MARIANI VS CASANOVA : LA GUERRE DES PARRAINS

Entre les deux têtes d’affiche de la Brise de mer, l’histoire démarre en 1984 quand Francis Mariani s’évade avec Charles Pieri, futur chef du FLNC, de la prison bastiaise de Sainte-Claire. Le cerveau de cette belle, Richard Casanova, est coopté par Mariani au sein de la Brise. Le gang a commencé alors à poser son emprise sur l’île, éliminant les vieux parrains qui exerçaient leur magistère sur un mode paternaliste. Ponctuée de coups spectaculaires (dont le « casse du siècle » de l’UBS à Genève en 2001), l’ascension est irrésistible. Organisateur né, Casanova, planifie les opérations. Ce fils de la bourgeoisie bastiaise, des années de cavale au compteur, est un businessman à l’entregent avéré, stratège et séducteur. Il voyage, fréquente les palaces, s’invite dans les affaires de la Corsafrique dans les pas de Michel Tomi, richissime empereur des jeux sur le continent, gravite autour de l’OM, garantit la sécurité des campagnes électorales de Bernard Tapie, a ses entrées dans les ministères et les « services », parle avec des flics. Pas la culture de Mariani, homme d’action, jamais meilleur que lorsque ça chauffe. Brutal, éruptif et taiseux, Mariani court les rallyes automobiles de l’île et tire plus vite que son ombre, Chossat (voir son livre Repenti,

Fayard, 2017) lui attribue plus de cinquante meurtres. Il est aussi l’inventeur de... l’évasion par fax, quand il quitte en 2001 la prison de Borgo sur la foi d’un (faux) fax de remise en liberté. Inévitable, le choc des ambitions entre ces deux ego portait en lui la fin de l’histoire. François-Marie, dit Francis, Mariani est décédé en janvier 2009 à 59 ans, déchiqueté dans l’explosion d’un hangar à Casevecchie. Richard Casanova, dit « Charles », est assassiné par un tireur embusqué à 48 ans à Porto-Vecchio, le 28 avril 2008, à 11 h 25. La justice n’a condamné personne pour la mort du premier. Pour celle du second, elle rend son verdict le 10 novembre.