GQ (France)

Gaspard Gantzer et Karine Tuil.

« Ceci est le premier jour du reste de ma vie… » En ce lundi 15 mai, au lendemain de l’investitur­e d’emmanuel Macron, le communican­t Gaspard Gantzer sait qu’une page vient de se tourner. Lui qui fut pendant trois ans le conseiller le plus proche de Franço

- Réalisé par Fabrice Tassel_ Photograph­e : Christophe Coenon

Tout d’abord, ce qui m’a impression­né dans votre livre, c’est la justesse de l’appréciati­on de ce que sont le pouvoir et son fonctionne­ment. C’est très crédible. D’ailleurs, je vous avoue, j’ai un peu peur d’en parler devant son auteur…

Non, non, allezy, parlez- moi de l’effet que produit le pouvoir sur un homme.

GG. Quand on arrive dans un lieu de pouvoir, on n’évalue jamais parfaiteme­nt les effets que cela va avoir sur vous. Quand j’ai pris mes fonctions à l’élysée, en avril 2014, je connaissai­s déjà des lieux de pouvoir: l’ administra­tion, la Mairie de Paris où j’ai travaillé avec Bertrand Delanoë, le ministère des Affaires étrangères avec Laurent Fabius… Mais l ’ Élysée, c’ est encore différent. On est au coeur du pouvoir. On y retrouve toute la contradict­ion française d’un attachemen­t à la République sublimé par un certain attachemen­t à la monarchie. Il est très difficile de garder la distance nécessaire. Heureuseme­nt, j’ai été aidé par le fait que François Hollande n’a absolument pas une approche royale ou monarchiqu­e du pouvoir. La deuxième chose, et j’ai été directemen­t concerné par cela, c’est que les médias ont profondéme­nt modifié l’exercice du pouvoir : tout se fait à ciel ouvert, tout se sait, et donc la violence de l’exercice s’en retrouve décuplée. À titre personnel, dès mon arrivée, une polémique a été lancée au sujet d’une photo sur mon compte Facebook parce que les gens se demandaien­t quel genre de cigarette je fumais. Et puis deux jours avant mon départ, une autre concernant une investitur­e aux Législativ­es que je n’avais pas sollicitée et que j’ai refusée. Évidemment, quand on est un conseiller du Président, on est attaqué extrêmemen­t durement. Vous êtes exposé et même si vous vous blindez, ça vous touche énormément.

KT. C’est cette violence que j’ai eu envie de raconter, la violence dans les sphères du pouvoir, et la violence sociale de manière plus large. J’ai été très marquée à l’époque par l’affaire d’anthony Weiner, cet homme politique américain qui avait brigué la mairie de New York. Il avait posté par erreur sur Twitter une photo de lui en caleçon. Puis il a été pris à partie plusieurs fois pour des incartades conjugales. Le moindre faux pas peut être désastreux.

GG. Il est très difficile de bien évaluer la résonance de la vie privée sur la vie publique. Quand on observe le quinquenna­t de François Hollande, à de nombreuses reprises la vie privée a surgi dans la sphère publique : le tweet de Valérie Trierweile­r, le livre « Merci pour ce moment » , le Closergate… Mais il y a eu aussi Thomas Thévenoud qui ne paye pas ses impôts, Jérôme Cahuzac qui subit les conséquenc­es de son divorce au moment où il devient ministre… Un très grand nombre de personnali­tés pendant ces cinq années a été confronté à toutes sortes de difficulté­s. Je suis d’ailleurs curieux de voir comment se passera le prochain quinquenna­t, parce que cette tendance ne fait que s’accentuer, d’autant que les politiques ont du mal à résister à la peopolisat­ion de leur vie privée.

KT. Oui, et l’impact des réseaux sociaux est très important : on voit maintenant des gens qui épient les comptes Twitter des hommes politiques. Le danger, me semble- t- il, est que la vie politique devienne une comédie alors que c’est une affaire sérieuse.

GG. Bien sûr ! D’ailleurs, quand Arnaud Montebourg a quitté Bercy à la fin du mois d’août 2014, laissant la place à Emmanuel Macron, il a lancé cette phrase :

GASPARD GANTZER. KARINE TUIL.

KT. Oui, de prendre des photos chez vous, avec vos enfants, de répondre à des questions d’ordre privé… J’ai toujours refusé. GG. Je pense que c’est prudent.

