Les bonnes manières de l'onanisme. Réveiller sa libido…
L’onanisme a ceci de plaisant qu’il n’y a que soi à satisfaire. Et s’il n’est plus question, à notre époque, de culpabiliser, il faut savoir se prendre en main sans pression, mais avec passion. Voici quelques tips qui vont changer votre vision de la mastu
PRENEZ SOIN DE VOUS. Rappelons une évidence : le sexe est bon pour le moral, la santé, les soucis de stress... Il s’agit de se chouchouter, et sans rendre hygiénique la masturbation ( vous n’avez pas besoin de permission), autant suivre cette logique bien- être jusqu’au bout. Se soulager en trois secondes dans les toilettes, c’est jeter son plaisir par la fenêtre. Vous pouvez, mais c’est dommage. Bien sûr, le narcissisme a mauvaise presse. Prendre soin de soi est vaguement immoral. Face à un imaginaire collectif toujours suspicieux, réaf firmez votre indépendance : vous valez bien cet orgasme, parce que vous en êtes digne, parce que c’est chouette de prendre du plaisir. Seul. Tranquille. Sans personne pour juger. Même pas son arrogant surmoi. Et face aux oiseaux de mauvais augure qui voudraient réduire la sexualité à une activité partagée ( et pourquoi pas reproductrice...), revenons sur terre : comparer ne sert à rien, la masturbation offre des plaisirs différents. Elle est l’espace de l’indulgence absolue. Pas d’obligation de résultats. On peut ne plaire à personne. Enfin !
VARIEZ LE RYTHME. Si une masturbation peut s’expédier en vingt secondes, s’astreindre à une contrainte temporelle permet de déployer l’imagination. Et comme vous n’avez pas de partenaire à satisfaire, vous pouvez prendre des pauses, délayer, jouer avec vos limites. Vous amener au bord de l’orgasme et arrêter. À ce titre, la meilleure motivation, c’est la deadline : prendre dix, vingt minutes. Si cette durée vous semble disproportionnée, tant mieux : votre créativité va être obligée de prendre le relais. Et quitte à prendre du temps, prenez aussi de l’espace. Plutôt que de faire « ça » sur le canapé, réexplorez votre quotidien : la baignoire, le lit, la voiture, la plage ou la montagne. Tout est permis... dans le cadre de la loi ( pour information, l’exhibition sexuelle peut vous coûter un an de prison et 15 000 euros d’amende).
OUBLIEZ ( UN PEU) VOTRE PÉNIS. Parce que vous acceptez que le service prenne son temps, délaissez un instant votre pénis pour explorer d’autres sensibilités ( la zone du périnée, l’anal, le massage, les tétons, des jeux de tempé-
rature, de chatouilles, de frustration, de tension, voire de douleur). Ce que vous y découvrirez alimentera la richesse de vos rapports à deux, notamment si vous avez tendance à jouir trop vite : les sexologues recommandent en effet, pour contrôler son éjaculation, de décoller sa sexualité du tout- pénis. Votre corps va apprendre à apprécier des plaisirs différents. Essayez cependant de pas tomber dans une masturbation d’entraînement, ou dans le tout- performance, chrono à l’appui. Ceci dit, rien n’empêche d’instrumentaliser sa jouissance pour être meilleur ensuite. Vous ne serez pas le premier : un tiers des Français se masturbent avant un rendez- vous amoureux, selon l’ifop/cam4.
MISEZ SUR LE BON GEL. « Il faut que ça glisse, et puis que ça transpire » : il y a vingt ans, NTM avait déjà tout compris au lubrifiant. Mais attention, pour une masturbation, mieux vaut changer de crémerie. Le lubrifiant dont vous vous servez habituellement, à base d’eau, respecte les préservatifs et les sextoys. C’est formidable... jusqu’au moment où ça colle. Pour la longue durée, il vous faudra un gel à base de silicone, qui se trouve dans toutes les pharmacies. Pour une performance optimale, zappez les marques dont ce n’est pas le métier ( comme les marques de préservatifs) et rendez- vous au lovestore le plus proche : la plupart proposent de tester leurs produits. Mettez une noisette de gel sur votre poignet, massez jusqu’à absorption. À moins d’une minute de glissade, vous pouvez trouver mieux. Côté textures, faites- vous votre idée personnelle : certains lubrifiants se rapprochent de l’huile de massage ( Concept S n° 2), d’autres sont plus gélatineux ( Bioglide, par Joy Division). C’est une question de goût. Les adeptes de la glisse sans limite opteront pour la marque Nuru ( à base d’algue, 34 euros sur Amazon), tout droit venue du Japon.
TROUVEZ L’ACCESSOIRE ADAPTÉ. L’énorme avantage de vivre au troisième millénaire ? Chaque saison voit déferler de nouveaux jouets. 47 % des Français en utilisent ( Ifop/ Dorcel), et 11 % de manière régulière. Vous ne saurez quels produits vous conviennent qu’en essayant, donc essayez. Les paresseux adoreront l’autoblow ou le Cobra Libre qui font le boulot à leur place, les amateurs de sensations réalistes se jetteront sur les Fleshlights, tandis que les accros au design testeront toutes les textures des oeufs Tenga. Côté anal, on vous laisse faire votre marché parmi les plugs et autres chapelets... mais si vous cherchez des plaisirs vraiment adaptés à votre morphologie, c’est toujours la marque Aneros qui tient le haut du pavé – avec une précision toute médicale. Leur Progasm a été élu produit bien- être de l’année par les X- Biz Awards. Un cran plus bas, tentez le cockring pour retarder votre éjaculation. Préférez du solide ( le caoutchouc a tendance à se déchirer)... mais évitez à tout prix les anneaux en métal qui peuvent se coincer. Les technophiles jetteront enfin leur dévolu sur les applis dédiées ( Fapapp, pour muscler votre poignet), ou investiront dans un casque Oculus Rift pour consommer leur porno en 3D. L’offre reste maigre mais elle continue de se développer : on ne devrait plus tarder à pouvoir expérimenter des sensations proprement surhumaines. En attendant les robots !
