Vous vous habillez à la mode de votre père qui se fiche de sa tenue comme de l’an un ? Surtout, ne changez rien : vous êtes un dadcore hyper tendance.
— Un dadcore a pour principale caractéristique d’ignorer qu’il en est un ; c’est là toute la subtilité du concept. Son icône : Barack Obama, avec ses jeans larges qui tirbouchonnent sur ses mocassins en cuir noir et sa chemise blanche flottante. Le dad n’a pas envie de s’habiller, ni pour lui ni pour les autres. Inconscient de son identité vestimentaire, il cherche le confort et la facilité, tout en respectant le contexte : pour aller manger une pizza, il ressortira sa vieille paire de chaussures de sport en assurant que « ça fait cool » . Demna Gvasalia, designer de Balenciaga et membre du collectif Vetements, lui a donné une existence stylistique en s’inspirant des « jeunes papas dans les parcs » pour sa collection printemps- été 2018. Inaudibles pour le commun des mortels, pointus pour les experts : la chemisette aux proportions cubistes, la cravate imprimée, la parka multicolore portée sur un costume, le tout accompagné de ugly sneakers, qui s’arrachent comme des petits pains dans les boutiques cool de la planète.
Mais qui est donc ce héros des zones grises, cette nouvelle muse des marques de luxe ? Il a un job sûr, une femme, des enfants, une vie suburbaine dans un pavillon, un chien et un aquarium d’eau de mer. Il se fiche des trolls sur Twitter, de la chute du Bitcoin ou des vidéos problématiques de Logan Paul. Il ne se prend pas au sérieux et c’est peut- être cet élément qui fascine autant les rois du cool. Qui, du coup, se mettent à porter chemises hawaïennes encore inenvisageables il y a deux mois, polaires violettes, jeans délavés dans leur version la moins flatteuse ( jambes larges, taille haute) et chaussettes blanches sous des sneakers douteuses. Simple, basique.