“LE CHANT DU LOUP” ET LES ESPIONS DES ABYSSES
CASQUE SUR LA TÊTE, François Civil écoute. Autour de lui l’équipage, Omar Sy et Reda Kateb en tête, fait silence : « l’oreille d’or » va délivrer l’oracle. Cette scène intrigante, au début du Chantduloup (d’antonin Baudry), met en lumière une des unités des services secrets français les plus mal connues : les analystes du Centre d’interprétation et de reconnaissance acoustique (Cira) de Toulon. Ces espions des fonds marins sont une cinquantaine seulement, sous-mariniers ayant occupé divers postes avant de se lancer dans une formation d’environ sept ans – études poussées des mathématiques et des sciences du son – pour devenir un « oreille d’or » de confiance. Bruits de moteurs de sousmarins ou de pales de cargos de pêche, cris de baleines, craquements d’iceberg... rien ne doit leur échapper. Si les missions les plus spectaculaires sont la chasse aux sous-marins ennemis, c’est un oreille d’or de l’émeraude qui a aidé à retrouver la boîte noire du vol Air France 447 disparu en mer au large de Rio en 2011. Les oreilles d’or ne disposent pas de capacités auditives extraordinaires, mais se forment une mémoire acoustique hors du commun grâce à un entraînement acharné leur permettant de distinguer un sousmarin russe d’un appareil chinois, et même de donner son année de fabrication. Bluffant.
SOUS-MARINS VEDETTES DU GRAND ÉCRAN