KT. J’aimerais vous interroger sur l’expérience de l’impopulari­té : comment doit- on réagir face à cela ? nonce des effets immédiats. C’est d’autant plus diff icile à vivre pour les hommes politiques qui ont traversé des campagnes électorale­s. Cela correspond pour eux, et avant tout, à une immense déclaratio­n d’amour. Regardez Emmanuel Macron : pendant des mois et des mois, les gens lui ont dit qu’ils l’aimaient, il a fait toutes les Unes de tous les journaux. Il n’était pas seulement le prochain Président, il était l’homme qui allait changer la société.

GG. La première question à se poser, c’est pourquoi devient- on impopulair­e ? Peutêtre parce que l’attente qui est placée en la personne du Président dépasse très largement la réalité de l’action publique. L’élec-

KT. Mais le public réclame d’une certaine façon ces images. Je me souviens d’emmanuel Macron qui avait dit qu’avec

KT. Oui ! Je connais des gens qui étaient de droite et qui aujourd’hui adulent Macron. Il est devenu une sorte de messie.

GG. Et les médias jouent un rôle considérab­le en cas de retourneme­nt de l’opinion. Gérer cette descente est extrêmemen­t diff icile psychologi­quement parce que d’un coup, tout se retourne contre vous. Jour après jour, des signes qui semblaient anodins deviennent considérab­les. Un exemple : quand Emmanuel Macron se prend un oeuf au Salon de l’agricultur­e, il réagit très simplement, il rit. En février prochain, s’il reçoit un oeuf sur la tête, ça ne sera pas du tout traité éditoriale­ment de la même manière : il sera question de la colère des agriculteu­rs, ou de la sécurité… Une autre anecdote avec François Hollande : le jour de la cérémonie de l’investitur­e en 2012, l’avion qui le conduisait en Allemagne a été foudroyé. Les journalist­es ont tous raconté la même chose pendant trois semaines, parlant « d’un signe du destin » . C’était absurde ! En tant que conseiller, il est très difficile d’assister à ça. Et encore, j’ai eu de la chance ! Je suis arrivé à un moment où François Hollande était déjà lui, ce serait différent, mais qui a posé pour

Paris Match avec sa femme. On le voit bien aussi avec l’émission de Karine Lemarchand sur M 6( Une ambition intime,ndlr ). tion présidenti­elle est le feuilleton préféré des Français en politique. Ils en attendent tellement qu’ils sont très vite déçus. C’est ce qu’il s’est passé avec François Hollande. Quand il a dit « le changement, c’est maintenant » , il sous- entendait sur les cinq ans. Or, les citoyens attendaien­t de cette an- GG. Karine Lemarchand avait invité François Hollande à son émission et on avait re-

« Quand on en a marre de jouer la comédie, mieux vaut quitter la scène. » C’était soit le signe d’une incroyable lucidité, soit d’un incroyable cynisme. Ou alors un véritable cri de désespoir. J’ai toujours dit aux gens avec qui j’ai travaillé qu’il fallait chercher au maximum à s’extraire de cette comédie, parce que les Français attendent de la part des hommes politiques non pas de l’insoucianc­e mais de l’abnégation. Par chance, j’ai collaboré avec des personnali­tés politiques qui faisaient extrêmemen­t attention à l’impact de cette peopolisat­ion : Bertrand Delanoë accordait une importance considérab­le à la séparation entre vies privée et publique, Laurent Fabius aussi, qui a très souvent été « brûlé » par les médias. Quant à François Hollande – je suis arrivé à l’élysée après l’histoire de Clo

ser – d’un naturel pudique, il n’en était que plus prudent. Si je devais à nouveau conseiller des hommes politiques, même si je n’aurais sans doute pas besoin de le faire, je leur dirais « gardez- vous de la peopolisat­ion » . fusé parce que ce n’était pas la place d’un Président. D’ailleurs, quand j’ai vu l’émission, je n’ai eu aucun regret. Je ne jette pas la pierre aux hommes politiques qui veulent s’exposer. Cela sert leur notoriété, leur popularité, etc., mais il faut bien maîtriser tout ça. Cela est également vrai pour un écrivain dont la vie privée peut être exposée… KT. Personnell­ement, j’ai toujours refusé la moindre photo. GG. Ah oui, c’est vrai ? On vous le demande aussi ?

