40 DOSSIERS ROUVERTS
Compte tenu du profil de Nordahl Lelandais, apparu subitement en 2017 comme le meurtrier présumé d’une fillette et d’un militaire, la gendarmerie se demande si l’ex maître-chien n’a pas commencé bien avant. Une cellule spéciale, baptisée Ariane, a été chargée d’étudier 900 dossiers non élucidés, dont 40 ont été retenus comme d’hypothétiques affaires imputables à ce possible meurtrier compulsif. Parmi ses potentielles victimes, Jean-Christophe Morin et Ahmed Hamadou, volatilisés en 2011 et 2012 au festival électro de Fort de Tamié (comme Arthur Noyer en 2017) et fréquenté par Lelandais. Les cas à nouveau explorés concernent tous des adultes, même si pour Me Caroline Rémond, qui assiste les trois petites-cousines de Nordahl Lelandais, son « profil s’apparente plus à un prédateur sexuel pédophile qu’à un tueur en série ». Selon Yves Crespin, avocat de l’association L’Enfant Bleu : « Nous sommes face à un criminel hors normes car ses victimes sont indifférenciées, un homme, une adolescente, des petites filles, des agressions sexuelles, des crimes de sang dont on ne comprend pas bien le mobile, un mélange de tueur en série et de prédateur sexuel sans limites qu’on a arrêté à temps. » Bernard Valézy, un ancien commissaire de police qui oeuvre pour l’association de familles Assistance et recherches de personnes disparues, a recensé 34 disparitions suspectes de majeurs, dont 20 morts suspectes sur les régions Rhône-Alpes et Auvergne. Il a transmis ses recherches à la cellule Ariane qui les étudie et les compare au parcours de Lelandais. Aux yeux de l’ex-commissaire Valézy,
« un type de 34 ans qui, en six mois, commet deux meurtres, on ne me fera pas croire qu’il n’y a pas de précédents. En plus, son mode opératoire, balancer les corps dans la nature en haute montage sans les enterrer car il sait que la décomposition est plus rapide, un type qui agit ainsi et parle de pulsions, ce serait fort de bouchon qu’il ne soit pas passé à l’acte avant. » Plusieurs enquêtes ont été relancées en France et des dossiers ont été rouverts dans sept tribunaux par les procureurs, dont quatre à Grenoble.