CE QUE JE SAIS
Le chanteur français revient avec un septième album, Panorama, une tournée et un premier film aussi sensible que ses textes.
LA CHANSON, C’EST À DOUBLE TRANCHANT
« Demande à des lycéens s’ils préfèrent être dans un groupe de rock ou faire des chansons, ils choisiront tous la première option ! Moi, j’ai toujours eu envie de la deuxième. Et pourtant, j’ai grandi dans les années 1980, une génération très ironique. Tout le contraire de la chanson où tu te livres en français et au premier degré. Tu es immédiatement jugeable : soit ça touche, soit ça énerve. »
CRÉER N’EST PAS UNE SCIENCE EXACTE
« Je n’écris pas un texte en un après-midi. C’est laborieux de choper des émotions, des instants de vie puis de les retranscrire dans une chanson pour replonger les gens dedans. Par exemple, dans “Les Piqûres d’araignées”, sortie en 2006, je voulais que les auditeurs se projettent dans un début de soirée estivale, post-plage, devant une fille qui réveille une piqûre en la grattant. J’essaie souvent de retrouver le charme d’un moment mais finalement, je ne sais jamais vraiment comment ni pourquoi il opère. »
UN CHANTEUR EST MOINS SOLITAIRE QU’IL N’Y PARAÎT
« Quand tu commences ta carrière, tu passes beaucoup de temps seul. C’est le cliché du chanteur solitaire, mais en fait, très vite, tu es entouré pour présenter ton projet, préparer ton album, travailler les arrangements, organiser la promo, répéter ta tournée... C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai eu envie de faire intervenir un artiste sur chaque titre de mon dernier album, Panorama, comme Keren Ann, Herman Dune ou encore Yael Naim. Cette idée d’équipe, cet esprit collégial, ça ressemble plus à ce que je vis. Même si c’est nécessaire d’avoir des moments seul, d’autant que c’est dans ma nature de fils unique. »
LES FORMATS NE DEMANDENT QU’À ÊTRE CASSÉS
« On dit par exemple que les chanteurs doivent faire des albums et qu’un film doit être soit un long, soit un courtmétrage. J’aime remettre ces schémas en question, ne pas me censurer pour pouvoir réinventer les formats. Comme ce spectacle, Memory, que j’avais fait en 2013, à michemin entre le concert et la pièce de théâtre. Pareil pour mon film, il fait une heure et il sera projeté dans une salle parisienne, puis sûrement en tournée. Et j’ai souvent laissé s’effacer mon scénario au profit de témoignages plus spontanés et d’une narration moins classique. »
ÊTRE MUSICIEN REND SCHIZO
« Je suis arrivé dans la musique par le spectacle et je n’étais pas forcément très à l’aise en studio. J’ai vite compris qu’être chanteur, c’est à la fois produire un album, un objet finalement assez froid et définitif qui doit conquérir, mais aussi faire des concerts où tu dois t’adapter à la scène, où ta voix n’est pas la même chaque soir et où le public vient pour te voir. Aujourd’hui, j’apprécie la complémentarité de ces deux façons de travailler. » PANORAMA (TÔT OU TARD), DISPONIBLE. CONCERT DU 3 AU 7 DÉCEMBRE À LA CIGALE (PARIS) PUIS EN TOURNÉE DANS TOUTE LA FRANCE. JE NE SAIS PAS SI C’EST TOUT LE MONDE, AU CINÉMA DES CINÉASTES (PARIS 17E) TOUS LES DIMANCHES JUSQU’AU 22 DÉCEMBRE, PUIS EN TOURNÉE.