BackMarket, les rois du reconditionné.
« Screw New ». C’est avec ce slogan provocateur – « Nique le neuf » – que BackMarket, plateforme de vente de produits électroniques reconditionnés aux résultats exponentiels, a réaffirmé ses valeurs en 2019, cinq ans après son lancement.
SSNEAKERS VEJA AUX PIEDS, Thibaud Hug de Larauze, 31 ans, déambule dans les locaux épurés de BackMarket, au Nord de Paris, tout en déroulant son parcours : fils et petits-fils d’entrepreneur nantais, école de commerce, voyages, notamment une année de césure pour reconstruire des écoles à Haïti après le séisme de 2010. Il devient responsable commercial chez Neteven et accompagne les usines de reconditionnement d’appareils électroniques et électriques qui cherchent à mettre en avant leurs produits auprès des grandes « marketplaces » comme Amazon ou eBay. Thibaud s’aperçoit vite qu’elles peinent à y trouver leur place. « J’étais convaincu que le savoir-faire de ces usines de reconditionnement n’était pas assez mis en valeur sur ces sites généralistes aux fiches produits trop sommaires et standardisés », explique celui qui y voit un potentiel business, mais surtout un impact positif sur la planète.
UN CONCEPT RÉPARER ET REVENDRE COMME NEUF
Adepte de l’économie circulaire, il songe à créer un site d’achat spécialisé dans les produits reconditionnés où les produits auraient les mêmes garanties que les versions neuves… mais vendus 30 à 70 % moins chers. Ainsi naît BackMarket, cofondé avec son collègue Quentin Le Brouster, ingénieur développeur chez Neteven, et Vianney Vaute, ex-médiaplanner chez BETC. Thibaud s’occupe du business, Quentin de la technique, et Vianney se charge d’installer la marque dans les habitudes de consommation. En novembre 2014, BackMarket est en ligne.
DES RÉSULTATS DE 3 À 230 MILLIONS DE VOLUME D’AFFAIRES EN 5 ANS
Après quelques dizaines de commandes d’amis, les « vraies » achats affluent. Vite. La première année, ils feront 3 millions d’euros de volume commercial. Il est aujourd’hui de 230 millions. L’entreprise est présente dans six pays et compte 250 salariés répartis entre Paris, New York (à Brooklyn) et Bordeaux. Au-delà de la réussite chiffrée, il y a l’envie de respecter « notre coeur de métier : la curation permanente sur la qualité. On se positionne comme un tiers de confiance pour le consommateur », assure Thibaud. Aujourd’hui, une usine candidate sur deux est recalée car elle ne répond pas aux standards de qualité BackMarket. Grâce à cette curation qualitative, le taux de retour est divisé par deux par rapport au début. Il est de 5 %, c’est l’équivalent à celui des produits neufs. Acheter du reconditionné n’est plus risqué... et ravit votre conscience écologique.
UNE PHILOSOPHIE L’IMPACT POSITIF
« On ne voulait pas faire du business juste pour faire du business. Notre volonté commune était aussi d’avoir un impact positif sur notre société. L’objectif est donc de prolonger le plus possible la vie des produits électroniques composés de métaux rares et dont les ressources sont finies. On produit trop et on ne gère pas l’après-vie. » L’e-waste (les déchets électroniques, ndlr) représente ainsi 50 millions de tonnes de déchets par an dans le monde, selon l’ONU. Depuis son lancement, BackMarket, qui incite au recyclage en rachetant nos accessoires hightech pour éviter qu’ils ne terminent à la poubelle mais aussi pour alimenter ses usines de reconditionnement, a contribué à alléger la note de 1500 tonnes de déchets grâce à la revente de produits reconditionnés. En 2017, chaque Français produisait en moyenne 21 kg par an de DEEE (déchets d’équipements électroniques et électriques), situant ainsi la France au 6e rang mondial devant les États-Unis, pour une population cinq fois inférieure. Notion motrice de cette entreprise, la conscience écologique est au coeur des discussions lors de la réunion hebdomadaire du lundi : « Comme toute entreprise, nous observons les indicateurs business. Mais on porte autant d’importance à la quantité de déchets sauvés. Notre business a un impact environnemental positif. Plus nous vendons de produit, plus l’impact est positif... c’est un cercle vertueux. »