CE QUE JE SAIS...
Ancien styliste de Supreme, le Canadien de 43 ans impulse son goût du tailoring dans les marques OAMC et Jil Sander. Pour GQ, il explique ses influences.
Par Luke Meier, ancien de Supreme et nouveau designer de Jil Sander.
1. LE COOL EST FORCÉMENT
SUBJECTIF J’ai grandi à Vancouver, un chouette endroit. C’est une ville dynamique, et les cultures jeunes y trouvaient leur place assez naturellement. J’ai commencé à skater vers six ou sept ans, et c’est devenu une partie intégrante de ma manière de vivre, de me déplacer. J’écoutais du hiphop, du punk-rock, puis je me suis intéressé au design. Le skate m’a appris que la performance ne valait rien, que ce qui comptait était ton style, ta façon de faire les choses. Cela a forgé aussi mon idée du cool. Car comment déterminer ce qui l’est ou ce qui ne l’est pas ? En étant totalement subjectif. Cela m’a beaucoup servi quand j’ai travaillé comme styliste chez Supreme, pendant huit ans à New York.
2. LA MODE DOIT ÊTRE LE
REFLET DE L’ÉPOQUE La mode est une réflexion sur la culture, le raccourci le plus court pour observer l’éclosion de mouvements culturels. Si un style musical se crée, tu peux être certain que tu vas le retrouver sur les podiums ou dans la rue peu de temps après. Je n’aime pas la nostalgie. La mode doit parler d’aujourd’hui, même si la question qu’elle pose est souvent tournée vers le futur proche : « Et après ? » Notre travail de designer est de parvenir à créer des choses qui font sens dans l’époque où elles apparaissent. Mais ce qui m’impressionne le plus, ce sont les créateurs qui parviennent à faire cela dans la durée, telle Rei Kawakubo qui bouleverse son champ depuis un demi-siècle.
3. LE PROCESSUS EST AUSSI IMPORTANT QUE L’ OEUVRE ELLE- MÊME
L’an passé à Paris, je suis allé voir l’exposition Picasso autour de Guernica. Ce qui m’a le plus intéressé, et c’est une constante dans mon approche de l’art et de la culture, c’est le processus qui a mené à la création de cette toile. Lorsqu’il travaillait sur Guernica, Picasso a peint énormément de toiles en quelques jours. Et toutes ces couches, ces étapes de son processus étaient visibles dans l’exposition. La création reste quelque chose de mystérieux, qui varie en fonction de chacun. Cela compte autant que l’oeuvre en elle-même.
4. LE TAILORING EST DURABLE
Je travaille avec une petite équipe chez OAMC, à Milan, et entre nous c’est un dialogue permanent. J’ai étudié le tailoring à Florence, pendant deux ans, avec des tailleurs chevronnés. J’y appris à connaître intiment le menswsear, qui est pour moi toujours lié à l’idée de fonctionnalité. Cela m’a également confirmé dans mon désir de créer des vêtements de qualité. Le jetable n’a aucun sens. OAMC.COM ET JILSANDER.COM