CE QUE JE SAIS...
Nommé directeur artistique de Lanvin en 2019, le créateur marseillais de 32 ans redonne une seconde jeunesse à cette prestigieuse maison.
Par Bruno Sialelli, le directeur artistique de Lanvin.
IL FAUT FAIRE COÏNCIDER LES VISIONS DE CHACUN
« Ce que j’ai toujours proposé aux marques avec lesquelles j’ai travaillé, c’est de leur soumettre une lecture personnelle de leur univers. Je n’aborde que des sujets qui résonnent avec ma personnalité, et avec l’ADN de la maison pour laquelle je collabore, bien sûr. Il s’agit de partager une idée qui me semble significative pour l’identité de la marque et qui, en même temps, me parle. Sinon, comment la traiter ? »
LA MODE, C’EST VRAIMENT TOUT UN CINÉMA
« Les films m’aident énormément dans ma démarche créative. Par exemple, j’aurais tendance à dire “j’habille Nicole Kidman comme dans Eyes Wide Shut”, plutôt que “j’habille Nicole Kidman”. En fait, c’est mon processus, je pense souvent à des personnages fictionnels qui m’inspirent puis je tente de recontextualiser en ciblant un public bien réel, lui, mais qui cherche à s’habiller dans une version “filmique” de lui-même. »
UNE ÉQUIPE, ÇA SE NOURRIT !
« Le plus dur pour moi, et en même temps le plus excitant, c’est de démarrer une journée en me disant : “Vais-je réussir à créer des conversations, lancer des idées et raconter des histoires qui vont élever les autres, les nourrir et les aider à faire leur travail en toute intégrité, avec désir et plaisir ?” C’est le plus important. »
IL FAUT TOUJOURS GARDER SON TEEN SPIRIT...
« Je pense qu’on est toujours un peu influencé par l’époque où on avait 15 ans. À l’adolescence, on n’a pas encore de certitudes sur ce qu’on va faire plus tard et c’est là qu’on est le plus exposé aux influences du moment. L’impact est très fort et c’est ce qu’on aime le mieux raconter par la suite. C’est quelque chose qui m’a marqué, qui m’obsède : comment je peux retraduire cette émotion avec un regard personnel ? »
... ET NE JAMAIS OUBLIER D’OÙ L’ON VIENT
« J’ai grandi à la Cité Radieuse de Marseille et je pense que ça m’a affecté. Ça a façonné mon regard. Cette architecture, ce lifestyle m’ont ouvert à des univers différents. C’est particulier pour une famille de décider de vivre et d’éduquer ses enfants au Corbusier, parce qu’on y vit en communauté. Quand on est petit, on n’intellectualise rien, ou alors d’une manière très naïve. Aujourd’hui, je réalise que ça a été une enfance différente. C’était génial parce que j’avais beaucoup d’amis, il y avait énormément d’activités et puis on vivait en huis clos. Si j’allais chez ma grand-mère, qui habitait dans un immeuble Vauban, je ne comprenais pas comment elle vivait : je me demandais où était la piscine, où était le cinéma. À la Cité Radieuse, c’était vraiment une vie qui permettait aux enfants de s’ouvrir et d’être stimulés par des choses différentes. »