GQ (France)

L’HOMME EST UNE FASHIONIST­A COMME LES AUTRES

Autrefois distant, voire délégué à un tiers (conjointe, soeur, mère), le rapport que l’homme entretient avec son vestiaire a totalement changé. Pour GQ, Franck Nauerz, l’acheteur homme du Bon Marché, décrypte en cinq points les signes de cette mutation.

- PAR GÉRALDINE SARRATIA_ ILLUSTRATI­ON SIMON LANDREIN

1 - IL SUIT TOUTES LES TENDANCES

Rendu accro par les « drops » ( ces livraisons de fringues au comptegout­tes en magasin) popularisé­s par des marques de skate telles que Supreme ou plus récemment Moncler avec son programme Genius, le postmec suit désormais ses marques préférées sur Insta avec fougue !! FRANCK NAUERZ : « C’est encore plus vrai chez les millennial­s que l’on voit parfois shopper entre copains. Ils sont particuliè­rement attirés par les collaborat­ions de matières techniques, d’outwear. » Tout en haut de l’échelle du désir : Palace, Patagonia, ou la dernière collab’ Avnier ( Orelsan) x Salomon.

2 - IL PORTE DES BIJOUX

Autrefois relégué aux boutons de manchette, chaîne de première communion, voire pour les plus audacieux aux gourmettes, le marché du bijou pour homme est aujourd’hui en pleine explosion. Il a rapporté 5,3 milliards de dollars en 2017. C’est certes encore loin des 31 milliards du secteur féminin, mais le marché est en plein essor : 22 % de plus qu’en 2012. ( source Euromonito­r Internatio­nal). En top des ventes, les bagues ( 30 % des ventes), suivies des colliers et chaînes ( 15 % des ventes). FRANCK NAUERZ : « Même les hommes les plus classiques s’y mettent. Il ex iste des cours de “stacking”, pour apprendre aux hommes à associer les bracelets les uns avec les autres. »

3 - IL MAÎTRISE LE SPECTRE DES COULEURS

Fini le temps où le bleu marine, le beige, le noir, le blanc et le gris faisaient la loi et terrorisai­ent le vestiaire masculin. La couleur se limitait alors au mieux à une touche apportée par un accessoire – chaussette ou écharpe. Distillées par les designers de marques de luxe et popularisé­es par la vague spor t swear, les couleurs franches et flashy sont aujourd’hui monnaie courante. FRANCK NAUERZ : « On n’hésite plus aujourd’hui à porter de l’orange, du jaune, du rose, des motifs et imprimés. Il faut saluer l’influence de Paul Smith qui fut un des premiers à oser les mélanges audacieux. »

4 - IL N’A PLUS HONTE DE SON TOTE BAG

Depuis la Renaissanc­e, et l’apparition des poches dans les vêtements, la division semblait claire : alors que les hommes accrochaie­nt volontiers une bourse à leur ceinture, ils por teraient désormais leurs effets personnels sur eux. Le sac, avec ses ornements, deviendrai­t dès lors l’accessoire de la féminité, de l’intime, du personnel. En 2019, le mouvement amorcé il y a une dizaine d’années s’affirme, et l’homme n’hésite plus à fourrer son laptop dans un tote bag, sac dont les lignes s’inspirent de modèles plus féminins. FRANCK NAU E R Z : « Le sac à dos de luxe, tel que revisité par les designers, a été une étape décisive : il a sorti le sac pour homme de la pure fonctionna­lité et démocratis­é son usage. »

5 - IL SE GROOME

Le post- mec prend soin de lui. Et si le recours à un barbier et à des services de grooming fait déjà partie de ses habitudes, son intérêt pour la beauté ne fait que croître. Surfant sur la tendance, Chanel vient de lancer Boy, une ligne de maquillage pour homme. La chirurgie esthétique est également investie. En 2017, 1,3 million d’opérations de chirurgie cosmétique ont été pratiquées sur des patients hommes ( source American Society of Plastic Surgeons). En hausse, la liposuccio­n (+ 23 %), ou la réduction mammaire (+30 %).

FRANCK NAU E R Z : « Le Bon Marché a été le premier grand magasin à intégrer un service de grooming. On se pose même la question d’étendre ce service à la manucure et aux soins du visage. »

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