Le binturong, quand l’amour sent le pop- corn.
LE BINTURONG, DRAGUEUR AU POP-CORN Hirsute et mignon, ce rongeur tropical a le chic pour exhaler la luxure et donner faim (dans tous les sens du terme) à ses femelles.
LE POP- CORN est un snack sympathique et régressif, qui peut éventuellement vous faire bien voir d’une fille à laquelle vous en tendrez une boîte dans l’obscurité d’une salle de cinéma. Mais il va sans dire que les seuls effluves de ces grains de maïs soufflés ne suffiront pas à faire tomber votre crush sous votre charme. Quel dommage, tout de même, lorsqu’on sait que sous des latitudes plus clémentes que les nôtres, il existe un singulier rongeur arboricole dont on dit les femelles vivement émoustillées – et nous resterons pudiques – par l’odeur de cette fameuse recette américaine.
LÀ OÙ I L VIT, EN ASIE DU SUD et Asie du Sud- Est, le binturong se croise surtout de nuit et au sommet des arbres. Difficile, donc, de l’étudier : les scientifiques ignorent encore beaucoup de choses sur ses affaires quotidiennes et, pour en savoir plus, doivent soit le capturer, soit l’observer grâce à des caméras infrarouges. Mais ils ont néanmoins relevé, en arpentant la jungle, un agréable parfum beurré, très proche de celui du popcorn. On a d’abord cru ce fumet sécrété par des glandes odorantes situées sous les testicules du mâle. Puis on a découvert qu’il émanait en fait de son urine, dont il arrose très classiquement son territoire. Flottent ainsi sur les frondaisons de la canopée des vapeurs évoquant les salles obscures, La Boum et les goûters d’anniversaire. On a longtemps cru et raconté que l’air ainsi imprégné possédait des vertus aphrodisiaques sur les femelles, qu’il les avertissait du début de la saison des amours et les mettait en rut. Hélas, certains éthologues ont jugé bon de casser l’ambiance en affirmant, après d’interminables recherches, que rien ne corroborait cette hypothèse – et en éthologie, on ne peut pas imprimer la légende comme dans le monde de la presse. Mais il n’empêche que l’animal réussit à produire lui- même une exhalaison semblable à celle du maïs cuit, donc chaud, alors que sa température corporelle attestée est bien trop faible pour faire griller quoi que ce soit. Un mystère reste à éclaircir. Peut- être qu’en sentant monter en eux l’excitation du contact physique, les binturongs se façonnent comme une sorte de petite chaudière interne et fantasmatique, qui ferait pour ainsi dire rissoler quelques bactéries et générerait cette odeur inimitable ? C’est l’hiver : allez donc essayer de faire pareil, au lieu de vous précipiter au coin du feu ou près d’un radiateur.