GQ (France)

RIAD SATTOUF VINCENT LACOSTE

AUTEUR DE LA DÉCENNIE ACTEUR DE L’ANNÉE

- L’ ARABE DU FUTUR 4 ( ALLARY ÉDITIONS) DE RIAD SATTOUF, EN LIBRAIRIES. AMANDA DE MIKHAËL HERS AVEC VINCENT LACOSTE, EN SALLES.

Ils se sont rencontrés en 2008 pour tourner Les Beaux Gosses, à peu près au moment où nous, l ’ équipe de GQ, vous rencontrio­ns vous, chers lecteurs. Riad Sattouf, 40 ans, et Vincent Lacoste, 25 ans, ont au f il des années continué de nous a ccompagner, en binôme avec Jacky au royaume des filles, deuxième film de Sattouf, ou séparément avec les BD à succès de l’un et la carrière inspirée de l’autre dans le cinéma français. S’ils n’ont pas travaillé ensemble depuis un moment, Riad et Vincent aimeraient évidemment recommence­r ( « Un jour, j’espère, mais a priori p as tout de suite » , selon Lacoste). Avant ça, il leur faut respective­ment écrire L’arabe du futur 5 ( « J’en ai au moins pour un an ! » , lance Sattouf) et jouer quelques rôles ( le premier longmétrag­e de Félix Moati ou une adaptation du roman de Joseph Andras, De nos frères blessés). En a ttendant, ils se voient quand même beaucoup parce qu’ils s’adorent, comme deux frères qui auraient quinze ans d’écart ou comme un oncle juvénile et son neveu lunaire qu’il voit mûrir. Après le succès massif des Beaux Gosses ( 900 000 entrées pour un budget de 3 millions), Lacoste n’a pas tout de suite embrayé à un rythme infernal : il a attendu d’avoir son bac et d’être majeur pour s’installer seul et vraiment démarrer sa carrière. On l’a d’abord vu dans quelques comédies populaires avant de devenir l’un des chouchous du film d’auteur français, tournant avec Bonitzer, Honoré, Triet, Delépine et Kerven… En 2014, il a retrouvé Sattouf pour Jacky, une géniale dystopie burlesque qui n’a hélas pas charmé les foules. Le réalisateu­r s’est consolé en dessinant, notamment L’arabe du futur, dont chacun des quatre tomes jusqu’ici publiés s’est écoulé à plus de 500 000 exemplaire­s – le dernier volet sorti début octobre a détrôné le « livre » d’éric Zemmour au classement des ventes. Les deux amis, rencontrés au Lutetia, ont accepté de se soumettre à un questionna­ire « bromance » pour jauger leur intimité.

La première chose que vous avez pensée de lui ?

Vincent Lacoste : C’était pour l’audition des Beaux Gosses. Je me souviens qu’il me regardait par en dessous, l’oeil mi- clos. Il se tenait en retrait du directeur de casting, Stéphane Battu, qui, lui, parlait

ILS SONT COPAINS COMME COCHONS DEPUIS DIX ANS, ET LEUR SENS DE L’HUMOUR NOUS ENCHANTE DEPUIS AUSSI LONGTEMPS. RIAD SATTOUF ET VINCENT LACOSTE ONT JOUÉ LE JEU DE NOTRE INTERVIEW « BROMANCE », TOUTE EN TENDRESSE RÉCIPROQUE. Par Étienne Menu

beaucoup. Du coup, au début, je les avais pris l’un pour l’autre.

Riad Sattouf : Je l’avais vu au casting faire des imitations de ses profs, pas forcément réussies, mai s je l’avais trouvé presque hypnotisé quand il jouait. Ça se voyait qu’il aimait raconter une hi stoire, travailler la posture, la prononciat­ion.

Votre meilleur souvenir ensemble ? VL : Quand j’ai été pris pour Les Beaux Gosses!

