ESCAPADES GOURMANDES
Pour améliorer l’ordinaire, les détenus cantinent : après avoir renseigné leur numéro d’écrou, ils remplissent des chiffres dans des cases sur des listings, par catégorie de produits et par couleur. Les marques estampillées malbouffe, à commencer par ces barres chocolatées dont les nouveaux voyous des cités raffolent, sont omniprésentes. Le listing rose correspond à l’épicerie ( sec ou conserves). On peut y commander du thé, du lait concentré, de la farine, des soupes chinoises, du Kub or, des pâtes, du riz, des pommes de terre ou des haricots verts. La fiche orange liste les produits frais ( beurre, yaourts, oeufs, lait, fromage, charcuterie, fruits et légumes…) et la verte les boissons et assaisonnements ( sodas, sirops, mayonnaise, huile d’olive…). Pour s’équiper en éponge, passoire, poêle, casserole, saladier et autres couverts, on utilise le carnet bleu clair. À noter qu’il existe aussi des carnets de cantine
hallal ( feuilles de brick, soupe chorba, baklava...) et d’autres de produits casher ( saucisson Parizer, dinde Supragalil...). Le mardi, on peut s’offrir une pizza, un poulet le mercredi et une côte de boeuf le jeudi. On a le choix entre trois ou quatre catégories de poulet, et la viande est de marque Charal. Les prix sont approximativement doublés par rapport à ceux pratiqués à l’extérieur : exemples piochés au hasard de ces listings, la boîte de Vache qui rit ( x 8) s’affiche à 2,14 euros ( 1,35 à l’extérieur), le sachet de 125 grammes de mozzarella à 1,04 euros ( contre 0,77 euros), le paquet d’emmental râpé de 200 gr à 1,73 euros ( contre 1,40). A contrario, certains produits se révèlent très bon marché, voire à des tarifs défiant toute concurrence : ainsi des lardons fumés ( 1,23 euros les 250 gr, en dés), des oeufs ( la boîte de 6 à 0,82 euros) ou des céréales Chocapic ( 1,68 euros les 430 gr).