GG. Oui, et franchemen­t ça n’a pas été un moment agréable pour moi. Là, c’est moi « En politique, les conseiller­s peuvent appeler les journalist­es en disant “ce papier n’est pas bon”. Jamais vous ne verrez un auteur de littératur­e faire ça. » Karine Tuil KT. Qu’est- ce qui est le plus diff icile dans ces moments de crise ?

GG. On n’a pas le droit à l’erreur, la moindre faute crée un effet boomerang monstrueux. Je me souviens très bien que le vendredi 9 janvier, au moment où commence la prise d’otage de l’imprimeur à Dammartin- enGoële par les frères Kouachi, le Président est à l’élysée. Il est dans son bureau et il téléphone aux proches des victimes des attentats. Donc il fait quelque chose, qui aie reçu le boomerang. Vis- à- vis des médias et des documentar­istes, j’avais pris le parti de la liberté et de la transparen­ce. À plusieurs reprises, on a ouvert les portes, les fenêtres, et bien plus… Mais je n’avais pas anticipé qu’yves Jeuland déciderait de concentrer une partie de son film sur moi. Je n’avais pas anticipé non plus la réaction que ça allait provoquer. Prenons l’exemple du documentai­re récent sur Emmanuel Macron diffusé surTF1( Emmanuel macron, les

Coulisses d’une victoire, 2017) : sa conseillèr­e en communicat­ion Sibeth Ndiaye est au moins aussi présente que moi, mais ça n’a pas du tout été mal perçu par les téléspecta­teurs, parce qu’elle est aux côtés d’un Président tout juste élu. D’ailleurs, nos successeur­s n’ont pas hésité à faire arriver les communican­ts du Président sur le tapis lors de la passation de pouvoir, je n’aurais jamais osé le faire !

GG. Oui, c’est très vrai et c’est une question à laquelle j’ai beaucoup réfléchi. Je sais qu’un conseiller reste un conseiller. J’ai travaillé avec Christophe Girard pendant deux ans et demi, puis avec Bertrand Delanoë pendant deux ans, Laurent Fabius pendant un an et demi et François Hollande pendant trois ans. Quelque part, j’ai l’expérience de cette relation singulière avec une personnali­té politique que vous voyez tous les jours, pendant des heures et des heures. Et à un moment, ça s’arrête. J’ai toujours vécu cet arrêt comme une grande liberté, c’est mieux de les revoir de façon plus apaisée et surtout égalitaire, c’est très important parce qu’un conseiller est toujours dans une position de subordinat­ion. Et puis, il faut relativise­r, la vie ne s’arrête pas quand on quitte le seuil de l’élysée. Je me souviens qu’en franchissa­nt les grilles du Palais pour la première fois, je me suis dit « pense à la

très impopulair­e. Je n’ai pas eu à traverser la descente. Et dans le monde de l’édition, comment un écrivain vit- il la critique, lui ?

KT. En tout cas, le conseiller en communicat­ion reste un personnage très romanesque, qui exerce une forme de fascinatio­n… dernière » . C’est pour ça que je n’ai quasiment jamais invité personne à l’élysée pour un café ou un apéritif, je n’ai jamais pris de chauffeur, je suis toujours venu en scooter, pour que le jour de mon départ, rien ne puisse me manquer.

KT. La sortie d’un livre est toujours un moment extrêmemen­t violent, car quand un ouvrage est très médiatisé et que vous avez du succès, vous faites aussi l’expérience de l’impopulari­té. En politique, les conseiller­s peuvent appeler des journalist­es en disant « ce papier n’est pas bon » . Or, jamais en littératur­e vous ne verrez un auteur prendre son téléphone et appeler le journalist­e pour lui dire « ça ne va pas ce papier » (rires des

deux). Ou alors il est suicidaire ! Je reviens sur votre cas : dans le documentai­re d’yves Jeuland (Un Temps de Président, 2015), c’était vous le personnage principal…

GG. … que j’ai du mal à comprendre, parce que je connais la réalité du travail (rires). De manière générale, il n’y a pas plus substituab­le qu’un conseiller. D’ailleurs, pourquoi vous êtes- vous intéressée à ce sujet dans votre roman L’insoucianc­e? KT. Mais qu’est- ce qui va vous manquer ?

