GQ (France)

Docteur Renard et Miss Tempo

Pour séduire sa foxy lady, le renard doit se montrer persévéran­t et avoir un bon sens du timing. Mais il y gagne une épouse idèle (et quelques petits bâtards).

- PAR ÉTIENNE MENU

Chez les renards, quand on ne vole pas les fromages aux corbeaux ou qu’on ne dévore pas des poules sans défense, il arrive qu’on copule. Mais comment donc s’y prennent M. Goupil et Mme Renarde ?

Eh bien déjà, la saison des amours est très brève, puisque la femelle n’est en chaleur que trois jours en hiver. Toutefois, elle compense l’étroitesse de cette fenêtre de tir en se montrant ultra-disponible, puisqu’elle peut éventuelle­ment enchaîner les partenaire­s. La portée qu’elle mettra bas connaîtra alors plusieurs pères, créant une sorte de famille recomposée... dès le début !

Mais avant de procréer, mâles et femelles vont chacun à leur manière se montrer à quel point ils s’apprécient. Les garçons vont voir le volume de leurs testicules multiplié par six, façon Hulk, avant même d’être en érection. Comme les chamois, dont nous parlions l’an dernier, ils vont devoir se battre entre eux et cavaler longtemps avant de trouver une compagne, qui ne leur laisse en général que quelques traces olfactives – sous forme d’urine dispersée çà et là – et sonores – sous forme de jappements toujours plus amples et langoureux. Lorsque la belle est prête, sa vulve enfle elle aussi, plus légèrement, et prend de jolis reflets roses. Vient alors le moment de la pénétratio­n, qui suit un curieux séquençage : le coït lui-même ne dure que quelques secondes, mais le mâle ne se retire pas tout de suite puisqu’il peut rester en place pendant une bonne heure. Mais faites comme chez vous, cher monsieur ! Ce verrouilla­ge n’est pas volontaire : les deux amants ne peuvent techniquem­ent pas se détacher tout de suite

– comme c’est mignon ! Ensuite, les choses varient : certaines femelles peuvent donc décider d’aller voir ailleurs (un peu comme au Club Med), tandis que d’autres remettent frénétique­ment le couvert avec le même type

(un peu comme au Club Med aussi). Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’à la naissance des petits, moins de deux mois plus tard, la maman élira son compagnon de route parmi les géniteurs de sa marmaille, devenant irrévocabl­ement monogame, mais qu’elle rejettera systématiq­uement les avances de son mari jusqu’à ses prochaines chaleurs – eh bah oui, fallait en profiter mon vieux !

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