GQ (France)

On a suivi la confection d’un pull matelot maille après maille.

L’immortel pull matelot Saint James est aujourd’hui une pièce culte. Et pour comprendre le secret de sa technicité, rien de mieux qu’une visite de l’usine.

- PAR CLAIRE TOUZARD PHOTOGRAPH­IES COLIN LE DORLOT

SSAINT JAMES EST NORMANDE et tient son nom d’une bourgade en vieilles pierres proche du Mont-Saint-Michel. Dans ses ateliers, « on a 50 % de locaux, 50 % de Bretons », précise l’équipe en s’amusant de cette fausse rivalité régionale. Initialeme­nt créé pour les pêcheurs, le pull matelot Saint James est devenu culte – depuis les années 1980, il cartonne au Japon. La marque Avnier d’Orelsan l’a même revisité le temps d’une collab’. On a suivi sa conception, maille par maille.

LE SAVOIR-FAIRE D’ANTAN

Depuis le début, rien n’a changé : 70 machines, dont une aujourd’hui vieille de presque 50 ans, sont supervisée­s par des bonnetiers. Les pulls sont tricotés en panneaux à dimension – le secret de leur solidité –, ce sont donc des pans entiers qui sortent de ces machines avant d’être coupés et assemblés artisanale­ment. « On fournit l’armée de Terre et l’armée de l’Air », raconte fièrement le président Luc Lesénécal.

À L’OEIL NU

Plus loin, une dizaine de femmes enlèvent à la pince à épiler tout parasite des fragments de pull, à l’oeil nu, et remontent les mailles manuelleme­nt si besoin : ce « raccoutrag­e » a valu à Saint James le label d’État « Entreprise du patrimoine vivant », qui reconnaît le savoir-faire d’excellence.

MAILLE PAR MAILLE

Si le col ne bâille pas sans pour autant étrangler celui qu’il habille, c’est parce qu’il n’est pas cousu, mais remaillé, maille par maille, avec le reste du pull, « comme si on l’enfermait dedans ». Une architectu­re qui tient de « ce savoir-faire ancestral », selon le président.

IMPERMÉABL­E

Mais le succès de ce pull, qui comme le whisky se patine avec l’âge, réside dans sa matière première, la laine : les fondateurs de Saint James ont d’abord été filateur, au XIXe siècle. La marque a ensuite fabriqué des tricots de corps de protection pour les marins. Son pull matelot a gardé cette laine brute au point serrée et increvable, rêche au toucher, qui vient d’Australie ou de NouvelleZé­lande. On en aperçoit les pelotes bleues, rouges ou écrues, dans l’atelier. « Notre laine résiste aux conditions extrêmes, on dit même qu’elle est imperméabl­e ! D’ailleurs, tous les grands navigateur­s continuent à nous porter. »

 ??  ?? Bleu, blanc ou rouge, sur ce pull, rien ne bouge.
Bleu, blanc ou rouge, sur ce pull, rien ne bouge.
 ??  ?? Chez Saint James, chaque artisan est testé pour sa dextérité avant d’être formé pendant dix-huit mois. Un sens de l’excellence pour un pull qui dure toute une vie.
Chez Saint James, chaque artisan est testé pour sa dextérité avant d’être formé pendant dix-huit mois. Un sens de l’excellence pour un pull qui dure toute une vie.
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France