CE QUE JE SAIS PAR...
Jake Gyllenhaal, bientôt chez Audiard.
PARTAGER LE REGARD D’UN RÉALISATEUR, C’EST PASSIONNANT
« Travailler avec Jacques Audiard était un rêve – jamais je n’aurais pensé le faire, puisqu’il ne tournait pas en anglais. Quant à la bande de Montréal (Denis Villeneuve et JeanMarc Vallée, avec qui il a
tourné, ndlr), ils sont d’une créativité folle et vont très loin dans la complexité des rapport s humains. Or tout tourne autour de cette question essentielle. Lorsque j’ai rencontré Denis Villeneuve pour Prisoners et
Enemy, nous avons constaté que nous regardions le monde avec les mêmes yeux. D’ailleurs, nous collaborons à nouveau. »
LES STUDIOS MANQUENT D’AUDACE
« Il reste encore des gens qui tentent de faire des f ilms singuliers et complexes, mais l’intérêt du public glisse lentement vers un autre type de storytelling, à grande échelle et gros budget. C’est pourquoi les studios parient de moins en moins sur des projets créatifs. Okja en est un bon exemple : Netf lix avait financé le film, mais ce fut compliqué de le faire accepter à Cannes (depuislapolémiquede2017,lefestivalimposeunesortieensallesdes films en compétition, ndlr). Provoquer tout en divertissant, comme le font Jacques Audiard ou Dan Gilroy (Night
Call), devient rare. »
CE QUI COMPTE, C’EST DE RESTER VRAI
« J’aura i 40 ans dans trois ans et je suis très au fait de mon statut : il est possible que dans peu de temps, on se demande “Jake qui ?” Je ne suis pas assez confiant pour penser que les opportunités ne cesseront jamais de se présenter. Pourtant, je suis mieux dans ma peau que je ne l’ai jamais été. Je travaille dans un environnement où l’âgisme règne, où la jeunesse est constamment célébrée, mais cette “jeunesse” est toute relative si ce que vous faites est authentique et honnête. »
LES JEUNES SONT TROP FORTS...
« Aux États- Unis, on ressasse l ’ idée selon laquelle il n’y a plus de vérité brute, qu’elle est plutôt en soi ou sur les réseaux sociaux. Mais quand les pensées s’égalisent, des dictateurs émergent. Du coup, je pensais être désenchanté par la jeune génération, me demandant ce qu’elle allait nous apporter de positif. Puis j’ai vu les étudiants de Parkland, leur manière de répondre aux événements, après la tuerie de février. Je me suis rendu compte qu’ils étaient plus forts que je ne le serai jamais. »
ALBERTO SANTOS-DUMONT EST UN SUPER-HÉROS
« Lorsque Cartier m’a approché pour la nouvelle campagne de la montre San
tos (dunomdel’aviateurqui commanda, en 1904, la première montre se portant au
poignet, ndlr), j’avais déjà un profond respect pour leurs pièces d’horlogerie. J’ai alors eu l’impression de pénétrer l’esprit de deux génies tant Louis Cartier et Alberto Santos- Dumont ont laissé un incroyable héritage. Sur les vieilles photos, l’aviateur moustachu ressemble à un gentleman avec une pointe d’absurdité et d’humour dans laquelle je me suis tout à fait retrouvé. Son histoire est digne de figurer dans un biopic ; c’est un personnage merveilleux, à la hauteur des superhéros actuels. Malheureusement, Hollywood est plus frileux qu’avant. »