GQ (France)

La faute à Cucul-pidon ?

On le sait tous : l’amour peut rendre aveugle. Au danger, à la dépense, au ridicule... Oui mais ne serait-ce pas ça, aussi, l’audace ? La preuve en trois situations.

-

UNE ÉCHARPE SUR YOUTUBE Lucien, 27 ans, ingénieur

« En 2013, ma copine avait une écharpe un peu miteuse. J’ai donc acheté deux pelotes de laine bleue et une paire d’aiguilles à la mercerie où allait ma mère, et j’ai appris à tricoter sur YouTube. J’étais en prépa à l’époque, alors c’était un peu chaud car ça me prenait beaucoup de temps. Je tricotais en révisant mes cours, dans le bus, dans le train... Ça m’a pris deux mois, je crois. Dix ans après, elle la porte encore parfois ! »

UNE ESCALE À KIEV Baptiste, 26 ans, ingénieur

« En décembre dernier, j’étais en Inde depuis un mois et demi, en mode gros sac à dos. Je devais rentrer en France mais je n’avais pas de billet retour. De son côté, Zoé, la fille dont je suis tombé amoureux l’été précédent, s’était installée à Kiev et n’arrêtait pas de me dire que je lui manquais. Du coup, j’ai envoyé un message à sa coloc : serait-elle disponible pour me donner les clés si je débarquais dans l’après-midi ? Arrivé en Ukraine, je galère à traverser la ville avec mon sac de 15 kg, sans compter le choc thermique dû aux

30 °C d’écart avec l’Inde. Mais j’arrive à récupérer les clés auprès de la coloc

(qui m’avait un peu oublié) et j’attends dans l’appartemen­t, caché dans la chambre de Zoé. Elle et moi, on a un délire sur le Toblerone donc j’en mets un juste derrière la porte, puis un autre devant sa chambre. On a aussi un truc avec Calvin et Hobbes : on annote chaque saynète de la BD qui nous fait penser à nous. Je trouve une page où le petit garçon entre dans sa chambre et se fait surprendre par son tigre qui l’attaque. Je mets des indices : « Qui a amené le Toblerone ? » Je l’appelle et je la chauffe grave au téléphone, comme si de rien n’était. Puis quand je l’entends arriver dans l’escalier, je fais mine de devoir raccrocher. Elle rentre dans la chambre et me voit à moitié nu sur son lit. Elle a passé dix minutes à me palper pour voir si j’étais bien réel... et puis ça a joyeusemen­t dérapé. »

UN PIQUE-NIQUE SUR UN TOIT Marina, 35 ans, graphiste

« J’avais 26 ans, j’étais avec mon copain depuis deux ou trois mois et j’étais déjà folle de lui. Or je venais d’emménager en coloc dans un appartemen­t parisien typiquemen­t haussmanni­en, avec toit en plaques de zinc auquel on pouvait accéder par une échelle. Un soir, je l’ai invité à dîner à la maison. J’avais préparé les antipasti dont j’ai le secret, des bougies, une bouteille de vin, et quand il est arrivé, je lui ai dit : “On ne va pas dîner dans l’appart, mais sur l’appart.” Je l’ai emmené sur les toits, où on a dîné avec une vue imprenable sur tout Paris, et surtout sur l’enseigne lumineuse de ce bon vieux Tati. C’était magique et il était ravi. Et moi, je n’arrêtais pas de me dire : “Mais qu’est-ce que j’ai fait, c’est dangereux ! Ce mec dont je suis folle amoureuse risque de tomber et de crever à cause d’un pique-nique à la con…” »

Newspapers in French

Newspapers from France