NOURRISSEZ VOTRE PSYCHÉ. Et si vous lâchiez la pornographie ? Outre que sa stimulation très directe pousse à une jouissance express, le X vous entraîne à réagir toujours aux mêmes éléments – dans la vraie vie, ce conditionnement peut se retourner contre vous. D’ailleurs, vous allez retrouver toujours les mêmes morphologies, ahanements, positions... Au risque d’oublier que les femmes ont des poignées d’amour et des moments de silence. Les grosses plateformes de streaming font remonter dans les recherches les vidéos les plus populaires : quand vous allez sur Youporn, vous vous masturbez littéralement comme tout le monde. La littérature érotique en revanche a le mérite de libérer l’imagination... tout en donnant des munitions pour votre prochain dîner mondain ( arriver à citer Pierre Louÿs de mémoire fait toujours son petit effet). Pensez à la musique, à la bande dessinée, aux nus du musée ( les éditions Albin Michel viennent de sortir les dessins érotiques de Rodin, consacrés justement à la masturbation... féminine). Reste enfin le pur fantasme, celui dont vous êtes le producteur, narrateur et héros. Et dont les mille ramifications permettent de se découvrir de nouvelles passions, de nouvelles manières de désirer, inscrites dans des scénarios toujours plus complexes. Moins vous utilisez de supports masturbatoires externes, plus vous explorez votre psyché : qui a dit que la masturbation était du temps perdu ?
C’ EST LE MOMENT que tous les hommes redoutent : après quelques mois ou quelques années de sexe torride, elle n’a pas envie. La veille encore elle arrachait votre ceinture, et là, un mardi, à 21h47 précisément, elle dit non. D’ailleurs, elle ne prend plus l’initiative depuis longtemps ( la dernière fois, c’était un vendredi, à 18h12). Fin de partie ? Pas du tout, et pas de panique : c’est un simple rappel à l’ordre du désir, sans rapport avec les suspects désignés ( la routine, l’usure). Vous pouvez y échapper et si j’étais vous, je me mettrais au boulot tout de suite. Revenons en arrière, mon cher Watson. Que s’est- il passé lors du mardi fatidique ? Où était le colonel Moutarde à 8h14 ? Certainement pas dans la salle de bains. Vous n’avez pas fait attention, mais dans l’urgence vous avez négligé de vous coiffer et/ ou de vous raser, laver, parfumer. J’accuse : vous n’avez pas enfilé votre jean taille basse moulant. Pire encore : à 19h03, en rentrant du travail, vous avez oublié le pain mais aussi le reste. La vaisselle traînait dans l’évier. Vous avez ronchonné au sujet de votre journée pourrie. Pour traduire : vous n’avez pas pris la première initiative, celle qui consiste à vous rendre désirable, admirable, intéressant. Cette initiative, elle vous semblait encore évidente dimanche dernier. Et maintenant, trop occupé que vous êtes à vous plaindre des nanas jamais assez motivées par le sexe, vous nagez en plein déni : bien sûr que les chevilles de cette charmante créature se méritent. Ce mardi, à 21h47, le deal offert à votre amoureuse n’était pas juste. Elle était maquillée, pas forcément fraîche mais souriante. Vous, non. Elle est déçue : parce que vous avez trahi ses attentes. Elle n’a aucune envie de bouder son plaisir, c’est vous qu’elle boude. Bien sûr, la plupart des femmes sont censées être maquillées et souriantes rien que pour obtenir un job, elles sont donc constamment désir ables. Est- ce que ça change quelque chose ? Ce que vous ne faites pas pour vos collègues, vous devriez le faire pour elle. La libido féminine fonctionne comme la vôtre, elle a besoin de s’accrocher à quelque chose – au- delà de votre grandeur d’âme. Au lit nous interagissons avec une peau, un corps, un potentiel érotique. Le jour où vous lâchez du lest, un mardi à 21h47, par exemple, vous prenez le risque de nous lâcher avec.
LES FEMMES NE SONT NI MÉCHANTES, ni folles, ni biologiquement destinées à tomber dans la routine – c’est vous qui êtes devenu routinier. Notre silence est une politesse. Nous mentons, nous heurtons votre désir, pour ne pas heurter vos sentiments – exactement comme quand nous simulons. « Je n’ai pas envie » est une excuse partielle à laquelle manquent seulement quelques mots : « Je n’ai pas envie de toi, aujourd’hui. » Sous- entendu : « Si tu fais mieux demain, bien sûr, on renégocie. » La tension sexuelle ne peut pas se reposer : elle s’entretient. Et elle se récupère. Alors ce mercredi, à 8h02, prenez votre douche et vos responsabilités. Jetez ce T- shirt manga, faites votre part des tâches domestiques ( sinon votre amoureuse devient votre maman, et rien ne sabote plus le désir sexuel qu’une interférence du tabou de l’inceste). Revenez du bureau avec une bonne nouvelle, une anecdote amusante, qui montre que vous en voulez encore, que vous n’avez pas lâché l’affaire. À 20h24, sortez les apéritifs faits maison – ses préférés, à la tapenade. Elle boude ? Pas pour longtemps ( elle a juste faim). La meilleure initiative sexuelle ne consiste pas à demander mais à provoquer la demande. L’implicite plutôt que l’explicite : fondement de notre érotisme. Vous voulez être touché ? Prenez- lui la main.