RS : Il y en a plein mais je garde en mémoire la sélection des Beaux

Gosses à Cannes, parce que j’avais été très heureux de retrouver toute l’équipe plus tôt que prévu et dans un contexte un peu inattendu, après huit semaines de tournage mémorables.

Votre pire souvenir ensemble ?

VL : Quand je me suis pété le genou trois semaines avant le tournage des

Beaux Gosses. C’était arrivé lors d’un pogo, un soir où j’étai s allé v oir des potes jouer dans un vieux bar. Riad était venu chez moi a vec les as - sureurs, j’étais terrorisé de ne pas pouvoir faire le film.

RS : Ce n’est pas vraiment un mauvais souvenir mais disons que c’était dur à vivre sur le moment : pour une scène des Beaux Gosses, je voulais qu’il pleure mais il n’y arriv ait pas. À force, il a décidé de faire semblant. Ça m’a éner vé, je l ’ ai engueulé et là, pour le coup, il a vraiment pleuré (rires). Le petit nom que vous lui donnez ? VL : Riri. RS : Chouchou. La couleur de ses yeux ? VL : Marron foncé. RS : Marron foncé, comme moi ; on a un peu les mêmes yeux, en fait. Son plat préféré ? VL : Le homard. RS : Je dirais les trucs japonais, les sushis.

Sa date de naissance ? VL : (instantané­ment) 5 mai 1978. RS : Alors ça, c’était il n’y a pas si longtemps, c’était en… (il réfléchit

un moment mais ne trouve pas) Bon, allez, j’avoue, je suis nul en anniversai­res : j’oublie ceux de mes amis, je suis obligé de me concentrer pour me souvenir de ceux de mes enfants, c’est horrible. Fin août, je dirais ? (Vincent Lacoste est né le 3 juillet 1993, ndlr) Son tic de langage ? VL : « Extrêmemen­t » . RS : « Mon gars » , ou plutôt « beh ouais mon gars » .

Son style ?

VL : Baskets, jean, polo ou chemise avec un pull, caban ou cuir en hiver, K- way quand il pleut. Récemment, il a essayé de changer ses lunett es – on dirait celles de François Hollande –, sans succès.

RS : Je saurais pas dire, je sais juste que c’est un minet, qu’il connaît plein de marques, est ami a vec de gr ands créateurs... Il était dans une phase Bob Dylan, avec ses cheveux. Il me donne tout le temps des conseils, me fait des remarques... il m’a même dit que mes lunettes étaient nulles.

Ce que vous trouvez le plus drôle chez lui ?

VL : C’est sa façon d’être, tout simplement, à la fois très pessimiste et très joyeux. Il observe tout comme un gamin et il a tout le temps des anecdotes.

RS : Il est très drôle, globalemen­t ! Ce qui me fait le plus rire, c’est de me souvenir de lui il y a dix ans quand sa mère l’engueulait parce qu’il s’était pété le genou et qu’il était éploré, alors qu’aujourd’hui, dans les bars, les filles lui laissent leur numéro comme si c’était Alain Delon. Le prénom de son meilleur pote ? VL : Émile. RS : Antoine, non ? William, aussi. Ah non ! C’est Riad, son meilleur ami. Sa BD préférée ? VL : Journal d’une disparitio­n de Hideo Azuma.

RS : Les BD de Riad, bien sûr. Gotlib, aussi.

JE ME SOUVIENS DE VINCENT IL Y A DIX ANS QUAND SA MÈRE L’ENGUEULAIT PARCE QU’IL S’ÉTAIT PÉTÉ LE GENOU JUSTE AVANT LES BEAUX GOSSES ET QU’IL ÉTAIT ÉPLORÉ, ALORS QU’AUJOURD’HUI, DANS LES BARS, LES FILLES LUI LAISSENT LEUR NUMÉRO COMME SI C’ÉTAIT ALAIN DELON.” RIAD SATTOUF

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MANTEAU ET PULL VALENTINO

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