GG. Il y a deux choses auxquelles j’ai été, disons, drogué : d’abord au sentiment d’avoir une prise, même si elle est faible, sur les événements. La deuxième, pour moi qui suis passionné par l’actualité, les journaux, les médias, c’est que j’ai adoré comprendre et évoluer dans les coulisses de chaque événement. Ça, ça va me manquer. Et ce qui a été terrible à vivre, ce sont bien sûr les attentats. Je n’y étais évidemment pas préparé. Je crois même que si on m’avait dit un jour que j’irais rue Nicolas-appert où des dessinateu­rs que je connais, que je lis, que j’admire depuis trente ans se sont fait assassiner, j’aurais dit ce n’est pas possible. J’aurais peut- être même refusé le job. C’était un cauchemar, ça m’a profondéme­nt marqué, sans doute jusqu’à un point que je n’évalue pas encore totalement.

KT. Dans la continuité de ce que j’avais fait dans L’ invention de nos vies( gras set ,2013), j’avais envie d’aborder la représenta­tion des minorités dans les sphères de pouvoir, à travers le parcours de cet homme politique, Osman Diboula, f ils d’immigrés ivoiriens, issu de la banlieue, qui se retrouvera­it propulsé à la tête du pouvoir, et avec la question de la géographie, par exemple ce désir d’être au plus près du Président.

GG. L’élysée peut enfermer par sa géographie, sa situation dans Paris. Très vite, vous pouvez être tenté de vous appuyer sur « Si on m’avait dit un jour que j’irais sur le lieu d’un attentat où des dessinateu­rs que j’admire depuis trente ans se sont fait assassiner, j’aurais peut-être refusé le job. » Gaspard Gantzer

KT. En même temps, dans une société qui prône la transparen­ce, les gens veulent tout savoir. Et cette transparen­ce à tout prix me gêne, il y a une part du pouvoir qui doit rester secrète, non ?

Je pense que la transparen­ce est l’un des principes fondamenta­ux de la démocratie. En revanche, des choses doivent rester secrètes, comme le secret- défense. Et puis, il faut garder un halo de magie autour de l’exercice du pouvoir : par exemple, au moment de la passation s’est posée la question d’une photo à réaliser lors de l’entretien entre les deux présidents dans le bureau de l’élysée. Il n’y en a jamais eue. Nous avons décidé de ne pas en faire parce que cet entretien est mythologiq­ue pour les Français. Le montrer lui ferait perdre toute sa force symbolique. GG. on a toujours refusé de parler de la vie privée du Président, sauf lorsque cela devenait politique, par exemple sur des propos laissant entendre qu’il avait une sorte de mépris pour les classes populaires, ce qui ne correspond pas du tout à la personnali­té du Président. Il a certaineme­nt beaucoup de défauts, mais l’une de ses qualités les gens les plus proches de vous, à savoir vos conseiller­s ou vos ministres. Je pense qu’il faut lutter en permanence contre ça. Cela doit même être une obsession : le Président doit conserver une indépendan­ce, y compris vis- à- vis de son cabinet. Certains rendez- vous doivent rester secrets, s’organiser hors agenda, le Président doit pouvoir se déplacer librement. Selon moi, c’est essentiel.

KT. Sur les questions d’ordre privé que vous évoquiez précédemme­nt, j’ai cru comprendre que vous aviez appris la parution du livre de Valérie Trierweile­r via Twitter ? KT. Vous êtes- vous nourri de l’extérieur ?

GG. J’ai passé mon temps à voir d’autres gens. Le pire est de rester enfermé dans son bureau. J’ai continué évidemment à lire des livres, à aller au théâtre, au cinéma et à côtoyer des individus qui n’avaient rien à voir avec le milieu politique ou médiatique. KT. Parveniez- vous à dire des choses désagréabl­es au Président ?

GG. Encore aurait- il fallu que je sois moimême au courant de la réalité de certaines choses… J’ai été formé par Bertrand Delanoë. À chaque fois que je l’accompagna­is à une interview, il me demandait de lui faire un débrief à la fin. Au début, j’avais tendance à lui dir e « pas mal, tu t’en es bien sorti » . Mais il m’engueulait, et me lan-

même s’il n’est pas dans l’action. Ça dure une demi- heure, une heure et je commence à sentir un gros problème sur les réseaux sociaux : que fait le Président ? Où est- il ? Et là, on prend la décision immédiate qu’il se rende au centre de situation au ministère de l’intérieur pour prendre des informatio­ns et montrer qu’il est en action. Je décide même qu’il y aille à pied, ça a créé une image extrêmemen­t spectacula­ire, j’avais peur d’en faire trop. GG. (Rire) Oui, c’est vrai ! premières est de passer du temps avec les gens. C’est ce qu’il aime le plus. KT. J’étais très étonnée.

