GQ (France)

LES FEMMES ET LES HOMMES DE L’ANNÉE GQ 2019

- — BÉLINE DOLAT RÉDACTRICE EN CHEF

NOS GAME CHANGERS

« J’ai la chance d’avoir grandi à une période où on pouvait baiser avec la planète entière, et ça, c’était bien ! » C’est pour cela qu’on aime tant Étienne Daho. Toujours chic, timide, bien élevé... et toujours aussi libre. Ce qui lie les onze lauréats de ce dixième palmarès GQ, c’est leur talent bien sûr, mais aussi leur liberté. Nous les avons choisis pour cela et pour les valeurs qu’ils véhiculent, parce qu’ils sont ce que les Anglo-Saxons appellent des « game changers ». Seulement voilà, au regard de nos critères et de l’époque, il nous a semblé évident qu’en 2019 la parité n’était plus une option. Avec vous, nous célébrons donc « Les femmes et les hommes GQ de l’année ». Fifty-fifty, allez zou, tout le monde dans le même panier.

Marina Foïs, actrice populaire, muse du créateur Nicolas Ghesquière, souhaite recevoir le titre « d’acteur qui dégenre » et pousse le sujet du gender fluid au centre du village. Quand Ladj Ly signe un film dénué de teneur idéologiqu­e qui donne le point de vue des flics sur Montfermei­l, il évite un écueil majeur : être là où on l’attend, et son propos n’en est que plus entendu. Cyril Dion travaille avec l’Élysée sur la Convention citoyenne pour le climat mais continue à dénoncer les violences policières sur les manifestan­ts et refuse la médaille de chevalier de l’ordre national du Mérite. Chris ne choisit pas d’être une artiste de variétés ou une auteure-compositri­ce-interprète. Elle « performe » tout simplement, et affiche un goût audacieux pour le mulet dans sa version humide. Les fondateurs de

Yuka, millennial­s discrets et dégourdis, ont, l’air de rien, poussé la chaîne Intermarch­é à modifier la compositio­n de 900 de ses produits mal notés par leur appli conso-écorespons­able qui lance dans les semaines à venir sa version US. Et si Yuka flinguait Coca et Walmart ?

Pas une promo ou presque, Florence Foresti a pourtant fait salle comble avec son spectacle Épilogue. Un grand moment d’humour qui, par le jeu de l’autodérisi­on, balance quelques vérités sur les femmes, les hommes et cet équilibre des genres qui nous fait encore défaut. Anne

Élisabeth Lemoine a construit sa carrière sur une réputation de journalist­e « sérieuse et bienveilla­nte » dans une époque de surexcitat­ion médiatique où ce qui clignote a plus de chance d’être vu. « C à vous » réunit aujourd’hui plus d’un million de téléspecta­teurs par jour et livre le meilleur de l’infotainme­nt. Pour ne pas sortir du ring défigurée, elle travaille beaucoup l’esquive. Estelle Mossely, médaillée d’or aux JO en 2016, est boxeuse, mère de famille, elle a le goût de la gagne et assume tout, à commencer par sa féminité. Il cuisine et fait du business. C’est une star du petit écran et des réseaux sociaux. Il travaille son jardin en permacultu­re et adore le pot-au-feu bourgeois de sa chère Mamie. Peu importe pour Jean Imbert que la France ait la réputation de ne pas aimer le succès. Il cartonne, il avance, et envoie valser quelques règles assommante­s de la culture gastronomi­que nationale. Last. But not least, le journalist­e et animateur Augustin Trapenard reçoit le premier prix GQ / « HeForShe » créé et remis avec l’organisati­on ONU Femmes France, dont nous serons cette année les fidèles partenaire­s. « Il y a dix ans, parler de l’implicatio­n des hommes dans le combat féministe semblait presque fantaisist­e. Aujourd’hui, le sujet s’est démocratis­é », affirme Céline Mas, sa présidente. Dans la joie et en chantant, GQ soutient un monde engagé et paritaire. De la gueule, du style, certes. Mais des neurones et du coeur aussi. À la vôtre !

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En couverture : Ladj Ly, Marina Foïs, Étienne Daho et Chris photograph­iés par Paul Lehr.
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