlaciter ? « Les travaux de Donna Haraway me font penser à Siri. Dans les deux cas, le genre est optionnel et peut être modifié dans les réglages. » MAURIZIO FERRARIS Théoricien du courant philosophique dit du « Nouveau Réalisme » , Maurizio Ferraris est l’un des penseurs qui a le plus réfléchi sur le téléphone portable. Pour lui, cet instrument doit d’abord être considéré comme un outil « d’inscription » , et c’est cette possibilité de consigner les interactions qui produit, au travers de l’usage du smartphone, un effet de « mobilisation » . Nous nous sentons alors responsables, « mobilisés » comme si nous étions en guerre.
Commentleciter ? « Maurizio Ferraris, c’est l’antiNabilla. Derrière le “non mais allô, quoi !”, il montre que l’oralité n’est plus qu’anecdotique. En vrai, le téléphone est une machine à écrire. » BYUNG- CHUL HAN Né à Séoul, ce philosophe allemand s’est fait connaître avec son best- seller La Société de la fa
tigue. Il est un penseur de la technique reconnu qui, sous la forme de livres incisifs, étudie les implications actuelles de la « psychopolitique » . Envisageant l’idiotie comme une attitude hérétique, il en fait le moyen étonnant de s’opposer à la communication totale qui régente les existences.
Comment le citer ? « Tiens, j’en ai marre du Spritz, je vais plutôt me prendre une Suze cassis. Comme dirait Byung- Chul Han, “La puissance du consensus majoritaire étouffe les idiotismes.” »