KT. Alors justement, sur cette question de l’isolement, que pensez- vous d’emmanuel Macron qui est entouré de conseiller­s ayant fait L’ENA avec lui ?

GG. On ne pouvait pas l’apprendre autrement. Qu’aurait- il fallu qu’on fasse ? Qu’on espionne les éditeurs, qu’on mette les journalist­es sur écoute ? Finalement, je suis assez fier qu’on l’ait découvert par Twitter, parce que je sais très bien ce qu’il aurait fallu faire pour le savoir avant… Ensuite,

çait : « Mais tu ne me sers à rien ! Je veux que tu commences par me dire ce qui ne va pas ! » J’ai donc gardé ce réflexe. que je me réveille tôt, et le week- end. J’ai un rapport un peu addictif à la lecture, j’aime terminer un livre très vite. Et puis je ne lis quasiment que des livres en rapport avec l’actualité ou le pouvoir. porte. Cette chose- là n’est pas facile à comprendre. Il n’y a qu’à regarder tout le foin qu’on a fait parce que François Hollande n’a pas parcouru les deux mètres supplément­aires pour raccompagn­er Nicolas Sarkozy jusqu’à la voiture lors de la passation de pouvoir en 2012… KT. Et avez- vous songé à suivre Emmanuel Macron quand il est parti du gouverneme­nt ?

KT. C’est une matière très forte, même si raconter le pouvoir de l’intérieur est très diff icile. François Hollande, lors d’un déjeuner avec des écrivains, m’avait dit cette phrase très juste : « Le livre le plus intéressan­t à écrire est celui sur la solitude du pouvoir. Donc, vous ne pouvez pas le raconter. » Or, c’est cette violence du pouvoir qui intéresse les gens.

GG. Pas du tout. D’abord, parce que je n’ai pas bien pris le fait qu’il parte : nous avions encore beaucoup de choses à réaliser ensemble. Ensuite, parce que j’avais décidé, dès le départ, de faire acte d’une loyauté totale envers François Hollande. Dès que je suis rentré à l’élysée, mon objectif a été de rester jusqu’au bout, quoi qu’il arrive. Même quand il a renoncé à se représente­r à l’élection présidenti­elle. J’aurais eu un problème d’estime personnell­e si j’étais parti.

KT. Et aujourd’hui, vous arrêtez la politique ? Je trouverais ça dommage, car vous avez l’expérience du pouvoir…

GG.( Rires) Je n’ai rien anticipé. Mais de toute façon, il faut que je m’ouvre à autre chose. J’ai désormais le virus de la politique. Je pense que dans plusieurs années, j’y reviendrai. Je crois aussi que l’opinion publique a besoin d’une transition. La vie est longue et pour ceux qui ont la passion de la politique, de l’engagement et de l’action au service de l’intérêt général, on a toujours l’occasion de servir. Bon voilà… On a parlé longtemps là, non ?

GG. Il est en effet très diff icile de décrire la réalité de la violence politique. Les auteurs de fictions ont souvent besoin de rajouter de la violence réelle pour faire comprendre la violence politique, qui réside dans des choses a priori insignifia­ntes. Par exemple, certains conseiller­s souffrent parfois de devoir attendre derrière une KT. Sur Instagram, vous évoquez souvent vos lectures. C’est à l’écume des pages (boulevard Saint-germain, à Paris, ndlr) que vous achetez vos livres, non ? GG. Oui, d’ailleurs on partage cette librairie avec François Hollande. Je lis le matin parce

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GASPARD GANTZER Il a été pendant trois ans la voix de François Hollande, parfois ses yeux et ses oreilles en tant que conseiller presse du Président. À 37 ans, Gaspard Gantzer est, comme Emmanuel Macron, issu de la désormais célèbre promotion Senghor...
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Paru à l’été 2016, son roman L’insoucianc­e nous plonge dans la violence de l’univers politique. Il a figuré notamment dans la sélection du prix Goncourt. L’auteur y décrit le personnage d’osman Diboula, conseiller à l’élysée et personnali­té politique...
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