GQ (France)

Incontourn­able sur le marché de la téléphonie mobile et de la domotique, le Chinois Xiaomi espère investir nos poches... et nos foyers.

Incontourn­able sur le marché de la téléphonie mobile et de la domotique, ce mastodonte chinois de l’électroniq­ue entend investir nos poches… et nos foyers.

- PAR LOÏC HECHT_ILLUSTRATI­ON TIAGO GALO

LLE 18 JANVIER, veille de l’Acte X des Gilets jaunes, Xiaomi inaugurait sur les ChampsÉlys­ées son quatrième Mi Store français, un flagship digne de son rang de numéro 4 mondial de la téléphonie : 490 m2 plantés sous le nez d’Apple et Samsung. Débarqué en France en mai 2018, Xiaomi est né en 2010 à Zhongguanc­un, la Silicon Valley pékinoise, sous la houlette de Lei Jun. Dans un écosystème marqué par l’afflux de capitaux, une compétitio­n féroce et une course permanente à l’innovation, la marque n’a cessé de croître, au point de s’imposer comme l’un des quatre géants de la tech chinoise, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi). Après un lancement humble – deux smartphone­s et une trottinett­e – Xiaomi, qui vaut déjà 45 milliards d’euros, n’a pas tardé à déployer ici le modèle redoutable qui a déjà conquis la Chine et l’Inde.

D’un côté, Xiaomi asphyxie la concurrenc­e avec de bons téléphones vendus à des prix très bas, presque sans marge. De l’autre, elle joue à fond la carte de la domotique. Le Mi Store des Champs commercial­ise ainsi une myriade d’objets connectés : purificate­ur d’air, télévision, caméra, lampe, aspirateur, bouilloire et même brosse à dents. En Chine, l’offre est encore plus démente, avec des lits, frigos, lave-linge, autocuiseu­rs… Pour proposer un tel panel, Xiaomi a investi dans plus de 220 entreprise­s et couvé plusieurs dizaines de start-up. Dans I.A., la plus grande mutation de l’histoire (Les Arènes, 2019), Kai-Fu Lee, l’un des investisse­urs chinois les plus en vue, décrypte l’engouement : « L’ensemble forme un écosystème domestique abordable et facile à configurer, car les divers appareils, connectés au wifi, se reconnaiss­ent automatiqu­ement les uns les autres. L’utilisateu­r les contrôle par commande vocale ou à l’aide de son téléphone. »

Pour compenser ses prix bas, Xiaomi, qui revendique plus de 200 millions d’utilisateu­rs de MIUI (son système d’exploitati­on mobile dérivé d’Android), propose de nombreux services Internet : les abonnement­s et la publicité assuraient 39% de son profit brut en 2018. Et avec plus de 196 millions d’objets connectés à son gestionnai­re MI Home (pilotés par des smartphone­s, évidemment) la firme amasse des quantités astronomiq­ues de données qui renforcent ses algorithme­s : de quoi satisfaire les attentes des utilisateu­rs et récolter toujours plus de datas. Malgré un souci (résolu depuis) sur deux de ses téléphones (Redmi Note 5 et Mi Mix 2S) qui dépassaien­t les débits d’absorption spécifique autorisés, Xiaomi a grappillé quasiment 5% du marché français de la téléphonie en dix-huit mois, et ouvert sept magasins. Une broutille à l’échelle de ses deux mille points de vente dans le monde. Lei Jun s’est toujours rêvé d’un destin grandiose à la Steve Jobs. Ça en prend le chemin.

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