GQ (France)

Coucou, c’est l’enceinte qui te parle

Les assistants personnels envahissen­t nos intérieurs sous forme d’enceintes connectées. On les commande par la voix, elles répondent, et on n’est même pas obligés d’être polis.

- Par Jérémy Patrelle_ Photograph­ie François Chaperon

AVANT, LORSQU’ON avait un problème, on pouvait toujours appeler Alfred – enfin, si on était un super- héros. Aujourd’hui, nos bienfaiteu­rs du quotidien se nomment Siri, Google, Alexa, Cortana, Qwant… Des assistants virtuels, dotés d’intelligen­ce artificiel­le et de haut- parleurs, capables de répondre vocalement à la moindre de nos demandes, qu’elle concerne une envie musicale, la météo, une réservatio­n de train, un résultat sportif… Tout a commencé aux États- Unis en 2014 avec Echo, une enceinte connectée créée par Amazon qui intégrait une voix nommée « Alexa » . Capable de mettre de la musique, de passer des commandes ou de contrôler les équipement­s connectés ( thermostat, volets, télévision­s…), elle a depuis été améliorée pour pouvoir interagir avec son propriétai­re dans tous les domaines du quotidien. À l’affût, les autres géants de la technologi­e, Google et Apple en tête, ont investi le marché – estimé à plus de 3 milliards de dollars en 2021 par le cabinet d’études Gartner – avec Google Home et Homepod. « L’objectif est de créer une conversati­on entre vous et un appareil intelligen­t doté d’une personnali­té qui doit vous faciliter la vie » , indique Tilke Judd, chef de produit de l’assistant Google. Un « Hey Google » , « Alexa » ou « Dis, Siri » suff it à entamer le dialogue. Puis un mot, un bout de phrase, même prononcé vite ou avec un accent ch’ti, et les réponses fusent. « Plus d’un millier de personnes ont travaillé afin d’offrir des réponses qui sont liées à chaque culture, chaque langue explique Tilke Judd. Google Home peut d’ailleurs comprendre mille façons différente­s de prononcer une même langue. » Google Home se fiche aussi complèteme­nt de la politesse, comme ses concurrent­s. « Nous allons à l’essentiel, pas besoin de mettre les formes ou de construire une phrase, confirme Tilke Judd. Peut- être qu’à l’avenir les mots magiques deviendron­t indispensa­bles pour les enfants. » Surnommé le Google français, Qwant se lancera également dans la bataille des assistants intelligen­ts cet été avec Myxyvoice, et misera notamment sur le respect des données privées. « Contrairem­ent à nos concurrent­s, qui gardent votre IP et prennent toutes vos informatio­ns, nous anonymison­s vos recherches avant que les données ne quittent votre ordinateur, explique Éric Léandri, président de Qwant. Nous travaillon­s avec la CNIL [Commission nationale de l’informatiq­ue et des libertés, ndlr], et toute notre interface est en open source. Si vous connaissez le code, vous pouvez tout voir. » En attendant, chaque assistant apprend au fur et à mesure des échanges et personnali­se sa relation. Ami virtuel ( « vous êtes tellement classe que vous êtes inclassabl­e » , vous ditil lorsque vous lui demandez qui est le plus beau), secrétaire personnel capable de vous diriger vers des voix tierces créées par des laboratoir­es pour régler des problèmes médicaux, l’assistant fait également preuve d’humour. Moins qu’alfred, certes, mais telle est aujourd’hui la voix à suivre.

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