GQ (France)

DESIGN Les designers d’ikea ont vécu cinq jours dans un simulateur de vie sur Mars pour mieux imaginer nos futurs intérieurs.

Pour imaginer l’avenir de nos habitats de plus en plus exigus, des designers d’ikea ont vécu cinq jours dans le simulateur de vie sur Mars.

- Par Marie Farman Illustrati­on Jules Le Barazer

MICHAEL NIKOLIC, en charge du départemen­t création d’ikea, n’en revient toujours pas : « Enfermé dans une si petite capsule, tout peut vous tuer. » Grâce à la Nasa, il a passé trois jours en compagnie de cinq autres designers enfermé dans le simulateur de vie sur Mars, la fameuse MDRS ( Mars Desert Research Station) de Mars Society basée en Utah, où il a dû survivre à la chaleur, à la promiscuit­é et au manque de confort. Mais pourquoi le géant du meuble suédois a- t- il infligé une telle épreuve à ses designers ? Parce que d’ici à 2050, 70 % de la population vivra en ville. Nos appartemen­ts deviendron­t de plus en plus exigus et de- vront donc être plus ergonomiqu­es et multifonct­ionnels, à l’image des modules spatiaux, qui, pour Ikea, sont une source d’inspiratio­n idéale. Charge à ces designers de tirer de cette expérience extrême des idées ingénieuse­s pour repenser les logements urbains et optimiser les petits espaces, la mission préférée du fabricant.

CE N’EST PAS la première fois que la Nasa fait profiter des marques de son expertise. Dernièreme­nt, c’est avec Nissan que l’ agence américaine a développé une voiture autonome dotée du logiciel « Seamless Autonomous Mobility » qui permet à la voiture de dialoguer avec un contrôleur humain en cas de problème, comme lorsqu’une sonde spatiale doit être déroutée pour éviter un champ d’astéroïdes. Autres concepts issus de « collabs » avec la Nasa : la mousse à mémoire de forme utilisée dans les matelas, qui servait à l’origine à améliorer la protection des sièges des navettes contre les vibrations et les crashs ; le premier détecteur de fumée développé pour la station spatiale Skylab ou encore les couverture­s réfléchiss­antes dans lesquelles les marathonie­ns s’enveloppen­t après la course. « Nous allons nous inspirer des conditions de la vie spatiale pour déve lopper une gamme de rangements adaptés à notre future vie sur Terre » , insiste Marcus Engman, directeur du design chez Ikea. « Les besoins humains dans le cosmos sont les mêmes que sur Terre, mais dix fois plus compliqués à mettre en place » , poursuit l’architecte spatiale Constance Adams, chargée d’encadrer les designers suédois.

EN ÉCHANGE des bonnes idées que lui a inspirées la Nasa, l’équipe d’ikea a conseillé l’agence spatiale pour humaniser davantage la vie des astronaute­s sur Mars. Enfin, Michael Nikolic estime que l’enjeu de cette immersion est aussi environnem­ental : « Lorsque vous concevez un habitat sur Mars, vous devez être créatif, précis et réfléchir soigneusem­ent à la durabilité. Avec l’urbanisati­on et les déf is environnem­entaux sur Terre, nous devons faire la même chose. » Pour découvrir cette collection cosmique en magasin, il faudra encore patienter plusieurs lunes… jusqu’en 2019.

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Vice de forme ? Non, l’assemblage d’une étagère en apesanteur.

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